le
patriote n° 1071 du 26/03/03
POLITIQUE
Interview
Zakaria Koné (Chef des opérations militaires du MPCI à Vavoua) :
"Je ne désarme pas tant que Gbagbo est au pouvoir"
Dans le bush de Vavoua sous contrôle du
MPCI, on le présente comme un chef de guerre aux pouvoirs mystiques. Un
soldat au cœur de... pierre. Depuis le début de la crise qui secoue la
Côte d'Ivoire, Koné Zakaria (c'est de lui qu'il s'agit) traîne
derrière lui une légende de conquistador où le surnaturel se mêle à
un réalisme décapitant. Sanguinaire ? Egorgeur ? Indiscipliné ?
Professionnel de coup d'Etat ? Le "guerrier au couteau" se
dévoile sous les fourches caudines de "Le Patriote" tout en
évoquant quelques pages sombres de l'histoire mouvementée de la Côte
d'Ivoire : la guerre sous tous ses contours.
• Le Patriote : On entend dire depuis
l'éclatement de la crise que Koné Zakaria est un Burkinabé, né à
Vavoua. Qui êtes-vous ?
- Koné Zakaria : Je m'appelle Koné Zacharia, chef de guerre du MPCI à
Vavoua. Je suis un Ivoirien. Mon père et ma mère ne connaissent pas le
Burkina Faso. Je suis d'origine odienneka, plus précisément de
l'ethnie "nawoloka". Je suis né à Séguélon, dans mon
propre village.
• L. P. : Vous avez appartenu à l'armée ivoirienne. Dans quelle
unité avez-vous servi ?
- K. Z. : De 1990 à 1992, j'ai servi au premier Bataillon d'Akouédo.
J'étais en ce temps-là, le premier garde du corps du Général Mathias
Doué. Lorsqu'il y a eu le problème Guéi-Doué Mathias, le Général
Doué Mathias a eu la vie sauve grâce à moi. En effet, un conflit
s'est déclenché entre les deux hommes. Et Guéi a essayé d'abattre
Doué avec son pistolet. Lorsque le Général Guéi a dégainé son arme
et tiré sur le Général Doué, n'eût été mon intervention, ce
dernier serait déjà mort. Le Général Doué peut témoigner. Il est
encore en vie. Après la mission de garde de corps du Général Doué,
j'ai été affecté à Korhogo, à la quatrième Région militaire où
j'étais un agent des renseignements militaires. A Korhogo, lorsque j'y
étais, il y a eu une histoire de coup d'Etat qui a opposé en 1995, le
Président de la République d'alors, M. Henri Konan Bédié à
l'ex-Chef d'Etat-Major, le Général Robert Guéi, paix à son âme.
J'ai été cité comme complice du Général Guéi. Heureusement pour
moi, comme j'étais aux Renseignements militaires, je n'ai pas été mis
aux arrêts. Dans l'armée, c'est vrai, j'ai eu beaucoup de problèmes
avec certains de mes supérieurs comme le Colonel Faizan Bi. Il est
encore vivant, il peut l'attester. Et aussi avec le Colonel Gléhi,
actuel Chef d'Etat-Major particulier de Laurent Gbagbo. J'étais l'homme
fort du Colonel Gléhi. C'est grâce à moi qu'il est ce qu'il est
aujourd'hui. Malheureusement, il m'a trahi.
Un jour, entre 1995-1996 (il insiste pour que nous écrivions ces propos
qui suivent, ndlr), j'ai dit au Colonel que j'avais envie de faire un
coup d'Etat. Il m'a répondu : "Mais Zakaria, qu'est-ce que tu me
racontes-là ? " Je lui ai dit que ce n'était pas de la
plaisanterie. Et que si le coup marchait, je le porterais à la
Présidence de la République. Il a ri. Puis, il m'a demandé si je
n'avais pas peur. J'ai dit non. Je lui ai tracé mon plan. J'avais
prévu de faire le coup avec mes dozos ( chasseurs traditionnels, ndlr).
Je lui ai fait savoir que je pouvais prendre la poudrière d'Abidjan
sans problème. Malheureusement, il a eu peur. En 1997, j'ai eu maille
à partir avec le Colonel Faizan Bi à cause de Gléhi. Le Colonel
Faizan Bi a porté plainte contre moi au Tribunal militaire. En ce
temps-là, le Chef d'Etat-Major était feu le vice-Amiral, Timité
Lassana. Avec le Général Tauthui Marius, ils m'ont demandé d'aller à
la Marine. Ce que j'ai refusé. Ils m'ont demandé de faire des
propositions. Je leur ai dit que je voulais être muté au deuxième
Bataillon à Daloa. Le Chef d'Etat-Major, Timité, m'a dit que là-bas,
je risquais d'avoir aussi des problèmes avec Kouakou Nicolas. Je lui ai
répondu qu'il n'y aurait pas de problème et qu'on allait s'entendre,
lui et moi. C'est ainsi que j'ai été affecté à Daloa. J'y ai trouvé
le Colonel Bombet Denis. Chaque fois que lui et moi nous nous
retrouvions, on ne parlait que de coup d'Etat. Je lui ai rétorqué que
je ne pouvais pas faire un coup d'Etat pour installer quelqu'un que je
ne connaissais pas. Mais, que je savais une seule chose : tôt ou tard,
le Président Bédié finirait par tomber. Je le lui ai dit. (...)
C'est le Colonel Gléhi qui a informé le Général Robert Guéi que je
serais en train de préparer un coup d'Etat avec les dozos pour le faire
partir du pouvoir. Pour toute réaction, le Général Robert Guéi a
demandé à mes frères d'armes, "La Grenade" paix à son âme
(le Sergent-chef Diomandé Souleymane, ex-membre du GSPR, assassiné à
la suite du complot du cheval blanc, ndlr), Chérif Ousmane (actuel
Commandant adjoint des Opérations militaires du MPCI à Bouaké, ndlr)
et autres, de m'arrêter et au besoin, d'ouvrir le feu sur moi s'ils me
voyaient. Après m'avoir cherché partout, ils ont réussi à mettre la
main sur moi un lundi. Ils m'ont envoyé au Commandement supérieur de
la Gendarmerie. Après, le Commissaire du gouvernement, le Commandant
Ange Kessi m'a fait transférer à la Maison d'arrêt militaire
d'Abidjan (MAMA), puis écrouer à la poudrière du camp d'Akouédo.
J'avoue que j'ai été trimbalé dans pas mal de cellules. Lorsque j'ai
réalisé que ma vie était vraiment menacée, j'ai dit au Colonel
Gléhi que je n'avais plus envie de servir dans l'armée et que je
voulais démissionner. Il m'a dit que si je voulais démissionner, c'est
que j'avais quelque chose derrière la tête. Je lui ai répondu qu'il
se trompait. J'ai demandé à être affecté partout ailleurs, sauf à
Abidjan. Il a accédé à ma demande et il m'a fait muter au deuxième
Bataillon. C'est lorsque j'étais en service au deuxième Bataillon que
le Général Robert Guéi a perdu le pouvoir.
"Désarmer Zakaria tant que Gbagbo
est au pouvoir, je ne pense pas"
L.P : Aviez-vous des contacts avec les
autorités politiques du nouveau régime ?
K.Z : Un jour, j'étais en permission à Korhogo lorsqu'on m'a appelé
sur mon portable. Lorsque j'ai décroché, c'était l'ex-ministre de
l'Intérieur, Emile Boga Doudou, paix à son âme. Il m'a demandé de
venir d'urgence à Abidjan. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas
répondre à une telle invitation. Je lui ai dit d'informer d'abord mon
chef de corps, le Colonel Tiémoko Auguste à Daloa. Après qu'il eut
satisfait cette exigence, mon chef de corps m'a donné l'ordre de
rentrer sur Abidjan pour répondre à la convocation. Quand je suis venu
voir Boga Doudou, il m'a reçu en compagnie du Commissaire Gnahoua de la
Sûreté Nationale. Il peut vous le confirmer. Nous avons discuté. Ils
m'ont dit que les dozos voulaient se rebeller contre l'armée. J'ai donc
usé de mes relations dans le milieu des dozos pour calmer les uns et
les autres. Ce jour-là, le ministre Boga Doudou m'a remis trois cent
mille francs (300 000 F CFA) comme mon "prix de café".
Lorsque le Colonel Gléhi a appris cela, il a appelé le ministre Boga
Doudou pour lui dire de ne pas travailler avec moi et que j'allais le
tuer. Il lui a dit que j'étais une mauvaise compagnie. Que je n'étais
pas un bon type. Après cette fumisterie, les gens cherchaient à
m'arrêter. Le jour où il y a eu le problème de la "Mercedes
noire" dans la nuit du 7 au 8 janvier 2001, je me suis senti visé
alors que je n'étais même pas au courant de quoi que ce soit. Je me
suis dit que si je restais en Côte d'Ivoire, j'allais perdre ma vie
pour rien. Alors, j'ai décidé d'aller en exil. J'ai alors pris la
route à bord d'un camion pour le Ghana. D'Accra, je me suis retrouvé
à Bruxelles (Belgique) puis à Londres (Grande-Bretagne). J'ai parcouru
plusieurs pays. Cependant, j'étais toujours en contact avec mes amis.
Malgré cela, j'ai décidé de rentrer chez moi au pays. Chaque deux ou
trois mois, je rentrais à Abidjan et j'en repartais jusqu'à ce qu'on
prenne Bouaké.
• L. P. : Vous arriviez à Abidjan alors que vous êtes recherché.
Est-ce que vos pouvoirs mystiques dont on parle vous aidaient ?
- K. Z. : Non. Mais je vous dis que si je veux rentrer à Abidjan
aujourd'hui, je rentrerai sans problème. C'est parce que je ne peux pas
faire le combat seul à Abidjan que je campe encore sur mes positions. A
Vavoua où je suis, je ne m'empêche pas d'aller tous les deux ou trois
jours à Daloa pour me rendre compte de ce qui se prépare de ce
côté-là. D'ici, je fais des missions régulières à Abidjan.
Aujourd'hui, je suis à même de vous dire ce qui se prépare à
Abidjan. Je suis au courant de tout. C'est parce que le temps de Dieu
n'est pas encore arrivé que nous laissons le temps à Gbagbo de faire
ce qu'il veut. Je peux être aujourd'hui, quel que soit l'endroit où tu
te trouves, en face de toi pour causer et revenir sans problème.
• L. P. : Nous avons appris que vous auriez eu ces pouvoirs de la part
de grands maîtres dozos de la sous-région.
- Z.K : Mon pouvoir est naturel. C'est Dieu qui me l'a donné. Ce
pouvoir ne s'achète pas. Mon pouvoir, c'est "Dieu donné".
Demandez au Colonel Gléhi et à bien d'autres Officiers, ils peuvent
l'attester.
• L.P. : Qui vous avait demandé de travailler avec les dozos et
quelles étaient les missions qui vous avaient été confiées?
- Z.K. : C'est le pouvoir qui me l'a demandé. Ceci, pour éviter que
les dozos s'organisent pour attaquer un jour l'armée. Car, j'étais un
homme écouté par eux. J'ai été initié en 1982. J'étais aussi
guérisseur. Beaucoup de mes amis le savent. Il y a certaines personnes
comme le Colonel Glehi pour qui j'ai travaillé (mystiquement parlant).
Si aujourd'hui je veux le détruire, je pourrais le faire à la minute.
Mais, je lui pardonne. Car, je ne le rends pas responsable de tous ses
agissements.
• L.P. : Vous êtes devenu l'un des chefs de la rébellion, on vous a
vu prendre Vavoua mais aussi Daloa. Comment cela s'est-il passé ?
- Z.K. : J'ai demandé à mes hommes de se retirer de Daloa à cause des
nombreuses vies humaines qui étaient en jeu. Je voulais préserver les
vies des populations civiles que les hommes de Gbagbo qui ont investi la
ville après moi n'ont pas préservées. Sinon, j'ai passé deux jours
à Daloa avant de quitter la ville. Aujourd'hui, si je veux prendre
Daloa, je suis capable. Mais, je respecte l'engagement que nous avons
pris vis-à-vis du monde entier en signant un cessez-le-feu. C'est
d'ailleurs ce qui me retient. Sinon pour prendre Daloa, c'est une
question d'heures. Pour l'instant, je regarde la diplomatie faire son
travail d'abord.
• L.P. : Comment s'est opéré le charnier de Monoko-Zohi, une
localité qui était sous votre commandement ?
- Z. K : C'est vrai, Vavoua est sous mon contrôle. Mais, la région de
Vavoua est tellement vaste que nous ne connaissions pas très bien les
confins. Lorsqu'il y a eu les tueries à Monoko-Zohi, les populations
ont fui pour venir prévenir mes hommes à Pélézi. C'est en ce moment
que nous avons déployé une équipe pour aller constater la
matérialité des faits. Devant l'horreur, mes hommes et moi, nous avons
tous coulé les larmes. D'abord, je n'ai pas cru aux rapports de mes
hommes sur le massacre de Monoko-Zohi. En me rendant à Monoko-Zohi,
j'ai rencontré une patrouille des forces françaises à qui j'ai
demandé de m'accompagner sur les lieux du sinistre pour constater de
visu ce que les hommes de Gbagbo ont fait.
• L. P. : Le charnier était composé de combien de corps ?
- K. Z. : Près de cent cadavres. Je n'ai pas pu compter. Mais je vous
assure que c'était monstrueux.
• L. P. : Il y a un processus politique aujourd'hui qui est engagé et
qui a conduit à une cessation des hostilités. Etes-vous pour ce
processus ?
- K. Z. : Moi, je suis un soldat. Je reste toujours sur mes gardes. Les
politiciens n'ont qu'à faire leur travail. Le monde entier sait que
Laurent Gbagbo ne respecte pas sa parole. Il change du jour au
lendemain. Dès qu'il accepte une situation, il prépare la riposte.
Actuellement, il a recruté des soldats libériens avec la complicité
du Colonel Bombet. Un de nos frères d'armes, le Sergent Oulaï se
trouve aujourd'hui à l'Ouest avec les Libériens. Ils font n'importe
quoi dans cette zone. Le Sergent Oulaï et ses hommes massacrent les
innocents. C'est un coup monté par le Colonel Bombet. Tant que Gbagbo
s'adonne à ces pratiques, moi je ne peux que rester sur mes gardes. Si
les hostilités se déclenchent, je vous donne seulement trois jours et
je suis à Abidjan avec mes hommes.
• L. P. : Mais, il y a les soldats français et ceux de la CEDEAO qui
sont présents et qui garantissent la ligne de cessez-le-feu.
- K. Z. : Je prends le monde entier à témoin. Si Laurent Gbagbo
continue ses massacres sur les populations de l'Ouest, je serai à
Abidjan pour en découdre avec lui. Je vais outrepasser toutes les
forces qui s'interposeront entre nous, que ce soient les forces de l'ECOFORCE
ou les Français.
• L. P. : Vous violeriez le cessez-le-feu alors.
- K. Z. : C'est clair. Je suis garant de tout ce qui va se passer. Le
jour où Gbagbo attaquera l'un de nos fronts, il verra ce jour-là si je
suis armé ou pas.
• L. P. : Malgré les avions de combat et les MI 24 dont dispose
l'armée loyaliste ?
- K. Z. : Cela fait combien de fois qu'ils m'attaquent avec des
hélicoptères ? C'est parce que je ne l'ai pas bien pilonné. Sinon,
j'ai du matériel pour ça. Je vous le dis : A vingt kilomètres, je
suis capable d'abattre ces avions. Qu'il viennent à Vavoua et on verra.
J'ai été déjà attaqué avec deux hélicoptères, six chars et des
mercenaires de Gbagbo. Ils n'ont rien pu. Dieu m'a demandé de lui
renvoyer quelques-uns de ses mercenaires pour qu'ils aillent raconter à
Gbagbo ce qu'ils ont vécu durant l'attaque de mes bases.
• L. P. : Vous parlez de beaucoup de matériels, on est un peu
surpris. Comment vous vous êtes procuré ce matériel?
- K. Z. : C'est avec les hommes de Gbagbo. Lorsqu'il achète des armes
pour ses soldats, je les leur arrache. S'il continue d'acheter les
armes, je vais toujours les lui arracher
• L. P. : N'avez-vous pas le soutien de pays voisins ?
- K. Z. : Non.
• L. P. : Le Burkina ?
- K. Z. : Non plus. j'ai eu une partie du matériel quand Guéi Robert
était encore au pouvoir. Il y avait des armes qui provenaient de la
Chine et de l'Afrique du Sud. Je les ai bloquées et cachées. Sinon, il
est archi-faux de dire qu'il y a un quelconque pays qui nous soutient.
• L. P. : Pour en revenir au processus politique, il est prévu que
vous soyez désarmés et cantonnés. Que pensez-vous de cette décision
?
- K. Z. : Ceux qui pensent nous désarmer avant les prochaines
élections se trompent. Tant que Gbagbo sera au pouvoir, je ne vois pas
quel garçon viendra nous désarmer.
• L. P. : A Marcoussis, vous avez pourtant signé un document dans ce
sens. Allez-vous le remettre en cause ?
- K. Z. : Oui. Qu'on mette tout au clair avant de désarmer qui que ce
soit.
• L. P. : L'armée gouvernementale a dit qu'elle ne sera pas
désarmée parce qu'elle est loyaliste.
- K. Z. : Il n'y a pas d'armée loyaliste. Moi, je suis militaire. Donc,
il est hors de question de me désarmer. Si on ne désarme pas ces
gens-là, personne ne prétendra nous désarmer.
• L. P. : Il faut donc craindre un blocage du processus ?
- K. Z. : C'est clair.
• L. P. : Vos chefs politiques se sont cependant engagés à
Marcoussis.
- K. Z. : C'est vrai. Mais l'accord de Marcoussis est un tout. Gbagbo
veut appliquer les points qui sont à son avantage. Si nos responsables
politiques le suivent, c'est leur problème. Cela n'engage qu'eux. Moi,
j'ai les armes. Ce qu'ils disent n'engagent qu'eux. Désarmer Zakaria
tant que Gbagbo est au pouvoir, je ne pense pas.
• L. P. : Vous serez seul ou avec tous les autres chefs militaires ?
- K. Z. : Il s'agit de tous les chefs militaires parce que Zakaria seul
ne fait pas le MPCI. Tant que tout n'est pas mis au clair, nous ne
désarmerons pas.
• L. P. : Au MPCI, on parle d'une division entre vous. Et récemment,
vous-même aviez dit que Soro Guillaume n'était pas le vrai chef du
MPCI.
- K. Z. : Il n'y a pas de division au sein du MPCI. Le Mouvement est
toujours sur les principes de départ qui sont la démocratie en Cote
d'Ivoire et l'abandon de la politique d'exclusion et du tribalisme. Ce
sont les journalistes, en faisant leur travail qui voient une quelconque
division. Sinon, tout va au mieux. Nous nous entendons parfaitement. Au
MPCI, chacun connaît sa place. Soro Guillaume n'a jamais soutenu qu'il
était le Président du MPCI. Vous le savez.
• L. P. : Qui est le Président du MPCI ?
- K. Z. : Vous allez le connaître avec le temps.
• L. P. : Un militaire ou un civil?
- K. Z. : Vous les journalistes, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Je
ne peux vous en dire plus.
• L. P. : Il y a aujourd'hui sur les lignes du cessez-le-feu, les
troupes françaises et celles de la CEDEAO. Comment sont vos relations
avec ces troupes étrangères ?
- K. Z. : Je pense qu'il n'y a aucun problème avec eux. Ils sont là
pour une mission bien précise. Si nous les belligérants, on s'entend,
cela facilitera leur mission. Mais si on ne s'entend pas, ils ne peuvent
pas faire autrement. Parce qu'ils ne peuvent pas quitter leur pays pour
venir en Cote d'Ivoire, tuer des Ivoiriens. Dans tous les pays, il y a
des problèmes. Ceux qui sont venus observer la ligne de
non-franchissement, connaissent des problèmes dans leurs pays. Donc, ma
foi, ce sont de grands garçons. Celui qui vient jouer les inconscients
va perdre sa vie.
• L. P. : Avec le MPIGO et le MJP aujourd'hui, le MPCI forme les
Forces nouvelles. Depuis un moment à l'Ouest, il y a beaucoup
d'exactions. Pourquoi ne ramenez vous pas la paix dans la zone ?
- K. Z. : Il faut demander à Gbagbo de dire au Colonel Bombet de
retirer ses troupes de l'Ouest. A l'heure où je vous parle, il y a des
Libériens à l'Etat-Major des armées. Si vous ne me croyez pas, allez
vérifier.
• L. P. : Qu'y font-ils ?
- K. Z. : Pour aller bien sûr attaquer l'Ouest.
• L. P. : On suppose que le processus de réconciliation avance, le
gouvernement se met en place. Au cas où la situation se normaliserait,
que va faire Koné Zakaria ? Va-t-il retourner dans la vie civile où
va-t-il continuer à servir dans l'armée ?
- K. Z. : Mon souci majeur, c'est la liberté des populations
ivoiriennes. Une fois que des maux comme l'exclusion, la xénophobie,
les délits de patronymes ou de faciès seront bannis à jamais en Côte
d'Ivoire, mon combat serait alors terminé.
• L. P. : Depuis 1999, qu'est ce qui vous poussait à vouloir coûte
que coûte fomenter un coup d'Etat ?
- K. Z. : C'est parce que le système politique mis en place ne me
plaisait pas. J'étais mal à l'aise au vu des nombreuses exactions dont
une partie de la population ivoirienne et d'origine étrangère était
l'objet. Je voudrais que tous les enfants ivoiriens se sentent libres
chez eux, égaux devant la loi.
• L. P. : Vous avez en 1999 fait le coup d'Etat avec le Général
Robert Guéi. Qu'est-ce qui n'a pas marché pour qu'on constate par la
suite de nombreux dérapages ?
- K. Z. : Robert Guéi était assoiffé de pouvoir. Il s'est donc fait
facilement avoir. Il n'a pas respecté les engagements qu'on avait pris.
Robert Guéi a été donc pris dans son propre piège. C'était pour
éviter la situation actuelle que nous vivons, qu'il y a eu le coup d'Etat
de 1999.
• L. P. : Lui faisiez-vous confiance au moment où vous l'aviez
appelé pour diriger l'Etat?
- K. Z. : Il y a certaines personnes qui lui faisaient confiance. Moi
personnellement, je ne lui faisais pas confiance.
• L. P. : Vous l'aviez accepté tout de même.
- K. Z. : Oui ! C'est bien parce que des amis avaient placé en lui une
certaine confiance que je me suis plié à leurs souhaits. Pour finir,
ils m'ont tous donné raison. J'avais prédit la chute de Guéi et il
est tombé. Le Colonel Gléhi peut attester cette prédiction. Je lui ai
aussi dit que Gbagbo allait prendre le pouvoir, mais qu'il tomberait lui
aussi avant la fin de son mandat.
• L. P. : Que s'est-il réellement passé dans la nuit des 17 et 18
septembre 2000 à la résidence du Général Guéi ? Eclairez-nous sur
ce flou.
- K. Z. : J'étais encore en prison. Je ne peux rien vous dire d'autre.
• L. P. : Vous n'étiez donc pas mêlé à cette affaire.
- K. Z. : Je vous dis que j'étais en prison. Donc, je ne pouvais pas
être mêlé à cette histoire.
• L. P. : Vous aviez dit que le Général Robert Guéi avait envoyé
des hommes vous arrêter, au nombre desquels, Chérif Ousmane.
Aujourd'hui, vous combattez dans le même camp. Quels sont vos rapports?
- K. Z. : Chérif Ousmane, je vous assure que c'est mon frère. C'est
même mon frère jumeau. Quand nous étions en exil, nous étions des
frères. Lors des évènements de 2000, C'est un militaire qui
obéissait aux ordres. A sa place, j'aurais aussi obéi.
• L. P. : On vous dit très proche du Sergent Chef Ibrahim Coulibaly (IB).
Où est la vérité ?
- K. Z. : IB, c'est mon frère. Il m'a beaucoup aidé.
• L. P. : Avez-vous des relations actuellement ?
- K. Z. : IB est libre de m'appeler comme je peux aussi l'appeler. C'est
mon grand frère. Ce n'est pas la situation actuelle qui fera que je ne
le reconnaîtrais pas. IB est Ivoirien tout comme vous. Tout Ivoirien,
sans distinction d'ethnie et de religion, est mon frère. C'est ainsi
que moi je vois les choses.
• L. P. Il est dit qu'il est le véritable chef des opérations
militaires du MPCI.
- K. Z. : Demandez très bien à ceux qui vous tiennent de tels propos.
Je ne pourrais vous donner des explications sur ces allégations
mensongères.
• L. P. : Pour vous, la crise actuelle va-t-elle encore durer ou
prendra-t-elle fin politiquement ou militairement ?
- K. Z. : Pour moi, elle prendra fin militairement. Nous nous en
remettons à la volonté de Dieu.
• L. P. : La Côte d'Ivoire n'est donc pas au bout du tunnel ?
- K. Z. : Ce n'est pas sûr. Puisque Gbagbo continue de s'armer et de
préparer une milice. De mon côté, je me prépare en conséquence.
Interview réalisée par D. Al Seni
Négociation pour la participation des
rebelles au gouvernement
Deux émissaires de Seydou Diarra à Bouaké
Les deux négociateurs de Seydou Elimane
Diarra, Me Adama Camara et Alain-Richard Donwahi étaient, hier mardi 25
mars à Bouaké. Leur mission : aplanir les derniers différends entre
les représentants des Forces nouvelles et le chef de l'Exécutif
ivoirien.
Les mouvements rebelles n'ont pas fait mystère de leurs griefs envers
la manière dont s'engageait la réconciliation nationale. Ainsi ont-ils
estimé que le décret signé par Gbagbo, le lundi 10 mars 2003 qui
consacre le transfert des compétences en 16 domaines de la Présidence
de la Primature, viole l'accord de Marcoussis. Selon leur argumentation,
à Marcoussis, il a été question de délégation de pouvoirs et non
pas de délégation de compétences. La révocabilité du Premier
ministre et sa sujétion au Président, en violation des Marcoussis,
attise aussi l'ire des Forces nouvelles.
L'autre point de divergence, c'est la nomination, qui se fait attendre,
des ministres de la Défense et de l'Intérieur. Les deux émissaires du
Premier ministre de consensus ont noté que leurs interlocuteurs
étaient préoccupés par le choix de ces deux personnalités. Leur
statut et leurs coefficients personnels conditionneraient la
participation effective des ministres issus des Forces nouvelles au
gouvernement de réconciliation nationale.
Ils estiment que M. Kadet Bertin occupe irrégulièrement une fonction
dont il a été déchargé. Et que, dans cette illégalité, il pose des
actes qui sont validés par le pouvoir. Ils souhaitent la fin de cette
ambiguïté en procédant à la nomination des personnalités choisies
par consensus lors de la session du Conseil national de Sécurité, le
mardi 11 mars à Yamoussoukro.
Les émissaires de Seydou Diarra ont pris bonne note de ces
revendications et ont promis de les faire examiner diligemment par le
chef du gouvernement. Ils avaient en face d'eux, MM. Dakoury-Tabley,
Youssouf Soumahoro (MJP), Issa Diakité et l'Adjudant Antoine Beugré (MPCI).
Arrivés à 10 heures par avion, ils sont repartis à 14 heures par la
route, escortés par des soldats du contingent français. L'entretien a
duré 1 heure 40.
Ce matin, ce sont les membres du Comité international de suivi,
conduits par le Pr Albert Tevoedjré qui entreront en discussion avec
les Forces nouvelles. Après Bouaké, le représentant spécial de Kofi
Annan s'envolera pour Accra, puis Ouagadougou.
Touré Moussa
Commentaire
Violation des Accords de Marcoussis
Que fait le comité de suivi ?
A l'issue du deuxième Conseil des
ministres du jeudi 20 mars dernier, à Yamoussoukro, le Comité de Suivi
de l'accord de Marcoussis et des décisions d'Accra a publié un
communiqué. Dans ce texte rendu public samedi, le Pr. Albert
Tévoédjré et les neuf autres membres du comité, "demandent à
toutes les parties concernées par l'accord de Linas-Marcoussis de
respecter pleinement les termes dudit accord (...) et de mettre en
œuvre rapidement les recommandations adaptées d'un commun accord à la
table ronde d'Accra, le 8 mars 2003, pour accélérer la mise en place
définitive du gouvernement de réconciliation nationale".
Ce communiqué du Comité de Suivi fait suite à un autre qui avait
été publié le 05 mars 2003.
Le constat qui s'impose à la Côte d'Ivoire et à la communauté
internationale est qu'il y a blocage au niveau de l'application de
l'accord de Marcoussis.
D'où viennent les problèmes alors que les textes ont été clairement
établis et que l'ensemble des protagonistes semblent avoir accepté le
compromis politique ? Des rebelles ? De Laurent Gbagbo ou des partis
politiques ?
Au Conseil des ministres du jeudi 20 mars dernier, les rebelles étaient
absents. Les partis politiques, dans leur totalité, ont répondu à
l'appel. Soro Guillaume, Secrétaire général du MPCI, a précisé que
l'absence des mouvements rebelles était due au non-respect des
engagements pris. Ils ont clairement déploré le non-respect des
dispositions de Marcoussis sur la délégation des pouvoirs et la
reprise des combats dans les zones de l'Ouest.
En effet, au lieu de l'irrévocabilité demandée, Gbagbo n'a signé
qu'un décret conférant quelques prérogatives au Premier ministre,
Seydou Diarra. Contrairement aux accords signés à Accra, Gbagbo
continue de récuser des noms donnés par les partis politiques et les
mouvements rebelles. Mettant en avant des considérations sentimentales,
il récuse les propositions de Mme Kandia Camara et M. Dakoury Tabley.
A l'Ouest, des milices tribales revendiquées par les autorités sèment
la désolation et la mort au sein des populations civiles. Depuis, les
ministres chargés de la Défense et de la Sécurité intérieure ne
sont pas connus. Tous les partis politiques et les mouvements rebelles
se sont accordés sur le nom du Général Ouassénan Koné pour assurer
la Défense. Gbagbo oppose son veto.
Que fait le Comité de Suivi des accords, lui qui est pourtant investi
d'une confiance du Conseil de sécurité de l'ONU ? Que peuvent les
déclarations de principe et les communiqués froids que publie
Tévoédjré ? Bien plus, le Comité de Suivi des accords pourrait
donner l'impression de rouler pour le Chef de l'Etat qui a décidé de
gérer, selon ses humeurs, les accords qu'il a librement acceptés. La
résolution 1464 qui met notre pays sous tutelle internationale est en
train de voler en éclats, tant que Tévoédjré n'aura pas décidé de
taper du poing sur la table face aux tergiversations plus imputables au
Chef de l'Etat qu'aux rebelles. C'est le prix à payer pour ramener la
sécurité en Côte d'Ivoire, inévitablement en désarmant les rebelles
et les forces loyalistes.
Charles Sanga
Primature - Comité de suivi
Pas de tensions entre Seydou Diarra et Albert Tévoédjré
Y a-t-il de "vives tensions"
entre Seydou Diarra, le Premier ministre et Albert Tévoédjré, le
président du Comité de suivi des accords de Marcoussis ? Cette
information a barré la Une de notre confrère "Le Libéral"
dans sa livraison d'hier (cf Le Libéral n°1378 du mardi 25 mars 2003).
La raison desdites tensions, selon le journaliste? C'est le contenu du
décret de délégations de compétences signé par Laurent Gbagbo au
Premier ministre et qui ne serait pas conforme aux actes du protocole de
Marcoussis. "Le Libéral" écrit notamment ceci : "Le
président du Comité de Suivi a pris acte de ce que Seydou Elimane
Diarra se satisfait des brides de pouvoir que Gbagbo avait consenties,
un tant soit peu, à lui déléguer. (...) Depuis lors, les rapports
privilégiés qui liaient les deux hommes ont pris un coup
sérieux".
De fait, il est de notoriété publique que l'exécution des termes du
consensus de Linas-Marcoussis est émaillée de difficultés de toute
sorte : contenu et durée des missions du Premier ministre de
réconciliation nationale, fonctionnement du Conseil national de
sécurité, désignation des ministres de la Défense et de la
Sécurité...il y a des écueils à foison.
C'est justement pour prévenir, aplanir et régler ces difficultés que
l'idée de la création d'un Comité de Suivi sous l'égide de
l'organisation des Nations Unies a été émise dans le communiqué
final des travaux de Paris. Ce Comité de Suivi, dont Albert
Tévoédjré son président est par ailleurs le représentant spécial
du Secrétaire général de l'ONU pour la Côte d'Ivoire, joue non
seulement un rôle de surveillance de l'application de Marcoussis, mais
aussi un rôle d'appui des missions de réconciliation assignées au
nouveau gouvernement de concorde nationale.
Par souci d'efficacité, la Primature a organisé et balisé ses
rapports avec le Comité de Suivi. D'abord, le Cabinet de la Primature,
selon un Conseiller de Seydou Diarra, entretient avec le Comité de
Suivi des rapports directs. Il lui rend compte périodiquement de
l'action gouvernementale, du niveau d'application des accords de
Marcoussis, ainsi que des perspectives. "Le principe de ces
rencontres, leur convocation comme leur déroulement n'a jamais donné
lieu à la moindre difficulté", précise-t-on dans l'entourage
d'Albert Tévoédjré.
Ensuite, personnellement, Seydou Diarra a des consultations régulières
avec Albert Tévoédjré. Le Premier ministre et le représentant
spécial de Kofi Annan "ont des contacts formels et informels pour
aider à faire avancer la situation dans le bon sens. Et leur relation
sont au beau fixe", indiquent des technocrates des deux bords.
Enfin, pour bien profiter de l'appui d'Albert Tévoédjré, Seydou
Diarra s'est choisi un Conseiller spécialement détaché de la
Primature auprès du Comité de Suivi. Ce Conseiller, un juriste reconnu
sur la place d'Abidjan, a pour mission de faire le pont non seulement
entre les deux institutions, mais tenir une bonne qualité de relation,
suffisamment fluide pour anticiper ou gérer les crises qui menacent le
processus de paix.
A la Primature, on est soucieux de lever des équivoques et on explique
: "Le Premier ministre n'est pas le régulateur des accords de
Marcoussis. Il n'a pas les moyens, ni les pouvoirs pour évaluer les
actes que posent chacune des parties. C'est aux parties elles-mêmes et
au Comité de Suivi qu'il revient de se prononcer sur la conformité ou
non des actes aux accords de Marcoussis".
Quoi qu'il en soit dans les deux camps, tout le monde rassure : "Au
plan institutionnel et au plan privé, les relations entre le Premier
ministre, son cabinet, le Comité de Suivi et son président sont
parfaites". Nous en prenons acte. Reste cependant à savoir si ce
tandem parvient à imposer dans les faits "l'esprit et la
lettre" de Marcoussis au chef de l'Etat
Méité Sindou
SOCIETE
Court-circuits, incendie, baisse de tension, destructions de biens ...
Me N'Goran N'Da (Président de l'Association des consommateurs) :
"La CIE doit dédommager les victimes"
Les incendies de maisons, de marchés ou
autres sites dus à des pannes d'électricité sont de plus en plus
courants. créant des désagréments aux abandonnés. D'où l'importante
question de dédommagement des victimes par la Compagnie ivoirienne
d'électricité (CIE). Le dernier cas en date est celui survenu à
Marcory, le samedi 15 mars dernier qui a consumé dix domiciles,
laissant de nombreuses familles sans abri. A en croire le porte-parole
des victimes M. Camara Adama, l'incendie est survenu à la suite d'un
court-circuit parti d'un boîtier de la CIE installé sur la maison
d'une victime qui avoue avoir perdu beaucoup dans cet incendie.
"Tous nos biens, mon mari (à la retraite) et moi, accumulés
durant plus de vingt ans de carrière sont partis en fumée". A
côté de ce cas d'incendie il y a ceux qui ravagent les marchés de
Côte d'Ivoire provoqués par des court-circuits à cause des
installations anarchiques de fils électriques. Sans oublier les
incendies ravageurs dans de nombreux quartiers précaires d'Abidjan où
les installations électriques sont légion et à l'origine des
désastres. Et comme toujours les dégâts matériels et souvent
humaines sont énormes. Si, dans les précédents cas, la
responsabilité de la CIE semble difficile à établir, il en est
autrement avec des court-circuits ou des baisses de tension et
surtension brusques qui endommagent les appareils électro-menagers.
"J'ai perdu à la fois mon réfrigérateur et mon poste
télévision à la suite d'une baisse brusque de tension. Lorsque je me
suis rendu à l'agence CIE de mon quartier où on m'a demandé de
fournir des preuves, de guerre lasse, j'ai abandonné", témoigne
M. R. Justin, cadre dans une régie financière de la place. Comme lui,
de nombreux anonymes subissent, impuissants, les désagréments
provoqués par les pannes d'électricité. La plupart ignorent les voies
de recours pour amener la CIE à les dédommager. Beaucoup de
consommateurs estiment que la CIE, dans son cahier de charges dans le
contrat qui la lie avec l'Etat, n'a pas prévu ce cas de figure, à
savoir le dédommagement. D'autres par contre préfèrent accuser les
associations de défense des consommateurs, timorés à leurs yeux et
qui ne font rien pour les aider.
La réaction des associations de
consommateurs
Du côté des associations de
consommateurs, on balaie ces accusations des abonnés du revers de la
main et égrène les hauts faits de la structure dans la défense des
intérêts des consommateurs. Interrogé sur la question Me N'Goran N'Da
(président national des associations de consommateurs de Côte
d'Ivoire) apporte des éclaircissements. "Dans les incidents, il
faut toujours déterminer les circonstances de l'incendie. On doit
savoir si l'incendie est provoqué par une imprudence de l'utilisateurs
ou une mauvaise installation de la CIE, comme une négligence de ses
agents. Dans le cas de Marcory, nous attendons que le rapport des gens
commis pour déterminer les causes nous situe", a insisté Me N'Goran
N'Da.
Sans pouvoir confirmer ou infirmer l'existence du dédommagement dans le
cahier de charges de la CIE, Me N'Da révèle en tout cas, qu'un service
et mieux une assurance existe à cet effet à la CIE. Mais reconnaît
que les consommateurs rencontrent trop de difficultés dans leur
démarche.
Ainsi de façon récurrente, la CIE évoque le problème d'existence du
dispositif SECUREL. Pourtant, à ses yeux , "à partir du moment
où l'utilisateur dispose d'un compteur depuis belle lurette, elle
impose le dispositif SECUREL aux consommateurs avant de livrer le
compteur". Toujours est-il que lorsque les causes de l'incendie ou
du court-circuit ne sont pas contestées par la CIE, les victimes
doivent obtenir réparation. Et compte tenu des démarches à suivre,
les associations de consommateurs sont obligées selon leur responsable,
de poser les problèmes cas par cas. Les victimes obtiendront-elles
alors réparation des préjudices subis ? Le président se veut prudent,
mais estime que oui : Lorsque nous sommes saisis, nous conseillons aux
consommateurs de faire le constat par un Huissier avant d'engager la
procédure. Dans bien de cas, beaucoup nous informent qu'ils ont obtenu
gain de cause et d'autres ne nous donnent pas de suite.
Aussi pour Me N'Goran, le dédommagement doit être présent par le
gouvernement. Car même en l'absence d'une telle disposition dans le
cahier de charges de la CIE, sur la base du droit commun, un préjudice
causé à un tiers doit réparé. Surtout lorsqu'il s'agit de fourniture
de biens ou prestations de service. Ce vide juridique d'ailleurs est en
passe d'être comblé. Car dans quelques jours se tiendra à Vienne
(Autriche) un Sommet des consommateurs qui dotera la zone OHADA d'un
Code de consommation. Celui-ci va définir les droits des consommateurs,
comme dans les cas d'une prestation de service onéreuse. Muni de cet
instrument, le président de la Fédération des consommateurs pense
désormais gérer pour le mieux, les rapports entre les consommateurs et
les prestataires de service.
Mamadou Doumbes
Ministère de l'Enseignement supérieur
Zémogo Fofana revient
Le ministre de l'Enseignement supérieur,
M. Zémogo Fofana, a pris fonction hier mardi 25 mars. La passation de
charge entre lui et Roger Gnohité, ancien ministre délégué, chargé
de la Recherche scientifique qui assurant l'intérim de Zémogo à
l'Enseignement supérieur après sa démission, a eu lieu à la salle de
conférence dudit ministère. C'est donc à juste titre que Roger
Gnohité a déclaré que son "grand frère" Zémogo ne venait
pas dans un milieu inconnu, mais qu'il retournait à la maison. L'ancien
ministre délégué a fait un exposé succinct des activités de son
ministère avant de transmettre à Zémogo Fofana, les documents qui, en
réalité, ne lui sont pas étrangers. A son tour, le ministre Zémogo a
eu un mot pour chacun. Il a tenu à remercier son "jeune frère
Roger Gnohité pour le travail accompli". A l'endroit du personnel
du ministère, le ministre de l'Enseignement supérieur a tenu ces
propos : "Vous êtes des hommes et des femmes compétents et
infatigables à la tâche. Mais pour mener à bien la mission de
réconciliation nationale, il nous faudra tous redoubler d'efforts"
(...) La Côte d'Ivoire de demain, c'est-à-dire la Côte d'Ivoire
réconciliée avec elle-même, avec les autres pays de la sous-région
et du monde entier compte sur vous".
C'est dans un atmosphère détendue où les éclats de rire et les
plaisanteries ont fait bon ménage que Mme Christine Konan, Secrétaire
générale adjointe du gouvernement a mis fin à la passation de charges
entre Roger Gnohité et Zémogo Fofona, tous deux responsables du même
parti, le RDR.
Yves-M. Abiet
N'ayant pas bénéficié des indemnités
versées aux déplacés de guerre
Les formateurs de l'Enseignement technique en grève le 8 avril
C'est un lourd héritage à gérer que M.
Koffi Koffi Lazare, ex-ministre de l'Enseignement technique et de la
formation professionnelle, a laissé à son successeur, M. Soumahoro
Youssouf. En effet, Koffi Koffi Lazare, contrairement à son collègue
de l'Education nationale, n'a pas accordé aux formateurs de
l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, déplacés
de guerre, la prime de cinquante mille francs. Ainsi en attendant que M.
Soumahoro Youssouf occupe dans son fauteuil le Syndicat national des
formateurs de l'Enseignement technique et de la Formation
professionnelle (SYNAFETP-CI) a déposé sur son bureau un préavis
d'arrêt de travail de deux jours. "Suite aux échos de toutes les
démarches et négociations effectuées depuis le début de la crise que
traverse la Côte d'Ivoire, avec le ministre en charge de la formation
professionnelle et portant sur : le soutien matériel et financier à
tous les enseignants déplacés, le paiement effectif de l'indemnité de
cinquante mille francs aux déplacés redéployés au même titre que
leurs collègues de l'Education nationale. (...) Le bureau du SYNAFETP-CI
porte à votre connaissance qu'il appelle tous ses militants,
enseignants des établissements de la formation professionnelle à un
arrêt de travail d'avertissement de soixante-douze heures à compter du
lundi 8 avril à 7h au jeudi 10 avril inclus". Peut-on lire dans ce
préavis de grève adressé au ministre de la Fonction publique que,
pour l'informer de leur désir de protester contre cette mesure que
cette catégorie d'enseignants qualifie de "deux poids, deux
mesures".Les lycées et collèges techniques et professionnels du
pays, si l'on s'en tient aux résolutions de l'assemblée générale du
SYNAFETP-CI tenue le samedi 22 mars 2003 au Lycée technique d'Abidjan
et aux courriers adressés au ministre de la Fonction publique et membre
du SYNAFETP-CI (préavis de grève n°004-1/ 2003/ SYNAFETP - CI-CI/BEN/SG/
et lettre d'information aux adhérents dudit syndicat), fermeront leurs
portes dans deux semaines. A moins que le nouveau ministre veuille bien
prêter une attention particulière aux desiderata de ses
collaborateurs.
Glodé Francelin
ECONOMIE
Gouvernement de réconciliation nationale
Tapé Doh Lucien (Président de la BCC) :
"Les paysans sont prêts à travailler avec les nouveaux
ministres"
Les producteurs de café-cacao ne
s'opposent pas aux nominations de Seydou Diarra à la tête du
gouvernement et de Amadou Gon Coulibaly au ministère de l'Agriculture.
Hier au cours d'un point de presse à l'immeuble CAISTAB au Plateau, le
président de la Bourse du café et du cacao (BCC), Tapé Doh Lucien a
indiqué que ces nominations ne poseraient aucun problème aux
producteurs contrairement à ce que certains tentent de faire croire.
Parlant de Seydou Diarra, il a fait remarquer que c'est bien lui qui a
été le véritable initiateur des réformes actuelles de la filière
sous la transition militaire. "Seydou Diarra a aussi été le
Directeur commercial de la CAISTAB. Donc, il est au fait des réalités
de la filière. Nous allons l'écouter et travailler avec lui pour faire
avancer le pays", a-t-il promis. Pour Tapé Doh, après le
changement intervenu à la tête du département agricole, les
producteurs et les responsables de la filière en ont pris acte. Sans à
priori. "Amadou Gon est un intellectuel ivoirien et c'est aussi un
fils de paysans donc capable de connaître les difficultés que nous
vivons. Nous sommes tous prèts à écouter à respecter et à
travailler avec lui. Les paysans sont prêts à travailler avec les
nouveaux ministres", a-t-il soutenu.
Il s'est par ailleurs élevé contre les rumeurs faisant état de ce que
les producteurs de café-cacao seraient prêts à lâcher le président
de l'ANAPROCI et du FDPCC Henri Amouzou. Pour lui, Amouzou mérite son
poste pour avoir réussi à unir les paysans à leur offrir leur usine (SIFCA-COOP),
à leur accorder les subventions et les engrais, etc. Il a invité les
uns et les autres à oublier les querelles de personnes et à avancer.
Pour le président de la BCC et les autres responsables de la filière
s'ils cherchent à rencontrer les rebelles, c'est pour leur demander de
"laisser les armes", et leur faire comprendre que les paysans
n'ont pas donné l'argent à Gbagbo pour qu'il aille les tuer comme ils
le pensent. "Si demain c'est Alassane Ouattara ou Bédié qui est
le Président de la République confronté aux problèmes que nous
vivons aujourd'hui, nous allons faire le même geste pour qu'ils
défendent les intérêts des producteurs", a-t-il précisé. Avant
de rassurer qu'il n'y a jamais eu de fracture entre la BCC et le FRC
(Fonds de régulation du café cacao). "Nous devons tous rester
unis dans la filière", a -t-il conseillé.
D.S.
Gestion de la Transition
Les petites erreurs qui fragilisent Seydou Diarra
Après la rencontre d'Accra qui a permis
de lever d'importants obstacles à la mise en place du gouvernement de
transition, le Premier Ministre semblait satisfait. Enfin, il pourrait
s'atteler à la gestion, son domaine de prédilection. D'autant que de
l'aveu de Seydou Diarra lui-même, le chef de l'Etat lui aurait demandé
de lui laisser l'initiative de la chose politique. Le partage est donc
clair : la politique à Laurent Gbagbo et l'économie à Seydou Diarra.
Ce partage des rôles a été voulu par le premier et accepté,
visiblement, par le second. En acceptant publiquement de s'inscrire dans
cette voie tracée par le chef des Refondateurs, le Premier Ministre
envoie, à n'en point douter, un mauvais signal. Car, si l'économie est
aujourd'hui sinistrée, c'est bien parce que les différents pouvoirs
ont mené des politiques néfastes. Si les entreprises ferment, si le
pays est coupé en deux, si le chômage augmente, en définitive, si le
pays vit une économie de subsistance, c'est parce que Laurent Gbagbo et
ses prédécesseurs ont créé les conditions politiques de la crise.
Dans ces conditions, il est à craindre que le Premier ministre qui veut
donner l'image d'un technocrate se retrouve très vite cerné par un
chef de l'Etat passé maître dans l'art de la manipulation politique.
Car, faut-il le souligner, tous ceux qui s'opposent véritablement à
l'action du gouvernement de transition sont des éléments du
"puzzle" présidentiel. Convaincus que l'action politique de
leur chef n'a aucune limite malgré Marcoussis et Accra, ils sont
fondés à s'engager résolument dans la voie de la défiance face à
Seydou Diarra et son équipe. Après avoir observé un mutisme troublant
sur les graves dérives des médias d'Etat, le Premier ministre a eu
l'occasion de prendre officiellement position à l'issue du dernier
Conseil des ministres. Là encore, Seydou Diarra choisit d'envoyer un
signal négatif. En soutenant qu'il s'est adressé à la presse à la
demande du chef de l'Etat, il a tout simplement conforté dans leur
position les animateurs des médias d'Etat qui défendent leur
"Président", bec et ongles. Et qui ne sont jamais rappelés
à l'ordre par ce dernier. Ce qui ressemble fort à un soutien tacite.
En ne prenant pas les mesures correctives qui s'imposent au niveau des
médias d'Etat, Seydou Diarra se prive à l'évidence d'un levier qui
lui aurait permis de donner un signal fort à l'opinion nationale et
internationale. Pourtant, ces médias sont un vecteur puissant du
message de paix et de réconciliation qui veut faire passer. Seul ce
message peut aider à rétablir la confiance sans laquelle aucune
reconstruction, aucune relance n'est possible. A vouloir éviter à tous
prix des frictions avec le chef de l'Etat, Seydou Diarra risque de
s'installer dans une logique de concession à la chaîne et, pire, de
compromissions. Et ce sera la fin de son action.
Kesy B. Jacob
Office ivoirien des chargeurs (OIC)
Les travailleurs dénoncent la "fermeture abusive" des
entrepôts
La Direction générale du Port autonome
d'Abidjan procède actuellement à la fermeture des entrepôts de
l'Office ivoirien des chargeurs (OIC) dans le cadre d'un conflit qui
l'oppose à cette entreprise. C'est pour dénoncer cette fermeture
qu'ils qualifient "d'abusive" que les travailleurs de l'OIC
étaient face à la presse hier au siège de leur société. Les
délégués du personnel Mousso Paul, Doumé Jean-Patrick et Dembélé
Karine ont estimé que le Port d'Abidjan vient ainsi de franchir le
seuil dans le projet d'asphyxie de l'OIC. Ils ont rappelé, en effet,
que déjà depuis le 11 juin 2002, l'OIC avait été dépossédée, manu
militari, de son activité principale qui était le système de
convoyage groupé (escorté) des camions de transport desmarchandises
vers les pays sans littoral. Cette opération de fluidité routière lui
avait pourtant coûté, en investissement, plus de six cent millions de
francs cfa pour l'achat des équipements de compétence. Les recettes
liées au trafic sur l'axe inter-Etats représentaient pour l'office, 80
% du chiffre d'affaires soit huit cent millions de Fcfa dont quatre cent
vingt millions étaient consacrés au salaire des 156 employés de
l'entreprise. Avec la lourde perte de la fluidité routière, l'OIC
s'est vue, dès le 14 janvier dernier, dans l'obligation de se
débarrasser des trois quarts du personnel soit 115 personnes pour un
chômage technique de deux mois. Plus récemment encore, le 13 mars, le
chômage technique a été renouvelé pour deux mois pour les mêmes
travailleurs. L'office n'en pouvant plus, a gardé seulement trente-cinq
travailleurs sur le terrain. Ceux-ci parvenaient à survivre grâce aux
activités en entrepôt que le PAA vient de leur ravir. "Nous ne
savons pas sur quelle base juridique nous sommes dépossédés des
entrepôts. Chaque fois, c'est de façon manu militari que l'on nous
affame. Nous lançons un cri de détresse à l'endroit du nouveau
ministre des Transports Anaky Kobenan qui connaît bien les réalités
de notre secteur. Venez voir, nous et nos familles", ont-ils,
invité. Avant de préciser : "Nous ne voulons attaquer personne.
Et nous ne sommes pas pour un quelconque camp dans le conflit. Nous
demandons simplement à toutes les parties de songer à sauvegarder
notre pain", ont précisé les délégués. Qui se réservent le
droit de mener des "actions" pour "ne pas mourir de
faim". Ils ont appelé le Directeur général du Port Marcel Gossio
à tenir la promesse qu'il leur avait faite de ne pas les jeter dans la
rue.
D.S.
Ministère du commerce
Amadou Soumahoro s'installe
Le nouveau ministre du Commerce M. Amadou
Soumahoro a pris fonction le lundi 24 mars dernier. Il est désormais le
responsable du Commerce extérieur qu'il avait déjà géré (août et
décembre 2002), et le commerce intérieur où il succède à Mme Odette
Sauyet. Cette dernière étant malade en ce moment, la passation de
charges a eu lieu à son domicile sis à Cocody. La cérémonie a
démarré à 18 heures 15 minutes en présence de Mme Christine Konan
Secrétaire générale adjointe de la présidence de la République et
de M. Alain Donwahi, Conseiller à la Sécurité et au Sport du Premier
ministre. La ministre sortante du Commerce intérieure a dit son souci
durant son exercice d'étendre le fonctionnement de son administration
sur toute l'étendue du territoire nationale. Elle a ensuite laissé la
parole à son Directeur de cabinet, M.Krigbeu Kossou. Celui-ci a fait un
exposé sur les problèmes que laisse son équipe. Il s'agit entre
autres, de la flambée des prix, des pénuries et dysfonctionnements des
circuits de distribution en raison de la crise actuelle.
Le ministre Amadou Soumahoro a d'abord souhaité un prompt
rétablissement à son prédécesseur. Avant de la féliciter pour avoir
présidé "en toute responsabilité aux destinées du ministère du
Commerce extérieur", pendant son absence. Il a ensuite prôné la
paix et l'entente. "Comme l'imposent la grandeur et l'intérêt
général de notre pays. Nous devons nous rencontrer, nous parler, nous
tendre la main, réapprendre à vivre ensemble...", a-t-il
souhaité. Il s'est dit conscient des difficultés qui l'attendent tout
en promettant qu'aucun effort ne sera ménagé pour faire face à ces
problèmes et proposer des solutions idoines.
Cissé Sindou
CULTURE
Maison de la Culture :
Le théâtre à ciel ouvert"Couleur Patrie" :
Le premier spectacle programmé
Le théâtre à ciel ouvert du Palais de
la Culture de Treichville livré au mois de janvier dernier accueille ce
samedi 29 mars 2003 son premier spectacle. "Couleur Patrie",
une émission spéciale de TV2 s'y déroulera. Elle a pour objectif de
participer à la réconciliation nationale entamée dans notre pays à
travers des prestations d'artistes-musiciens. C'est pour cette raison
que participeront à cette émission tous ceux qui, durant la crise ont
mis sur le marché des albums patriotiques. Notamment Gadji Celi, Paul
Mady's, Waï Zey's, le "Collectif Haut les cœurs",
"Collectif Youssoumba", "Les Loyalistes", "Les
jeunes Patriotes", ONU, "les Youlés Inter". Les artistes
dont les œuvres se sont bien comportées sur le marché durant les
années écoulées prendront également part à cette émission. Notons
que le théâtre à ciel ouvert a une capacité d'accueil de cinq mille
places. L'émission sera présentée par Dider Bléou, Mam Cool, Romy
Roméo et bien d'autres. Une très belle fête en perspective. Le seul
hic est que lors de la passation de charges qui a eu lieu le lundi
dernier entre Koné Dramane et Mme Messou, l'ancien ministre a demandé
à son successeur de nepas permettre la tenue d'aucun spectacle en ce
lieu car, dit-il, il n'est pas assuré pour l'instant. L'émission
spectacle de TV2 aura-t-elle effectivement lieu.
L.T
75ème cérémonie des Oscars
Le sacre de "Chicago"
La soixante quinzième cérémonie des
Oscars, distinction suprême du cinéma américain, a réuni dimanche
soir tout le gratin d'Hollywood à Los Angeles. Pour cause de guerre en
Irak, la soirée, présentée par l'inénarrable Steve Martin, a été
sobre : par le défilé de stars sur le tapis rouge. Aussi, les stars,
ont arboré, pour la circonstance, des costumes noirs (pour les Hommes)
et des robes somptueuses sombres (pour les Dames). Même si l'ombre de
l'opération "Liberté en Irak" a plané sur la manifestation,
elle a tout de même été efficace et surtout riche en émotions. Grand
favori de la soirée, avec treize nominations, la comédie musicale de
Rob Marshall, "Chicago", interprétée par Richard Gere, Renee
Zellwegger, a raflé six oscars (meilleur film, meilleur montagne, et
meilleur costume...), confirmant ainsi les pronostics. Autre lauréat de
cette 75ème cérémonie des Oscars, "Le Pianiste" de Roman
Polanski, accrédité de trois statuettes dorées dont le prix du
meilleur réalisateur pour Roman Polanski absent pour des démêlés
juridico-sentimentales (il est accusé d'avoir violé une fille de
treize ans en 1977 aux USA), et meilleurs scénario d'adaptation. On
note également les sacres attendus de Nicole Kidman, Oscar de la
meilleure actrice pour son émouvante interprétation de d'écrivaine
Virginia Wolf dans "The Hours" de Stephen Daldry. Et surtout
Michael Moore, Oscar du meilleur documentaire pour son redoutable
"Bowling for columbine". Quant au cinéaste Pedro Almodovar,
il étoffe son palmarès avec un autre Oscar, celui du meilleur
scénario original pour "Table to her". Cela dit, l'une des
grandes surprises de la soirée a été, sans conteste Adrien Arody qui
enlève l'Oscar du meilleur acteur (pour son pathétique rôle de
musicien polonais juif durant la seconde Guerre mondiale dans "le
Pianiste") sous le nez de "monstres" tels Jack Nicholson,
Nicols Cage ou encore Daniel Day Lewis. Tandis que Catherine Zeta Jones
s'adjugeait l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour son
interprétation dans "Chicago". Bien que salué par la
critique, "le Seigneur des Anneaux : les deux Tous" n'est
reparti qu'avec trois trophées (meilleurs effets spéciaux, maquillage,
musicale).
Enfin, la grosse déception de la soirée a été "Gangs of New
York" de Martin Scorsese qui, malgré ses onze nominations, n'a
obtenu aucun Oscar.
Y.S.
Palmares
Meilleur film : Chicago de Rob Marshall
Meilleur réalisateur : Roman Polanski pour "le Pianiste"
Meilleur acteur : Adrien Brody ("Le Pianiste")
Meilleure actrice : Nicole Kidman (The Hours)
Meilleure actrice dans un second rôle : Catherine Zeta Jones (Chicago)
Meilleur documentaire : "Bowling for columbine" de Michael
Moore
Meilleur Scénario adaptation : Le Pianiste de Roman Polanski
Meilleur Scénario original : Pedro Almodovar pour "Table to her"
Meilleur montage : Chicago de Rob Marshall
Meilleurs effets spéciaux : Le Seigneur des Anneaux : Les deux Tours
Meilleurs Costumes : Chicago
Meilleur Maquillage : Le Seigneur des Anneaux : Les deux Tours
Meilleure Photo : Les Sentiers de la Perdition
Meilleure Musique : Le Seigneur des Anneaux : Les deux Tours
Meilleure Chanson originale : Eminem
Oscar d'honneur : Peter O'Toole
Un cinéaste américain interpelle George
W. Bush :
"Honte à vous, vous êtes fini"
Pas de doute. La 75ème soirée des
Oscars s'est voulue une tribune contre la guerre. Bien qu'ayant décidé
de placer la cérémonie sous le sceau de la sobriété, l'Académie des
Arts et Sciences du cinéma avait souhaité implicitement que les
acteurs, les réalisateurs, bref les stars ne fassent pas cas de la
crise en Irak dans leur speech de remerciement. Mais c'était mal
connaître les acteurs du septième Art. Et comme à la soirée des
César, en février dernier à Paris, c'est le cinéaste Michael Moore,
Oscar du "meilleur documentaire" pour son poignant
"Bowling for Columbine", qui a mis les pieds dans le plat.
Très remonté par la guerre en Irak, le réalisateur a interpellé, de
façon virulente, le Président américain. "Nous sommes à une
époque, où un homme (George W. Bush) nous emmène à la guerre pour
des raisons fictives. Nous sommes contre cette guerre. Honte à vous,
George W. Bush, vous êtes fini", a-t-il martelé. Adrien Brody,
Oscar du "meilleur acteur" pour son rôle dans "Le
Pianiste" a, lui, appelé à la fin de la guerre. "J'accepte
un Oscar dans un moment si bizarre, qui me montre la tristesse de la
guerre", a-t-il dit. Avant de demander : "Priez pour une
résolution rapide de la guerre". Quant à Frank Pierson,
président de l'Académie des Arts et Sciences du cinéma, qu'on dit
pourtant peu friand des polémiques, il a plaidé pour le retour de la
paix en Irak. "Tous ceux qui sont au-delà de l'Atlantique, revenez
bientôt à la maison. Aux gens de l'Irak, j'espère que nous allons
vivre tous dans la paix", a-t-il affirmé, sous un tonnerre
d'applaudissements. Les Oscars n'ont certes pas été reportés, comme
beaucoup le souhaitaient, pour protester contre la guerre, mais, ils ont
permis aux Stars du cinéma de se prononcer sur le conflit. Bien plus,
ils ont servi de plate-forme pour une campagne au service de la paix.
Avant-première : "News un autre
jour"
Une autre aventure de James Bond à voir au "Majestic"
Ce samedi, à partir de 17 heures, aura
lieu au cinéma "Le Majestic", sis au Plateau,
l'avant-première du film "News un autre jour", réalisé par
Lee Tanohali. Ce vingtième film de la série la plus populaire de
l'histoire du cinéma (James Bond) est proposé aux Ivoiriens par les
partenaires que sont la Société ivoirienne de location de film (SILF),
Orange et Nostalgie. Ces trois structures ont donné un point de presse
hier au cinéma "Le Majestic". Notons que le tournage de ce
film, sorti en décembre dernier aux Etats-Unis, a démarré depuis le
14 janvier 2002. Broccoli Pierce Brosnan, avec ce film, à sa quatrième
aventure de James Bond dont il est, d'après la majorité des
spectateurs, le meilleur interprète. Pierce Brosnan tient le haut de
l'affiche avec l'actrice noir.e Américaine Halle Berry. Ce vingtième
film de la série James Bond tourne autour d'une opération secrète
menée en Corée du Nord par James Bond et deux de ses hommes. Cette
opération est compromise par un traître non idendifié. Décidé de
venger la mort de ses adjoints, l'agent 007 se lance en Hovercraft à
travers un champ de mines de la zone démilitarisée. La poursuite se
solde par la mort apparente du coupable : Le colonel nord-coréen, Moon
(Will Yun Lee) dont le Lieutenant, Zao (Rick Yune) est grièvement
blessé. Mais Bond est capturé et jeté dans une prison militaire... Le
film reste à l'affiche au cinéma "Le Majestic" pendant deux
semaines. Il sera ensuite récupéré par le cinéma "Primavera"
pour encore deux semaines.
Liliane Tiépokin
International
Guerre en Irak : Dans le feu des
complications diplomatiques
Bush "prisonnier" des vieilles rivalités Arabes
Les Etats-Unis ont insisté, lundi
dernier, auprès de la Turquie pour qu'elle n'entre pas dans le Nord de
l'Irak. "Nous ne voyons pas la nécessité d'une incursion turque
et c'est ce que nous disons à nos amis Turcs", a déclaré le
Secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Une telle intervention
serait "parfaitement inacceptable", soutient le Premier
ministre britannique Tony Blair. Le ministre belge des Affaires
étrangères, Louis Michel, s'est fait encore plus direct, estimant
"impensable que la Turquie rejoigne l'Europe si elle entre au
Kurdistan". Ankara ne semble pas, pour le moment, tenir compte de
ces objections des alliés.
Une telle attitude va-t-en-guerre pourrait faire revivre les vieilles
rivalités arabes. On risque d'assister, sous peu, à une guerre dans la
guerre. Si la Turquie entre dans le Nord de l'Irak, sans l'accord de
Washington, elle applique de facto, de façon unilatérale, le principe
d'une guerre préventive sur un territoire étranger. Ce serait la fin
de la lune de miel entre Ankara et Washington. Aujourd'hui, le conflit
du Kurdistan risque d'être ravivé par l'anti-américanisme et
l'exaltation d'un nationalisme exacerbé. En cas d'attaque, les
militaires Turcs pourraient être confrontés à la résistance des
Pechmergas. La bataille, pour le contrôle des champs pétroliers de
Mossoul et de Kirkouk pourrait déboucher, à terme, sur la création
d'un Etat Kurde. Ce que redoute Ankara qui sera, vraisemblablement
confronté à des manifestations au Kurdistan Turc. L'ex PKK réduit au
silence, pourrait se réveiller et relancer sa guérilla avec l'appui
des populations. Les affrontements de 1984 à janvier 1998 avaient fait
plus de 28.000 morts. Abdullah Oçalan, le leader séparatiste du PKK
(en prison) revendiquait, pour sa branche armée, dix mille hommes. Il
avait des bases au Liban, sous contrôle syrien, iranien.
La crise risque donc de s'internationaliser. L'Iran, en embuscade,
pourrait envoyer des soldats pour faire face à l'invasion turque au
Kurdistan.
Assoumane Bamba
SPORTS
Football : Après six journées de
championnat
Les arbitres invités à respecter les règles du jeu
Assurément, la décision de sanctionner
quatre arbitres à la sixième journée du championnat national de
football (D1), constitue un fait important dans le déroulement de la
saison 2002-2003. La Fédération ivoirienne de football (FIF), à
travers la Commission centrale des arbitres, marque un grand coup. Une
décision à encourager afin de ramener à l'ordre "hommes en
noir" souvent accusés de "mauvais arbitrage". S'il est
vrai que pour améliorer le niveau de jeu des équipes, il faut de bons
joueurs, il n'en demeure pas moins qu'un "bon arbitrage"
contribuerait également au progrès des équipes. C'est ainsi que la
FIF a entrepris des séminaires pour les partenaires du football
ivoirien afin d'avoir une meilleure connaissance des règles du jeu.
Mieux, les primes hebdomadaires des arbitres ont connu une hausse. On
note donc que la Fédération encourage l'épanouissement des arbitres.
Chose qui oblige désormais Jacques Anouma à sévir toutefois qu'un
arbitre se rendra coupable d'erreurs au cours des matches. Cette
nouvelle mesure de la FIF, rentre dans un programme de développement et
de formation des arbitres et des formateurs d'arbitres à l'échelle
continentale. Rappelons que depuis 1990, la CAF incite directement les
fédérations de football à améliorer leurs "sifflets". En
1998, les arbitres ivoiriens avaient d'ailleurs bénéficié de deux
stages de haut niveau de la CAF sous la supervision de M. Belaid Lamine,
instructeur à la CAF. Aussi, la FIF avait-elle bénéficié d'un stage
Futuro, initié par la FIFA. Mais, certains de nos arbitres ont semblé
oublier les leçons de ces stages et qui ternissent l'image des
rencontres. Chose souvent décriée par les joueurs, les dirigeants et
les journalistes. La FIF doit continuer de prendre ses responsabilités.
Ce qui pourrait faire prendre conscience aux arbitres de leur grande
responsabilité en tant que "Maîtres du jeu".
Adam KHALIL
Eliminatoires de la CAN 2004
Burundi : Un grand inconnu pour les Eléphants
La sélection nationale du Burundi
accueille les Eléphants de Côte d'Ivoire, le 29 mars prochain dans le
cadre de la troisième journée des Eliminatoires de la CAN 2004. Mais,
le Burundi reste un inconnu pour les joueurs de Robert Nouzaret. Et
pourtant des témoignages recueillis sur le site Internet :
www.sports-ivoire.ci, présentent le parcours du Burundi comme une
équipe très ambitieuse. En effet, le Burundi compte plus de cinq
millions de passionnés de football. Entouré du Rwanda, de la Tanzanie
et de la République démocratique du Congo, le Burundi fait des
curiosités du football africain. Et pourtant, le football burundais est
l'un des plus anciens du continent. La Fédération, fondée en 1948, a
toujours participé aux compétitions de la Confédération africaine de
football (CAF). Et deux faits ont participé à l'éclosion du football
burundais : l'institution du sport dans les établissements scolaires et
l'organisation du sport dans les quartiers et villes du pays. C'est dans
ces deux secteurs que le football burundais trouve un important
réservoir de joueurs. Ainsi, en 1966, l'Espoir de Burundi (aujourd'hui
Vital'O), opère une refonte de ses structures et fait la promotion de
ses joueurs. Il en est de même pour l'autre club phare, l'Inter FC.
L'équipe nationale y trouve aussi son compte puisqu'elle y puisera son
ossature. Et en 1979, c'est le déclic. Le Vital'O a enregistré une
victoire retentissante et historique en battant (7-3) le Simba sport de
Tanzanie, considéré à l'époque comme "la terreur" de
l'Afrique de l'Est. La Fédération burundaise encourage donc les clubs
à participer activement aux joutes internationales. Et c'est le Vital'O
qui symbolise le mieux les objectifs de la Fédération. En 1985, 1987,
1990 et 1992 (avec l'entraîneur algérien Rachid Chéraldi) où
l'équipe burundaise joue les troubles fêtes dans les compétitions de
la CAF. Aussi, la victoire (1-0) sur le Ghana, aux éliminatoires de la
Coupe du Monde 1994, a forgé depuis lors un esprit conquérant chez les
adversaires des Eléphants. Et avec la volonté qui anime le Burundi de
participer pour la première fois à une phase finale de la CAN, on peut
affirmer que ce ne sera pas une partie de plaisir pour les Eléphants.
Volley-ball : (2ème journée du
Championnat national)
Eburnéa et Variété aux coudes à coudes
La deuxième journée du Championnat
national de Volley-ball s'est jouée le samedi dernier. C'était au
stade Robert Champroux de Marcory avec trois matches au programme. En
première opposition, Abbes et ses partenaires de Variété ont ramené
les étudiants de l'AUC à leurs copies. Après cinquante-huit minutes
de jeu, ils ont battu les Etudiants par trois sets à zéro (25-18- ;
25-23 ; 25-20). La seconde opposition entre l'INJS et Plaisir VBC, a
été un vrai moment de plaisir pour l'INJS. Battus lors de la première
journée par Variété, le doyen Walid et ses coéquipiers ont dynamité
leurs adversaires en trois sets à zéro, soit 25-13 ; 25-11 ; 25-15. Et
ce, après 1h02 mn de jeu. Le champion en titre, Eburnéa Volley-ball
club n'a pas eu de la peine à s'imposer à la formation du Stade
d'Abidjan. Le capitaine Kouman Karim et ses coéquipiers, en
cinquante-neuf minutes, ont expédié le Stade d'Abidjan par trois sets
à zéro (25-20 ; 25-13 ; 25-19). l Les protégés du président Farhat
Jawad montrent une fois de plus leur suprématie sur le volley-ball
ivoirien. Toutefois, en ce début de championnat, Variété et Eburnéa
se disputent la première place avec deux victoires chacun. La
troisième journée est prévue le samedi prochain au stade Robert
Champroux de Marcory. Avec des affiches intéressantes les unes que les
autres. Pour la première rencontre, Variété sera face à l'INJS et à
16 heures, Plaisir en découdra avec Eburnéa. Le Red Star de son côté
recevra l'AUC. Le Stade d'Abidjan est exempt pour cette journée.
Ouattara GAOUSSOU
Handball : Coupe d'Afrique des vainqueurs
de coupe
Le Rombo en difficulté
Débutée le samedi dernier à Tunis, la
dix-neuvième édition de la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe
n'est pas une partie de plaisir pour les représentants ivoiriens.
Après les difficultés rencontrées avant leur départ pour la capitale
tunisienne, les Ivoiriens ont eu du mal à entrer dans les matches. lors
de leur première sortie, les nos équipes ont fait piètre prestation.
Après s'être inclinées face au Mouloudia d'Algérie avec un écart de
six buts le samedi dernier, les championnes ivoiriennes (Rombo) ont
concédé un nul face à l'Etoile du Congo. Des contre-performances qui
éliminent Julie Toualy et ses camarades au premier tour. Mais, elles
peuvent toujours entretenir l'espoir en cas de défaite de l'Etoile du
Congo face au Mouloudia d'Alger. Et ce, par un écart de six buts. Le
RAC de Légré Charles a, par contre, gagné son premier match contre le
Lobito d'Angola. Un espoir de voir une équipe ivoirienne au second tour
demeure.
O.G.
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