le patriote n° 1071 du 26/03/03


POLITIQUE

Interview
Zakaria Koné (Chef des opérations militaires du MPCI à Vavoua) :
"Je ne désarme pas tant que Gbagbo est au pouvoir"

Dans le bush de Vavoua sous contrôle du MPCI, on le présente comme un chef de guerre aux pouvoirs mystiques. Un soldat au cœur de... pierre. Depuis le début de la crise qui secoue la Côte d'Ivoire, Koné Zakaria (c'est de lui qu'il s'agit) traîne derrière lui une légende de conquistador où le surnaturel se mêle à un réalisme décapitant. Sanguinaire ? Egorgeur ? Indiscipliné ? Professionnel de coup d'Etat ? Le "guerrier au couteau" se dévoile sous les fourches caudines de "Le Patriote" tout en évoquant quelques pages sombres de l'histoire mouvementée de la Côte d'Ivoire : la guerre sous tous ses contours.

• Le Patriote : On entend dire depuis l'éclatement de la crise que Koné Zakaria est un Burkinabé, né à Vavoua. Qui êtes-vous ?
- Koné Zakaria : Je m'appelle Koné Zacharia, chef de guerre du MPCI à Vavoua. Je suis un Ivoirien. Mon père et ma mère ne connaissent pas le Burkina Faso. Je suis d'origine odienneka, plus précisément de l'ethnie "nawoloka". Je suis né à Séguélon, dans mon propre village.
• L. P. : Vous avez appartenu à l'armée ivoirienne. Dans quelle unité avez-vous servi ?
- K. Z. : De 1990 à 1992, j'ai servi au premier Bataillon d'Akouédo. J'étais en ce temps-là, le premier garde du corps du Général Mathias Doué. Lorsqu'il y a eu le problème Guéi-Doué Mathias, le Général Doué Mathias a eu la vie sauve grâce à moi. En effet, un conflit s'est déclenché entre les deux hommes. Et Guéi a essayé d'abattre Doué avec son pistolet. Lorsque le Général Guéi a dégainé son arme et tiré sur le Général Doué, n'eût été mon intervention, ce dernier serait déjà mort. Le Général Doué peut témoigner. Il est encore en vie. Après la mission de garde de corps du Général Doué, j'ai été affecté à Korhogo, à la quatrième Région militaire où j'étais un agent des renseignements militaires. A Korhogo, lorsque j'y étais, il y a eu une histoire de coup d'Etat qui a opposé en 1995, le Président de la République d'alors, M. Henri Konan Bédié à l'ex-Chef d'Etat-Major, le Général Robert Guéi, paix à son âme. J'ai été cité comme complice du Général Guéi. Heureusement pour moi, comme j'étais aux Renseignements militaires, je n'ai pas été mis aux arrêts. Dans l'armée, c'est vrai, j'ai eu beaucoup de problèmes avec certains de mes supérieurs comme le Colonel Faizan Bi. Il est encore vivant, il peut l'attester. Et aussi avec le Colonel Gléhi, actuel Chef d'Etat-Major particulier de Laurent Gbagbo. J'étais l'homme fort du Colonel Gléhi. C'est grâce à moi qu'il est ce qu'il est aujourd'hui. Malheureusement, il m'a trahi.
Un jour, entre 1995-1996 (il insiste pour que nous écrivions ces propos qui suivent, ndlr), j'ai dit au Colonel que j'avais envie de faire un coup d'Etat. Il m'a répondu : "Mais Zakaria, qu'est-ce que tu me racontes-là ? " Je lui ai dit que ce n'était pas de la plaisanterie. Et que si le coup marchait, je le porterais à la Présidence de la République. Il a ri. Puis, il m'a demandé si je n'avais pas peur. J'ai dit non. Je lui ai tracé mon plan. J'avais prévu de faire le coup avec mes dozos ( chasseurs traditionnels, ndlr). Je lui ai fait savoir que je pouvais prendre la poudrière d'Abidjan sans problème. Malheureusement, il a eu peur. En 1997, j'ai eu maille à partir avec le Colonel Faizan Bi à cause de Gléhi. Le Colonel Faizan Bi a porté plainte contre moi au Tribunal militaire. En ce temps-là, le Chef d'Etat-Major était feu le vice-Amiral, Timité Lassana. Avec le Général Tauthui Marius, ils m'ont demandé d'aller à la Marine. Ce que j'ai refusé. Ils m'ont demandé de faire des propositions. Je leur ai dit que je voulais être muté au deuxième Bataillon à Daloa. Le Chef d'Etat-Major, Timité, m'a dit que là-bas, je risquais d'avoir aussi des problèmes avec Kouakou Nicolas. Je lui ai répondu qu'il n'y aurait pas de problème et qu'on allait s'entendre, lui et moi. C'est ainsi que j'ai été affecté à Daloa. J'y ai trouvé le Colonel Bombet Denis. Chaque fois que lui et moi nous nous retrouvions, on ne parlait que de coup d'Etat. Je lui ai rétorqué que je ne pouvais pas faire un coup d'Etat pour installer quelqu'un que je ne connaissais pas. Mais, que je savais une seule chose : tôt ou tard, le Président Bédié finirait par tomber. Je le lui ai dit. (...)
C'est le Colonel Gléhi qui a informé le Général Robert Guéi que je serais en train de préparer un coup d'Etat avec les dozos pour le faire partir du pouvoir. Pour toute réaction, le Général Robert Guéi a demandé à mes frères d'armes, "La Grenade" paix à son âme (le Sergent-chef Diomandé Souleymane, ex-membre du GSPR, assassiné à la suite du complot du cheval blanc, ndlr), Chérif Ousmane (actuel Commandant adjoint des Opérations militaires du MPCI à Bouaké, ndlr) et autres, de m'arrêter et au besoin, d'ouvrir le feu sur moi s'ils me voyaient. Après m'avoir cherché partout, ils ont réussi à mettre la main sur moi un lundi. Ils m'ont envoyé au Commandement supérieur de la Gendarmerie. Après, le Commissaire du gouvernement, le Commandant Ange Kessi m'a fait transférer à la Maison d'arrêt militaire d'Abidjan (MAMA), puis écrouer à la poudrière du camp d'Akouédo. J'avoue que j'ai été trimbalé dans pas mal de cellules. Lorsque j'ai réalisé que ma vie était vraiment menacée, j'ai dit au Colonel Gléhi que je n'avais plus envie de servir dans l'armée et que je voulais démissionner. Il m'a dit que si je voulais démissionner, c'est que j'avais quelque chose derrière la tête. Je lui ai répondu qu'il se trompait. J'ai demandé à être affecté partout ailleurs, sauf à Abidjan. Il a accédé à ma demande et il m'a fait muter au deuxième Bataillon. C'est lorsque j'étais en service au deuxième Bataillon que le Général Robert Guéi a perdu le pouvoir.

"Désarmer Zakaria tant que Gbagbo est au pouvoir, je ne pense pas"

L.P : Aviez-vous des contacts avec les autorités politiques du nouveau régime ?
K.Z : Un jour, j'étais en permission à Korhogo lorsqu'on m'a appelé sur mon portable. Lorsque j'ai décroché, c'était l'ex-ministre de l'Intérieur, Emile Boga Doudou, paix à son âme. Il m'a demandé de venir d'urgence à Abidjan. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas répondre à une telle invitation. Je lui ai dit d'informer d'abord mon chef de corps, le Colonel Tiémoko Auguste à Daloa. Après qu'il eut satisfait cette exigence, mon chef de corps m'a donné l'ordre de rentrer sur Abidjan pour répondre à la convocation. Quand je suis venu voir Boga Doudou, il m'a reçu en compagnie du Commissaire Gnahoua de la Sûreté Nationale. Il peut vous le confirmer. Nous avons discuté. Ils m'ont dit que les dozos voulaient se rebeller contre l'armée. J'ai donc usé de mes relations dans le milieu des dozos pour calmer les uns et les autres. Ce jour-là, le ministre Boga Doudou m'a remis trois cent mille francs (300 000 F CFA) comme mon "prix de café". Lorsque le Colonel Gléhi a appris cela, il a appelé le ministre Boga Doudou pour lui dire de ne pas travailler avec moi et que j'allais le tuer. Il lui a dit que j'étais une mauvaise compagnie. Que je n'étais pas un bon type. Après cette fumisterie, les gens cherchaient à m'arrêter. Le jour où il y a eu le problème de la "Mercedes noire" dans la nuit du 7 au 8 janvier 2001, je me suis senti visé alors que je n'étais même pas au courant de quoi que ce soit. Je me suis dit que si je restais en Côte d'Ivoire, j'allais perdre ma vie pour rien. Alors, j'ai décidé d'aller en exil. J'ai alors pris la route à bord d'un camion pour le Ghana. D'Accra, je me suis retrouvé à Bruxelles (Belgique) puis à Londres (Grande-Bretagne). J'ai parcouru plusieurs pays. Cependant, j'étais toujours en contact avec mes amis. Malgré cela, j'ai décidé de rentrer chez moi au pays. Chaque deux ou trois mois, je rentrais à Abidjan et j'en repartais jusqu'à ce qu'on prenne Bouaké.
• L. P. : Vous arriviez à Abidjan alors que vous êtes recherché. Est-ce que vos pouvoirs mystiques dont on parle vous aidaient ?
- K. Z. : Non. Mais je vous dis que si je veux rentrer à Abidjan aujourd'hui, je rentrerai sans problème. C'est parce que je ne peux pas faire le combat seul à Abidjan que je campe encore sur mes positions. A Vavoua où je suis, je ne m'empêche pas d'aller tous les deux ou trois jours à Daloa pour me rendre compte de ce qui se prépare de ce côté-là. D'ici, je fais des missions régulières à Abidjan. Aujourd'hui, je suis à même de vous dire ce qui se prépare à Abidjan. Je suis au courant de tout. C'est parce que le temps de Dieu n'est pas encore arrivé que nous laissons le temps à Gbagbo de faire ce qu'il veut. Je peux être aujourd'hui, quel que soit l'endroit où tu te trouves, en face de toi pour causer et revenir sans problème.
• L. P. : Nous avons appris que vous auriez eu ces pouvoirs de la part de grands maîtres dozos de la sous-région.
- Z.K : Mon pouvoir est naturel. C'est Dieu qui me l'a donné. Ce pouvoir ne s'achète pas. Mon pouvoir, c'est "Dieu donné". Demandez au Colonel Gléhi et à bien d'autres Officiers, ils peuvent l'attester.
• L.P. : Qui vous avait demandé de travailler avec les dozos et quelles étaient les missions qui vous avaient été confiées?
- Z.K. : C'est le pouvoir qui me l'a demandé. Ceci, pour éviter que les dozos s'organisent pour attaquer un jour l'armée. Car, j'étais un homme écouté par eux. J'ai été initié en 1982. J'étais aussi guérisseur. Beaucoup de mes amis le savent. Il y a certaines personnes comme le Colonel Glehi pour qui j'ai travaillé (mystiquement parlant). Si aujourd'hui je veux le détruire, je pourrais le faire à la minute. Mais, je lui pardonne. Car, je ne le rends pas responsable de tous ses agissements.
• L.P. : Vous êtes devenu l'un des chefs de la rébellion, on vous a vu prendre Vavoua mais aussi Daloa. Comment cela s'est-il passé ?
- Z.K. : J'ai demandé à mes hommes de se retirer de Daloa à cause des nombreuses vies humaines qui étaient en jeu. Je voulais préserver les vies des populations civiles que les hommes de Gbagbo qui ont investi la ville après moi n'ont pas préservées. Sinon, j'ai passé deux jours à Daloa avant de quitter la ville. Aujourd'hui, si je veux prendre Daloa, je suis capable. Mais, je respecte l'engagement que nous avons pris vis-à-vis du monde entier en signant un cessez-le-feu. C'est d'ailleurs ce qui me retient. Sinon pour prendre Daloa, c'est une question d'heures. Pour l'instant, je regarde la diplomatie faire son travail d'abord.
• L.P. : Comment s'est opéré le charnier de Monoko-Zohi, une localité qui était sous votre commandement ?
- Z. K : C'est vrai, Vavoua est sous mon contrôle. Mais, la région de Vavoua est tellement vaste que nous ne connaissions pas très bien les confins. Lorsqu'il y a eu les tueries à Monoko-Zohi, les populations ont fui pour venir prévenir mes hommes à Pélézi. C'est en ce moment que nous avons déployé une équipe pour aller constater la matérialité des faits. Devant l'horreur, mes hommes et moi, nous avons tous coulé les larmes. D'abord, je n'ai pas cru aux rapports de mes hommes sur le massacre de Monoko-Zohi. En me rendant à Monoko-Zohi, j'ai rencontré une patrouille des forces françaises à qui j'ai demandé de m'accompagner sur les lieux du sinistre pour constater de visu ce que les hommes de Gbagbo ont fait.
• L. P. : Le charnier était composé de combien de corps ?
- K. Z. : Près de cent cadavres. Je n'ai pas pu compter. Mais je vous assure que c'était monstrueux.
• L. P. : Il y a un processus politique aujourd'hui qui est engagé et qui a conduit à une cessation des hostilités. Etes-vous pour ce processus ?
- K. Z. : Moi, je suis un soldat. Je reste toujours sur mes gardes. Les politiciens n'ont qu'à faire leur travail. Le monde entier sait que Laurent Gbagbo ne respecte pas sa parole. Il change du jour au lendemain. Dès qu'il accepte une situation, il prépare la riposte. Actuellement, il a recruté des soldats libériens avec la complicité du Colonel Bombet. Un de nos frères d'armes, le Sergent Oulaï se trouve aujourd'hui à l'Ouest avec les Libériens. Ils font n'importe quoi dans cette zone. Le Sergent Oulaï et ses hommes massacrent les innocents. C'est un coup monté par le Colonel Bombet. Tant que Gbagbo s'adonne à ces pratiques, moi je ne peux que rester sur mes gardes. Si les hostilités se déclenchent, je vous donne seulement trois jours et je suis à Abidjan avec mes hommes.
• L. P. : Mais, il y a les soldats français et ceux de la CEDEAO qui sont présents et qui garantissent la ligne de cessez-le-feu.
- K. Z. : Je prends le monde entier à témoin. Si Laurent Gbagbo continue ses massacres sur les populations de l'Ouest, je serai à Abidjan pour en découdre avec lui. Je vais outrepasser toutes les forces qui s'interposeront entre nous, que ce soient les forces de l'ECOFORCE ou les Français.
• L. P. : Vous violeriez le cessez-le-feu alors.
- K. Z. : C'est clair. Je suis garant de tout ce qui va se passer. Le jour où Gbagbo attaquera l'un de nos fronts, il verra ce jour-là si je suis armé ou pas.
• L. P. : Malgré les avions de combat et les MI 24 dont dispose l'armée loyaliste ?
- K. Z. : Cela fait combien de fois qu'ils m'attaquent avec des hélicoptères ? C'est parce que je ne l'ai pas bien pilonné. Sinon, j'ai du matériel pour ça. Je vous le dis : A vingt kilomètres, je suis capable d'abattre ces avions. Qu'il viennent à Vavoua et on verra. J'ai été déjà attaqué avec deux hélicoptères, six chars et des mercenaires de Gbagbo. Ils n'ont rien pu. Dieu m'a demandé de lui renvoyer quelques-uns de ses mercenaires pour qu'ils aillent raconter à Gbagbo ce qu'ils ont vécu durant l'attaque de mes bases.
• L. P. : Vous parlez de beaucoup de matériels, on est un peu surpris. Comment vous vous êtes procuré ce matériel?
- K. Z. : C'est avec les hommes de Gbagbo. Lorsqu'il achète des armes pour ses soldats, je les leur arrache. S'il continue d'acheter les armes, je vais toujours les lui arracher
• L. P. : N'avez-vous pas le soutien de pays voisins ?
- K. Z. : Non.
• L. P. : Le Burkina ?
- K. Z. : Non plus. j'ai eu une partie du matériel quand Guéi Robert était encore au pouvoir. Il y avait des armes qui provenaient de la Chine et de l'Afrique du Sud. Je les ai bloquées et cachées. Sinon, il est archi-faux de dire qu'il y a un quelconque pays qui nous soutient.
• L. P. : Pour en revenir au processus politique, il est prévu que vous soyez désarmés et cantonnés. Que pensez-vous de cette décision ?
- K. Z. : Ceux qui pensent nous désarmer avant les prochaines élections se trompent. Tant que Gbagbo sera au pouvoir, je ne vois pas quel garçon viendra nous désarmer.
• L. P. : A Marcoussis, vous avez pourtant signé un document dans ce sens. Allez-vous le remettre en cause ?
- K. Z. : Oui. Qu'on mette tout au clair avant de désarmer qui que ce soit.
• L. P. : L'armée gouvernementale a dit qu'elle ne sera pas désarmée parce qu'elle est loyaliste.
- K. Z. : Il n'y a pas d'armée loyaliste. Moi, je suis militaire. Donc, il est hors de question de me désarmer. Si on ne désarme pas ces gens-là, personne ne prétendra nous désarmer.
• L. P. : Il faut donc craindre un blocage du processus ?
- K. Z. : C'est clair.
• L. P. : Vos chefs politiques se sont cependant engagés à Marcoussis.
- K. Z. : C'est vrai. Mais l'accord de Marcoussis est un tout. Gbagbo veut appliquer les points qui sont à son avantage. Si nos responsables politiques le suivent, c'est leur problème. Cela n'engage qu'eux. Moi, j'ai les armes. Ce qu'ils disent n'engagent qu'eux. Désarmer Zakaria tant que Gbagbo est au pouvoir, je ne pense pas.
• L. P. : Vous serez seul ou avec tous les autres chefs militaires ?
- K. Z. : Il s'agit de tous les chefs militaires parce que Zakaria seul ne fait pas le MPCI. Tant que tout n'est pas mis au clair, nous ne désarmerons pas.
• L. P. : Au MPCI, on parle d'une division entre vous. Et récemment, vous-même aviez dit que Soro Guillaume n'était pas le vrai chef du MPCI.
- K. Z. : Il n'y a pas de division au sein du MPCI. Le Mouvement est toujours sur les principes de départ qui sont la démocratie en Cote d'Ivoire et l'abandon de la politique d'exclusion et du tribalisme. Ce sont les journalistes, en faisant leur travail qui voient une quelconque division. Sinon, tout va au mieux. Nous nous entendons parfaitement. Au MPCI, chacun connaît sa place. Soro Guillaume n'a jamais soutenu qu'il était le Président du MPCI. Vous le savez.
• L. P. : Qui est le Président du MPCI ?
- K. Z. : Vous allez le connaître avec le temps.
• L. P. : Un militaire ou un civil?
- K. Z. : Vous les journalistes, mêlez-vous de ce qui vous regarde. Je ne peux vous en dire plus.
• L. P. : Il y a aujourd'hui sur les lignes du cessez-le-feu, les troupes françaises et celles de la CEDEAO. Comment sont vos relations avec ces troupes étrangères ?
- K. Z. : Je pense qu'il n'y a aucun problème avec eux. Ils sont là pour une mission bien précise. Si nous les belligérants, on s'entend, cela facilitera leur mission. Mais si on ne s'entend pas, ils ne peuvent pas faire autrement. Parce qu'ils ne peuvent pas quitter leur pays pour venir en Cote d'Ivoire, tuer des Ivoiriens. Dans tous les pays, il y a des problèmes. Ceux qui sont venus observer la ligne de non-franchissement, connaissent des problèmes dans leurs pays. Donc, ma foi, ce sont de grands garçons. Celui qui vient jouer les inconscients va perdre sa vie.
• L. P. : Avec le MPIGO et le MJP aujourd'hui, le MPCI forme les Forces nouvelles. Depuis un moment à l'Ouest, il y a beaucoup d'exactions. Pourquoi ne ramenez vous pas la paix dans la zone ?
- K. Z. : Il faut demander à Gbagbo de dire au Colonel Bombet de retirer ses troupes de l'Ouest. A l'heure où je vous parle, il y a des Libériens à l'Etat-Major des armées. Si vous ne me croyez pas, allez vérifier.
• L. P. : Qu'y font-ils ?
- K. Z. : Pour aller bien sûr attaquer l'Ouest.
• L. P. : On suppose que le processus de réconciliation avance, le gouvernement se met en place. Au cas où la situation se normaliserait, que va faire Koné Zakaria ? Va-t-il retourner dans la vie civile où va-t-il continuer à servir dans l'armée ?
- K. Z. : Mon souci majeur, c'est la liberté des populations ivoiriennes. Une fois que des maux comme l'exclusion, la xénophobie, les délits de patronymes ou de faciès seront bannis à jamais en Côte d'Ivoire, mon combat serait alors terminé.
• L. P. : Depuis 1999, qu'est ce qui vous poussait à vouloir coûte que coûte fomenter un coup d'Etat ?
- K. Z. : C'est parce que le système politique mis en place ne me plaisait pas. J'étais mal à l'aise au vu des nombreuses exactions dont une partie de la population ivoirienne et d'origine étrangère était l'objet. Je voudrais que tous les enfants ivoiriens se sentent libres chez eux, égaux devant la loi.
• L. P. : Vous avez en 1999 fait le coup d'Etat avec le Général Robert Guéi. Qu'est-ce qui n'a pas marché pour qu'on constate par la suite de nombreux dérapages ?
- K. Z. : Robert Guéi était assoiffé de pouvoir. Il s'est donc fait facilement avoir. Il n'a pas respecté les engagements qu'on avait pris. Robert Guéi a été donc pris dans son propre piège. C'était pour éviter la situation actuelle que nous vivons, qu'il y a eu le coup d'Etat de 1999.
• L. P. : Lui faisiez-vous confiance au moment où vous l'aviez appelé pour diriger l'Etat?
- K. Z. : Il y a certaines personnes qui lui faisaient confiance. Moi personnellement, je ne lui faisais pas confiance.
• L. P. : Vous l'aviez accepté tout de même.
- K. Z. : Oui ! C'est bien parce que des amis avaient placé en lui une certaine confiance que je me suis plié à leurs souhaits. Pour finir, ils m'ont tous donné raison. J'avais prédit la chute de Guéi et il est tombé. Le Colonel Gléhi peut attester cette prédiction. Je lui ai aussi dit que Gbagbo allait prendre le pouvoir, mais qu'il tomberait lui aussi avant la fin de son mandat.
• L. P. : Que s'est-il réellement passé dans la nuit des 17 et 18 septembre 2000 à la résidence du Général Guéi ? Eclairez-nous sur ce flou.
- K. Z. : J'étais encore en prison. Je ne peux rien vous dire d'autre.
• L. P. : Vous n'étiez donc pas mêlé à cette affaire.
- K. Z. : Je vous dis que j'étais en prison. Donc, je ne pouvais pas être mêlé à cette histoire.
• L. P. : Vous aviez dit que le Général Robert Guéi avait envoyé des hommes vous arrêter, au nombre desquels, Chérif Ousmane. Aujourd'hui, vous combattez dans le même camp. Quels sont vos rapports?
- K. Z. : Chérif Ousmane, je vous assure que c'est mon frère. C'est même mon frère jumeau. Quand nous étions en exil, nous étions des frères. Lors des évènements de 2000, C'est un militaire qui obéissait aux ordres. A sa place, j'aurais aussi obéi.
• L. P. : On vous dit très proche du Sergent Chef Ibrahim Coulibaly (IB). Où est la vérité ?
- K. Z. : IB, c'est mon frère. Il m'a beaucoup aidé.
• L. P. : Avez-vous des relations actuellement ?
- K. Z. : IB est libre de m'appeler comme je peux aussi l'appeler. C'est mon grand frère. Ce n'est pas la situation actuelle qui fera que je ne le reconnaîtrais pas. IB est Ivoirien tout comme vous. Tout Ivoirien, sans distinction d'ethnie et de religion, est mon frère. C'est ainsi que moi je vois les choses.
• L. P. Il est dit qu'il est le véritable chef des opérations militaires du MPCI.
- K. Z. : Demandez très bien à ceux qui vous tiennent de tels propos. Je ne pourrais vous donner des explications sur ces allégations mensongères.
• L. P. : Pour vous, la crise actuelle va-t-elle encore durer ou prendra-t-elle fin politiquement ou militairement ?
- K. Z. : Pour moi, elle prendra fin militairement. Nous nous en remettons à la volonté de Dieu.
• L. P. : La Côte d'Ivoire n'est donc pas au bout du tunnel ?
- K. Z. : Ce n'est pas sûr. Puisque Gbagbo continue de s'armer et de préparer une milice. De mon côté, je me prépare en conséquence.

Interview réalisée par D. Al Seni



Négociation pour la participation des rebelles au gouvernement
Deux émissaires de Seydou Diarra à Bouaké

Les deux négociateurs de Seydou Elimane Diarra, Me Adama Camara et Alain-Richard Donwahi étaient, hier mardi 25 mars à Bouaké. Leur mission : aplanir les derniers différends entre les représentants des Forces nouvelles et le chef de l'Exécutif ivoirien.
Les mouvements rebelles n'ont pas fait mystère de leurs griefs envers la manière dont s'engageait la réconciliation nationale. Ainsi ont-ils estimé que le décret signé par Gbagbo, le lundi 10 mars 2003 qui consacre le transfert des compétences en 16 domaines de la Présidence de la Primature, viole l'accord de Marcoussis. Selon leur argumentation, à Marcoussis, il a été question de délégation de pouvoirs et non pas de délégation de compétences. La révocabilité du Premier ministre et sa sujétion au Président, en violation des Marcoussis, attise aussi l'ire des Forces nouvelles.
L'autre point de divergence, c'est la nomination, qui se fait attendre, des ministres de la Défense et de l'Intérieur. Les deux émissaires du Premier ministre de consensus ont noté que leurs interlocuteurs étaient préoccupés par le choix de ces deux personnalités. Leur statut et leurs coefficients personnels conditionneraient la participation effective des ministres issus des Forces nouvelles au gouvernement de réconciliation nationale.
Ils estiment que M. Kadet Bertin occupe irrégulièrement une fonction dont il a été déchargé. Et que, dans cette illégalité, il pose des actes qui sont validés par le pouvoir. Ils souhaitent la fin de cette ambiguïté en procédant à la nomination des personnalités choisies par consensus lors de la session du Conseil national de Sécurité, le mardi 11 mars à Yamoussoukro.
Les émissaires de Seydou Diarra ont pris bonne note de ces revendications et ont promis de les faire examiner diligemment par le chef du gouvernement. Ils avaient en face d'eux, MM. Dakoury-Tabley, Youssouf Soumahoro (MJP), Issa Diakité et l'Adjudant Antoine Beugré (MPCI).
Arrivés à 10 heures par avion, ils sont repartis à 14 heures par la route, escortés par des soldats du contingent français. L'entretien a duré 1 heure 40.
Ce matin, ce sont les membres du Comité international de suivi, conduits par le Pr Albert Tevoedjré qui entreront en discussion avec les Forces nouvelles. Après Bouaké, le représentant spécial de Kofi Annan s'envolera pour Accra, puis Ouagadougou.

Touré Moussa


Commentaire
Violation des Accords de Marcoussis
Que fait le comité de suivi ?

A l'issue du deuxième Conseil des ministres du jeudi 20 mars dernier, à Yamoussoukro, le Comité de Suivi de l'accord de Marcoussis et des décisions d'Accra a publié un communiqué. Dans ce texte rendu public samedi, le Pr. Albert Tévoédjré et les neuf autres membres du comité, "demandent à toutes les parties concernées par l'accord de Linas-Marcoussis de respecter pleinement les termes dudit accord (...) et de mettre en œuvre rapidement les recommandations adaptées d'un commun accord à la table ronde d'Accra, le 8 mars 2003, pour accélérer la mise en place définitive du gouvernement de réconciliation nationale".
Ce communiqué du Comité de Suivi fait suite à un autre qui avait été publié le 05 mars 2003.
Le constat qui s'impose à la Côte d'Ivoire et à la communauté internationale est qu'il y a blocage au niveau de l'application de l'accord de Marcoussis.
D'où viennent les problèmes alors que les textes ont été clairement établis et que l'ensemble des protagonistes semblent avoir accepté le compromis politique ? Des rebelles ? De Laurent Gbagbo ou des partis politiques ?
Au Conseil des ministres du jeudi 20 mars dernier, les rebelles étaient absents. Les partis politiques, dans leur totalité, ont répondu à l'appel. Soro Guillaume, Secrétaire général du MPCI, a précisé que l'absence des mouvements rebelles était due au non-respect des engagements pris. Ils ont clairement déploré le non-respect des dispositions de Marcoussis sur la délégation des pouvoirs et la reprise des combats dans les zones de l'Ouest.
En effet, au lieu de l'irrévocabilité demandée, Gbagbo n'a signé qu'un décret conférant quelques prérogatives au Premier ministre, Seydou Diarra. Contrairement aux accords signés à Accra, Gbagbo continue de récuser des noms donnés par les partis politiques et les mouvements rebelles. Mettant en avant des considérations sentimentales, il récuse les propositions de Mme Kandia Camara et M. Dakoury Tabley.
A l'Ouest, des milices tribales revendiquées par les autorités sèment la désolation et la mort au sein des populations civiles. Depuis, les ministres chargés de la Défense et de la Sécurité intérieure ne sont pas connus. Tous les partis politiques et les mouvements rebelles se sont accordés sur le nom du Général Ouassénan Koné pour assurer la Défense. Gbagbo oppose son veto.
Que fait le Comité de Suivi des accords, lui qui est pourtant investi d'une confiance du Conseil de sécurité de l'ONU ? Que peuvent les déclarations de principe et les communiqués froids que publie Tévoédjré ? Bien plus, le Comité de Suivi des accords pourrait donner l'impression de rouler pour le Chef de l'Etat qui a décidé de gérer, selon ses humeurs, les accords qu'il a librement acceptés. La résolution 1464 qui met notre pays sous tutelle internationale est en train de voler en éclats, tant que Tévoédjré n'aura pas décidé de taper du poing sur la table face aux tergiversations plus imputables au Chef de l'Etat qu'aux rebelles. C'est le prix à payer pour ramener la sécurité en Côte d'Ivoire, inévitablement en désarmant les rebelles et les forces loyalistes.

Charles Sanga




Primature - Comité de suivi
Pas de tensions entre Seydou Diarra et Albert Tévoédjré

Y a-t-il de "vives tensions" entre Seydou Diarra, le Premier ministre et Albert Tévoédjré, le président du Comité de suivi des accords de Marcoussis ? Cette information a barré la Une de notre confrère "Le Libéral" dans sa livraison d'hier (cf Le Libéral n°1378 du mardi 25 mars 2003). La raison desdites tensions, selon le journaliste? C'est le contenu du décret de délégations de compétences signé par Laurent Gbagbo au Premier ministre et qui ne serait pas conforme aux actes du protocole de Marcoussis. "Le Libéral" écrit notamment ceci : "Le président du Comité de Suivi a pris acte de ce que Seydou Elimane Diarra se satisfait des brides de pouvoir que Gbagbo avait consenties, un tant soit peu, à lui déléguer. (...) Depuis lors, les rapports privilégiés qui liaient les deux hommes ont pris un coup sérieux".
De fait, il est de notoriété publique que l'exécution des termes du consensus de Linas-Marcoussis est émaillée de difficultés de toute sorte : contenu et durée des missions du Premier ministre de réconciliation nationale, fonctionnement du Conseil national de sécurité, désignation des ministres de la Défense et de la Sécurité...il y a des écueils à foison.
C'est justement pour prévenir, aplanir et régler ces difficultés que l'idée de la création d'un Comité de Suivi sous l'égide de l'organisation des Nations Unies a été émise dans le communiqué final des travaux de Paris. Ce Comité de Suivi, dont Albert Tévoédjré son président est par ailleurs le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la Côte d'Ivoire, joue non seulement un rôle de surveillance de l'application de Marcoussis, mais aussi un rôle d'appui des missions de réconciliation assignées au nouveau gouvernement de concorde nationale.
Par souci d'efficacité, la Primature a organisé et balisé ses rapports avec le Comité de Suivi. D'abord, le Cabinet de la Primature, selon un Conseiller de Seydou Diarra, entretient avec le Comité de Suivi des rapports directs. Il lui rend compte périodiquement de l'action gouvernementale, du niveau d'application des accords de Marcoussis, ainsi que des perspectives. "Le principe de ces rencontres, leur convocation comme leur déroulement n'a jamais donné lieu à la moindre difficulté", précise-t-on dans l'entourage d'Albert Tévoédjré.
Ensuite, personnellement, Seydou Diarra a des consultations régulières avec Albert Tévoédjré. Le Premier ministre et le représentant spécial de Kofi Annan "ont des contacts formels et informels pour aider à faire avancer la situation dans le bon sens. Et leur relation sont au beau fixe", indiquent des technocrates des deux bords.
Enfin, pour bien profiter de l'appui d'Albert Tévoédjré, Seydou Diarra s'est choisi un Conseiller spécialement détaché de la Primature auprès du Comité de Suivi. Ce Conseiller, un juriste reconnu sur la place d'Abidjan, a pour mission de faire le pont non seulement entre les deux institutions, mais tenir une bonne qualité de relation, suffisamment fluide pour anticiper ou gérer les crises qui menacent le processus de paix.
A la Primature, on est soucieux de lever des équivoques et on explique : "Le Premier ministre n'est pas le régulateur des accords de Marcoussis. Il n'a pas les moyens, ni les pouvoirs pour évaluer les actes que posent chacune des parties. C'est aux parties elles-mêmes et au Comité de Suivi qu'il revient de se prononcer sur la conformité ou non des actes aux accords de Marcoussis".
Quoi qu'il en soit dans les deux camps, tout le monde rassure : "Au plan institutionnel et au plan privé, les relations entre le Premier ministre, son cabinet, le Comité de Suivi et son président sont parfaites". Nous en prenons acte. Reste cependant à savoir si ce tandem parvient à imposer dans les faits "l'esprit et la lettre" de Marcoussis au chef de l'Etat

Méité Sindou



SOCIETE
Court-circuits, incendie, baisse de tension, destructions de biens ...
Me N'Goran N'Da (Président de l'Association des consommateurs) :
"La CIE doit dédommager les victimes"

Les incendies de maisons, de marchés ou autres sites dus à des pannes d'électricité sont de plus en plus courants. créant des désagréments aux abandonnés. D'où l'importante question de dédommagement des victimes par la Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE). Le dernier cas en date est celui survenu à Marcory, le samedi 15 mars dernier qui a consumé dix domiciles, laissant de nombreuses familles sans abri. A en croire le porte-parole des victimes M. Camara Adama, l'incendie est survenu à la suite d'un court-circuit parti d'un boîtier de la CIE installé sur la maison d'une victime qui avoue avoir perdu beaucoup dans cet incendie. "Tous nos biens, mon mari (à la retraite) et moi, accumulés durant plus de vingt ans de carrière sont partis en fumée". A côté de ce cas d'incendie il y a ceux qui ravagent les marchés de Côte d'Ivoire provoqués par des court-circuits à cause des installations anarchiques de fils électriques. Sans oublier les incendies ravageurs dans de nombreux quartiers précaires d'Abidjan où les installations électriques sont légion et à l'origine des désastres. Et comme toujours les dégâts matériels et souvent humaines sont énormes. Si, dans les précédents cas, la responsabilité de la CIE semble difficile à établir, il en est autrement avec des court-circuits ou des baisses de tension et surtension brusques qui endommagent les appareils électro-menagers. "J'ai perdu à la fois mon réfrigérateur et mon poste télévision à la suite d'une baisse brusque de tension. Lorsque je me suis rendu à l'agence CIE de mon quartier où on m'a demandé de fournir des preuves, de guerre lasse, j'ai abandonné", témoigne M. R. Justin, cadre dans une régie financière de la place. Comme lui, de nombreux anonymes subissent, impuissants, les désagréments provoqués par les pannes d'électricité. La plupart ignorent les voies de recours pour amener la CIE à les dédommager. Beaucoup de consommateurs estiment que la CIE, dans son cahier de charges dans le contrat qui la lie avec l'Etat, n'a pas prévu ce cas de figure, à savoir le dédommagement. D'autres par contre préfèrent accuser les associations de défense des consommateurs, timorés à leurs yeux et qui ne font rien pour les aider.

La réaction des associations de consommateurs

Du côté des associations de consommateurs, on balaie ces accusations des abonnés du revers de la main et égrène les hauts faits de la structure dans la défense des intérêts des consommateurs. Interrogé sur la question Me N'Goran N'Da (président national des associations de consommateurs de Côte d'Ivoire) apporte des éclaircissements. "Dans les incidents, il faut toujours déterminer les circonstances de l'incendie. On doit savoir si l'incendie est provoqué par une imprudence de l'utilisateurs ou une mauvaise installation de la CIE, comme une négligence de ses agents. Dans le cas de Marcory, nous attendons que le rapport des gens commis pour déterminer les causes nous situe", a insisté Me N'Goran N'Da.
Sans pouvoir confirmer ou infirmer l'existence du dédommagement dans le cahier de charges de la CIE, Me N'Da révèle en tout cas, qu'un service et mieux une assurance existe à cet effet à la CIE. Mais reconnaît que les consommateurs rencontrent trop de difficultés dans leur démarche.
Ainsi de façon récurrente, la CIE évoque le problème d'existence du dispositif SECUREL. Pourtant, à ses yeux , "à partir du moment où l'utilisateur dispose d'un compteur depuis belle lurette, elle impose le dispositif SECUREL aux consommateurs avant de livrer le compteur". Toujours est-il que lorsque les causes de l'incendie ou du court-circuit ne sont pas contestées par la CIE, les victimes doivent obtenir réparation. Et compte tenu des démarches à suivre, les associations de consommateurs sont obligées selon leur responsable, de poser les problèmes cas par cas. Les victimes obtiendront-elles alors réparation des préjudices subis ? Le président se veut prudent, mais estime que oui : Lorsque nous sommes saisis, nous conseillons aux consommateurs de faire le constat par un Huissier avant d'engager la procédure. Dans bien de cas, beaucoup nous informent qu'ils ont obtenu gain de cause et d'autres ne nous donnent pas de suite.
Aussi pour Me N'Goran, le dédommagement doit être présent par le gouvernement. Car même en l'absence d'une telle disposition dans le cahier de charges de la CIE, sur la base du droit commun, un préjudice causé à un tiers doit réparé. Surtout lorsqu'il s'agit de fourniture de biens ou prestations de service. Ce vide juridique d'ailleurs est en passe d'être comblé. Car dans quelques jours se tiendra à Vienne (Autriche) un Sommet des consommateurs qui dotera la zone OHADA d'un Code de consommation. Celui-ci va définir les droits des consommateurs, comme dans les cas d'une prestation de service onéreuse. Muni de cet instrument, le président de la Fédération des consommateurs pense désormais gérer pour le mieux, les rapports entre les consommateurs et les prestataires de service.

Mamadou Doumbes



Ministère de l'Enseignement supérieur
Zémogo Fofana revient

Le ministre de l'Enseignement supérieur, M. Zémogo Fofana, a pris fonction hier mardi 25 mars. La passation de charge entre lui et Roger Gnohité, ancien ministre délégué, chargé de la Recherche scientifique qui assurant l'intérim de Zémogo à l'Enseignement supérieur après sa démission, a eu lieu à la salle de conférence dudit ministère. C'est donc à juste titre que Roger Gnohité a déclaré que son "grand frère" Zémogo ne venait pas dans un milieu inconnu, mais qu'il retournait à la maison. L'ancien ministre délégué a fait un exposé succinct des activités de son ministère avant de transmettre à Zémogo Fofana, les documents qui, en réalité, ne lui sont pas étrangers. A son tour, le ministre Zémogo a eu un mot pour chacun. Il a tenu à remercier son "jeune frère Roger Gnohité pour le travail accompli". A l'endroit du personnel du ministère, le ministre de l'Enseignement supérieur a tenu ces propos : "Vous êtes des hommes et des femmes compétents et infatigables à la tâche. Mais pour mener à bien la mission de réconciliation nationale, il nous faudra tous redoubler d'efforts" (...) La Côte d'Ivoire de demain, c'est-à-dire la Côte d'Ivoire réconciliée avec elle-même, avec les autres pays de la sous-région et du monde entier compte sur vous".
C'est dans un atmosphère détendue où les éclats de rire et les plaisanteries ont fait bon ménage que Mme Christine Konan, Secrétaire générale adjointe du gouvernement a mis fin à la passation de charges entre Roger Gnohité et Zémogo Fofona, tous deux responsables du même parti, le RDR.

Yves-M. Abiet



N'ayant pas bénéficié des indemnités versées aux déplacés de guerre
Les formateurs de l'Enseignement technique en grève le 8 avril

C'est un lourd héritage à gérer que M. Koffi Koffi Lazare, ex-ministre de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle, a laissé à son successeur, M. Soumahoro Youssouf. En effet, Koffi Koffi Lazare, contrairement à son collègue de l'Education nationale, n'a pas accordé aux formateurs de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, déplacés de guerre, la prime de cinquante mille francs. Ainsi en attendant que M. Soumahoro Youssouf occupe dans son fauteuil le Syndicat national des formateurs de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle (SYNAFETP-CI) a déposé sur son bureau un préavis d'arrêt de travail de deux jours. "Suite aux échos de toutes les démarches et négociations effectuées depuis le début de la crise que traverse la Côte d'Ivoire, avec le ministre en charge de la formation professionnelle et portant sur : le soutien matériel et financier à tous les enseignants déplacés, le paiement effectif de l'indemnité de cinquante mille francs aux déplacés redéployés au même titre que leurs collègues de l'Education nationale. (...) Le bureau du SYNAFETP-CI porte à votre connaissance qu'il appelle tous ses militants, enseignants des établissements de la formation professionnelle à un arrêt de travail d'avertissement de soixante-douze heures à compter du lundi 8 avril à 7h au jeudi 10 avril inclus". Peut-on lire dans ce préavis de grève adressé au ministre de la Fonction publique que, pour l'informer de leur désir de protester contre cette mesure que cette catégorie d'enseignants qualifie de "deux poids, deux mesures".Les lycées et collèges techniques et professionnels du pays, si l'on s'en tient aux résolutions de l'assemblée générale du SYNAFETP-CI tenue le samedi 22 mars 2003 au Lycée technique d'Abidjan et aux courriers adressés au ministre de la Fonction publique et membre du SYNAFETP-CI (préavis de grève n°004-1/ 2003/ SYNAFETP - CI-CI/BEN/SG/ et lettre d'information aux adhérents dudit syndicat), fermeront leurs portes dans deux semaines. A moins que le nouveau ministre veuille bien prêter une attention particulière aux desiderata de ses collaborateurs.

Glodé Francelin



ECONOMIE

Gouvernement de réconciliation nationale
Tapé Doh Lucien (Président de la BCC) :
"Les paysans sont prêts à travailler avec les nouveaux ministres"

Les producteurs de café-cacao ne s'opposent pas aux nominations de Seydou Diarra à la tête du gouvernement et de Amadou Gon Coulibaly au ministère de l'Agriculture. Hier au cours d'un point de presse à l'immeuble CAISTAB au Plateau, le président de la Bourse du café et du cacao (BCC), Tapé Doh Lucien a indiqué que ces nominations ne poseraient aucun problème aux producteurs contrairement à ce que certains tentent de faire croire. Parlant de Seydou Diarra, il a fait remarquer que c'est bien lui qui a été le véritable initiateur des réformes actuelles de la filière sous la transition militaire. "Seydou Diarra a aussi été le Directeur commercial de la CAISTAB. Donc, il est au fait des réalités de la filière. Nous allons l'écouter et travailler avec lui pour faire avancer le pays", a-t-il promis. Pour Tapé Doh, après le changement intervenu à la tête du département agricole, les producteurs et les responsables de la filière en ont pris acte. Sans à priori. "Amadou Gon est un intellectuel ivoirien et c'est aussi un fils de paysans donc capable de connaître les difficultés que nous vivons. Nous sommes tous prèts à écouter à respecter et à travailler avec lui. Les paysans sont prêts à travailler avec les nouveaux ministres", a-t-il soutenu.
Il s'est par ailleurs élevé contre les rumeurs faisant état de ce que les producteurs de café-cacao seraient prêts à lâcher le président de l'ANAPROCI et du FDPCC Henri Amouzou. Pour lui, Amouzou mérite son poste pour avoir réussi à unir les paysans à leur offrir leur usine (SIFCA-COOP), à leur accorder les subventions et les engrais, etc. Il a invité les uns et les autres à oublier les querelles de personnes et à avancer. Pour le président de la BCC et les autres responsables de la filière s'ils cherchent à rencontrer les rebelles, c'est pour leur demander de "laisser les armes", et leur faire comprendre que les paysans n'ont pas donné l'argent à Gbagbo pour qu'il aille les tuer comme ils le pensent. "Si demain c'est Alassane Ouattara ou Bédié qui est le Président de la République confronté aux problèmes que nous vivons aujourd'hui, nous allons faire le même geste pour qu'ils défendent les intérêts des producteurs", a-t-il précisé. Avant de rassurer qu'il n'y a jamais eu de fracture entre la BCC et le FRC (Fonds de régulation du café cacao). "Nous devons tous rester unis dans la filière", a -t-il conseillé.

D.S.



Gestion de la Transition
Les petites erreurs qui fragilisent Seydou Diarra

Après la rencontre d'Accra qui a permis de lever d'importants obstacles à la mise en place du gouvernement de transition, le Premier Ministre semblait satisfait. Enfin, il pourrait s'atteler à la gestion, son domaine de prédilection. D'autant que de l'aveu de Seydou Diarra lui-même, le chef de l'Etat lui aurait demandé de lui laisser l'initiative de la chose politique. Le partage est donc clair : la politique à Laurent Gbagbo et l'économie à Seydou Diarra. Ce partage des rôles a été voulu par le premier et accepté, visiblement, par le second. En acceptant publiquement de s'inscrire dans cette voie tracée par le chef des Refondateurs, le Premier Ministre envoie, à n'en point douter, un mauvais signal. Car, si l'économie est aujourd'hui sinistrée, c'est bien parce que les différents pouvoirs ont mené des politiques néfastes. Si les entreprises ferment, si le pays est coupé en deux, si le chômage augmente, en définitive, si le pays vit une économie de subsistance, c'est parce que Laurent Gbagbo et ses prédécesseurs ont créé les conditions politiques de la crise. Dans ces conditions, il est à craindre que le Premier ministre qui veut donner l'image d'un technocrate se retrouve très vite cerné par un chef de l'Etat passé maître dans l'art de la manipulation politique. Car, faut-il le souligner, tous ceux qui s'opposent véritablement à l'action du gouvernement de transition sont des éléments du "puzzle" présidentiel. Convaincus que l'action politique de leur chef n'a aucune limite malgré Marcoussis et Accra, ils sont fondés à s'engager résolument dans la voie de la défiance face à Seydou Diarra et son équipe. Après avoir observé un mutisme troublant sur les graves dérives des médias d'Etat, le Premier ministre a eu l'occasion de prendre officiellement position à l'issue du dernier Conseil des ministres. Là encore, Seydou Diarra choisit d'envoyer un signal négatif. En soutenant qu'il s'est adressé à la presse à la demande du chef de l'Etat, il a tout simplement conforté dans leur position les animateurs des médias d'Etat qui défendent leur "Président", bec et ongles. Et qui ne sont jamais rappelés à l'ordre par ce dernier. Ce qui ressemble fort à un soutien tacite. En ne prenant pas les mesures correctives qui s'imposent au niveau des médias d'Etat, Seydou Diarra se prive à l'évidence d'un levier qui lui aurait permis de donner un signal fort à l'opinion nationale et internationale. Pourtant, ces médias sont un vecteur puissant du message de paix et de réconciliation qui veut faire passer. Seul ce message peut aider à rétablir la confiance sans laquelle aucune reconstruction, aucune relance n'est possible. A vouloir éviter à tous prix des frictions avec le chef de l'Etat, Seydou Diarra risque de s'installer dans une logique de concession à la chaîne et, pire, de compromissions. Et ce sera la fin de son action.

Kesy B. Jacob



Office ivoirien des chargeurs (OIC)
Les travailleurs dénoncent la "fermeture abusive" des entrepôts

La Direction générale du Port autonome d'Abidjan procède actuellement à la fermeture des entrepôts de l'Office ivoirien des chargeurs (OIC) dans le cadre d'un conflit qui l'oppose à cette entreprise. C'est pour dénoncer cette fermeture qu'ils qualifient "d'abusive" que les travailleurs de l'OIC étaient face à la presse hier au siège de leur société. Les délégués du personnel Mousso Paul, Doumé Jean-Patrick et Dembélé Karine ont estimé que le Port d'Abidjan vient ainsi de franchir le seuil dans le projet d'asphyxie de l'OIC. Ils ont rappelé, en effet, que déjà depuis le 11 juin 2002, l'OIC avait été dépossédée, manu militari, de son activité principale qui était le système de convoyage groupé (escorté) des camions de transport desmarchandises vers les pays sans littoral. Cette opération de fluidité routière lui avait pourtant coûté, en investissement, plus de six cent millions de francs cfa pour l'achat des équipements de compétence. Les recettes liées au trafic sur l'axe inter-Etats représentaient pour l'office, 80 % du chiffre d'affaires soit huit cent millions de Fcfa dont quatre cent vingt millions étaient consacrés au salaire des 156 employés de l'entreprise. Avec la lourde perte de la fluidité routière, l'OIC s'est vue, dès le 14 janvier dernier, dans l'obligation de se débarrasser des trois quarts du personnel soit 115 personnes pour un chômage technique de deux mois. Plus récemment encore, le 13 mars, le chômage technique a été renouvelé pour deux mois pour les mêmes travailleurs. L'office n'en pouvant plus, a gardé seulement trente-cinq travailleurs sur le terrain. Ceux-ci parvenaient à survivre grâce aux activités en entrepôt que le PAA vient de leur ravir. "Nous ne savons pas sur quelle base juridique nous sommes dépossédés des entrepôts. Chaque fois, c'est de façon manu militari que l'on nous affame. Nous lançons un cri de détresse à l'endroit du nouveau ministre des Transports Anaky Kobenan qui connaît bien les réalités de notre secteur. Venez voir, nous et nos familles", ont-ils, invité. Avant de préciser : "Nous ne voulons attaquer personne. Et nous ne sommes pas pour un quelconque camp dans le conflit. Nous demandons simplement à toutes les parties de songer à sauvegarder notre pain", ont précisé les délégués. Qui se réservent le droit de mener des "actions" pour "ne pas mourir de faim". Ils ont appelé le Directeur général du Port Marcel Gossio à tenir la promesse qu'il leur avait faite de ne pas les jeter dans la rue.

D.S.



Ministère du commerce
Amadou Soumahoro s'installe

Le nouveau ministre du Commerce M. Amadou Soumahoro a pris fonction le lundi 24 mars dernier. Il est désormais le responsable du Commerce extérieur qu'il avait déjà géré (août et décembre 2002), et le commerce intérieur où il succède à Mme Odette Sauyet. Cette dernière étant malade en ce moment, la passation de charges a eu lieu à son domicile sis à Cocody. La cérémonie a démarré à 18 heures 15 minutes en présence de Mme Christine Konan Secrétaire générale adjointe de la présidence de la République et de M. Alain Donwahi, Conseiller à la Sécurité et au Sport du Premier ministre. La ministre sortante du Commerce intérieure a dit son souci durant son exercice d'étendre le fonctionnement de son administration sur toute l'étendue du territoire nationale. Elle a ensuite laissé la parole à son Directeur de cabinet, M.Krigbeu Kossou. Celui-ci a fait un exposé sur les problèmes que laisse son équipe. Il s'agit entre autres, de la flambée des prix, des pénuries et dysfonctionnements des circuits de distribution en raison de la crise actuelle.
Le ministre Amadou Soumahoro a d'abord souhaité un prompt rétablissement à son prédécesseur. Avant de la féliciter pour avoir présidé "en toute responsabilité aux destinées du ministère du Commerce extérieur", pendant son absence. Il a ensuite prôné la paix et l'entente. "Comme l'imposent la grandeur et l'intérêt général de notre pays. Nous devons nous rencontrer, nous parler, nous tendre la main, réapprendre à vivre ensemble...", a-t-il souhaité. Il s'est dit conscient des difficultés qui l'attendent tout en promettant qu'aucun effort ne sera ménagé pour faire face à ces problèmes et proposer des solutions idoines.
Cissé Sindou


CULTURE

Maison de la Culture :
Le théâtre à ciel ouvert"Couleur Patrie" :
Le premier spectacle programmé

Le théâtre à ciel ouvert du Palais de la Culture de Treichville livré au mois de janvier dernier accueille ce samedi 29 mars 2003 son premier spectacle. "Couleur Patrie", une émission spéciale de TV2 s'y déroulera. Elle a pour objectif de participer à la réconciliation nationale entamée dans notre pays à travers des prestations d'artistes-musiciens. C'est pour cette raison que participeront à cette émission tous ceux qui, durant la crise ont mis sur le marché des albums patriotiques. Notamment Gadji Celi, Paul Mady's, Waï Zey's, le "Collectif Haut les cœurs", "Collectif Youssoumba", "Les Loyalistes", "Les jeunes Patriotes", ONU, "les Youlés Inter". Les artistes dont les œuvres se sont bien comportées sur le marché durant les années écoulées prendront également part à cette émission. Notons que le théâtre à ciel ouvert a une capacité d'accueil de cinq mille places. L'émission sera présentée par Dider Bléou, Mam Cool, Romy Roméo et bien d'autres. Une très belle fête en perspective. Le seul hic est que lors de la passation de charges qui a eu lieu le lundi dernier entre Koné Dramane et Mme Messou, l'ancien ministre a demandé à son successeur de nepas permettre la tenue d'aucun spectacle en ce lieu car, dit-il, il n'est pas assuré pour l'instant. L'émission spectacle de TV2 aura-t-elle effectivement lieu.

L.T

75ème cérémonie des Oscars
Le sacre de "Chicago"

La soixante quinzième cérémonie des Oscars, distinction suprême du cinéma américain, a réuni dimanche soir tout le gratin d'Hollywood à Los Angeles. Pour cause de guerre en Irak, la soirée, présentée par l'inénarrable Steve Martin, a été sobre : par le défilé de stars sur le tapis rouge. Aussi, les stars, ont arboré, pour la circonstance, des costumes noirs (pour les Hommes) et des robes somptueuses sombres (pour les Dames). Même si l'ombre de l'opération "Liberté en Irak" a plané sur la manifestation, elle a tout de même été efficace et surtout riche en émotions. Grand favori de la soirée, avec treize nominations, la comédie musicale de Rob Marshall, "Chicago", interprétée par Richard Gere, Renee Zellwegger, a raflé six oscars (meilleur film, meilleur montagne, et meilleur costume...), confirmant ainsi les pronostics. Autre lauréat de cette 75ème cérémonie des Oscars, "Le Pianiste" de Roman Polanski, accrédité de trois statuettes dorées dont le prix du meilleur réalisateur pour Roman Polanski absent pour des démêlés juridico-sentimentales (il est accusé d'avoir violé une fille de treize ans en 1977 aux USA), et meilleurs scénario d'adaptation. On note également les sacres attendus de Nicole Kidman, Oscar de la meilleure actrice pour son émouvante interprétation de d'écrivaine Virginia Wolf dans "The Hours" de Stephen Daldry. Et surtout Michael Moore, Oscar du meilleur documentaire pour son redoutable "Bowling for columbine". Quant au cinéaste Pedro Almodovar, il étoffe son palmarès avec un autre Oscar, celui du meilleur scénario original pour "Table to her". Cela dit, l'une des grandes surprises de la soirée a été, sans conteste Adrien Arody qui enlève l'Oscar du meilleur acteur (pour son pathétique rôle de musicien polonais juif durant la seconde Guerre mondiale dans "le Pianiste") sous le nez de "monstres" tels Jack Nicholson, Nicols Cage ou encore Daniel Day Lewis. Tandis que Catherine Zeta Jones s'adjugeait l'Oscar du meilleur second rôle féminin pour son interprétation dans "Chicago". Bien que salué par la critique, "le Seigneur des Anneaux : les deux Tous" n'est reparti qu'avec trois trophées (meilleurs effets spéciaux, maquillage, musicale).
Enfin, la grosse déception de la soirée a été "Gangs of New York" de Martin Scorsese qui, malgré ses onze nominations, n'a obtenu aucun Oscar.

Y.S.



Palmares

Meilleur film : Chicago de Rob Marshall
Meilleur réalisateur : Roman Polanski pour "le Pianiste"
Meilleur acteur : Adrien Brody ("Le Pianiste")
Meilleure actrice : Nicole Kidman (The Hours)
Meilleure actrice dans un second rôle : Catherine Zeta Jones (Chicago)
Meilleur documentaire : "Bowling for columbine" de Michael Moore
Meilleur Scénario adaptation : Le Pianiste de Roman Polanski
Meilleur Scénario original : Pedro Almodovar pour "Table to her"
Meilleur montage : Chicago de Rob Marshall
Meilleurs effets spéciaux : Le Seigneur des Anneaux : Les deux Tours
Meilleurs Costumes : Chicago
Meilleur Maquillage : Le Seigneur des Anneaux : Les deux Tours
Meilleure Photo : Les Sentiers de la Perdition
Meilleure Musique : Le Seigneur des Anneaux : Les deux Tours
Meilleure Chanson originale : Eminem
Oscar d'honneur : Peter O'Toole



Un cinéaste américain interpelle George W. Bush :
"Honte à vous, vous êtes fini"

Pas de doute. La 75ème soirée des Oscars s'est voulue une tribune contre la guerre. Bien qu'ayant décidé de placer la cérémonie sous le sceau de la sobriété, l'Académie des Arts et Sciences du cinéma avait souhaité implicitement que les acteurs, les réalisateurs, bref les stars ne fassent pas cas de la crise en Irak dans leur speech de remerciement. Mais c'était mal connaître les acteurs du septième Art. Et comme à la soirée des César, en février dernier à Paris, c'est le cinéaste Michael Moore, Oscar du "meilleur documentaire" pour son poignant "Bowling for Columbine", qui a mis les pieds dans le plat.
Très remonté par la guerre en Irak, le réalisateur a interpellé, de façon virulente, le Président américain. "Nous sommes à une époque, où un homme (George W. Bush) nous emmène à la guerre pour des raisons fictives. Nous sommes contre cette guerre. Honte à vous, George W. Bush, vous êtes fini", a-t-il martelé. Adrien Brody, Oscar du "meilleur acteur" pour son rôle dans "Le Pianiste" a, lui, appelé à la fin de la guerre. "J'accepte un Oscar dans un moment si bizarre, qui me montre la tristesse de la guerre", a-t-il dit. Avant de demander : "Priez pour une résolution rapide de la guerre". Quant à Frank Pierson, président de l'Académie des Arts et Sciences du cinéma, qu'on dit pourtant peu friand des polémiques, il a plaidé pour le retour de la paix en Irak. "Tous ceux qui sont au-delà de l'Atlantique, revenez bientôt à la maison. Aux gens de l'Irak, j'espère que nous allons vivre tous dans la paix", a-t-il affirmé, sous un tonnerre d'applaudissements. Les Oscars n'ont certes pas été reportés, comme beaucoup le souhaitaient, pour protester contre la guerre, mais, ils ont permis aux Stars du cinéma de se prononcer sur le conflit. Bien plus, ils ont servi de plate-forme pour une campagne au service de la paix.



Avant-première : "News un autre jour"
Une autre aventure de James Bond à voir au "Majestic"

Ce samedi, à partir de 17 heures, aura lieu au cinéma "Le Majestic", sis au Plateau, l'avant-première du film "News un autre jour", réalisé par Lee Tanohali. Ce vingtième film de la série la plus populaire de l'histoire du cinéma (James Bond) est proposé aux Ivoiriens par les partenaires que sont la Société ivoirienne de location de film (SILF), Orange et Nostalgie. Ces trois structures ont donné un point de presse hier au cinéma "Le Majestic". Notons que le tournage de ce film, sorti en décembre dernier aux Etats-Unis, a démarré depuis le 14 janvier 2002. Broccoli Pierce Brosnan, avec ce film, à sa quatrième aventure de James Bond dont il est, d'après la majorité des spectateurs, le meilleur interprète. Pierce Brosnan tient le haut de l'affiche avec l'actrice noir.e Américaine Halle Berry. Ce vingtième film de la série James Bond tourne autour d'une opération secrète menée en Corée du Nord par James Bond et deux de ses hommes. Cette opération est compromise par un traître non idendifié. Décidé de venger la mort de ses adjoints, l'agent 007 se lance en Hovercraft à travers un champ de mines de la zone démilitarisée. La poursuite se solde par la mort apparente du coupable : Le colonel nord-coréen, Moon (Will Yun Lee) dont le Lieutenant, Zao (Rick Yune) est grièvement blessé. Mais Bond est capturé et jeté dans une prison militaire... Le film reste à l'affiche au cinéma "Le Majestic" pendant deux semaines. Il sera ensuite récupéré par le cinéma "Primavera" pour encore deux semaines.

Liliane Tiépokin



International

Guerre en Irak : Dans le feu des complications diplomatiques
Bush "prisonnier" des vieilles rivalités Arabes

Les Etats-Unis ont insisté, lundi dernier, auprès de la Turquie pour qu'elle n'entre pas dans le Nord de l'Irak. "Nous ne voyons pas la nécessité d'une incursion turque et c'est ce que nous disons à nos amis Turcs", a déclaré le Secrétaire d'Etat américain, Colin Powell. Une telle intervention serait "parfaitement inacceptable", soutient le Premier ministre britannique Tony Blair. Le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, s'est fait encore plus direct, estimant "impensable que la Turquie rejoigne l'Europe si elle entre au Kurdistan". Ankara ne semble pas, pour le moment, tenir compte de ces objections des alliés.
Une telle attitude va-t-en-guerre pourrait faire revivre les vieilles rivalités arabes. On risque d'assister, sous peu, à une guerre dans la guerre. Si la Turquie entre dans le Nord de l'Irak, sans l'accord de Washington, elle applique de facto, de façon unilatérale, le principe d'une guerre préventive sur un territoire étranger. Ce serait la fin de la lune de miel entre Ankara et Washington. Aujourd'hui, le conflit du Kurdistan risque d'être ravivé par l'anti-américanisme et l'exaltation d'un nationalisme exacerbé. En cas d'attaque, les militaires Turcs pourraient être confrontés à la résistance des Pechmergas. La bataille, pour le contrôle des champs pétroliers de Mossoul et de Kirkouk pourrait déboucher, à terme, sur la création d'un Etat Kurde. Ce que redoute Ankara qui sera, vraisemblablement confronté à des manifestations au Kurdistan Turc. L'ex PKK réduit au silence, pourrait se réveiller et relancer sa guérilla avec l'appui des populations. Les affrontements de 1984 à janvier 1998 avaient fait plus de 28.000 morts. Abdullah Oçalan, le leader séparatiste du PKK (en prison) revendiquait, pour sa branche armée, dix mille hommes. Il avait des bases au Liban, sous contrôle syrien, iranien.
La crise risque donc de s'internationaliser. L'Iran, en embuscade, pourrait envoyer des soldats pour faire face à l'invasion turque au Kurdistan.
Assoumane Bamba



SPORTS

Football : Après six journées de championnat
Les arbitres invités à respecter les règles du jeu

Assurément, la décision de sanctionner quatre arbitres à la sixième journée du championnat national de football (D1), constitue un fait important dans le déroulement de la saison 2002-2003. La Fédération ivoirienne de football (FIF), à travers la Commission centrale des arbitres, marque un grand coup. Une décision à encourager afin de ramener à l'ordre "hommes en noir" souvent accusés de "mauvais arbitrage". S'il est vrai que pour améliorer le niveau de jeu des équipes, il faut de bons joueurs, il n'en demeure pas moins qu'un "bon arbitrage" contribuerait également au progrès des équipes. C'est ainsi que la FIF a entrepris des séminaires pour les partenaires du football ivoirien afin d'avoir une meilleure connaissance des règles du jeu. Mieux, les primes hebdomadaires des arbitres ont connu une hausse. On note donc que la Fédération encourage l'épanouissement des arbitres. Chose qui oblige désormais Jacques Anouma à sévir toutefois qu'un arbitre se rendra coupable d'erreurs au cours des matches. Cette nouvelle mesure de la FIF, rentre dans un programme de développement et de formation des arbitres et des formateurs d'arbitres à l'échelle continentale. Rappelons que depuis 1990, la CAF incite directement les fédérations de football à améliorer leurs "sifflets". En 1998, les arbitres ivoiriens avaient d'ailleurs bénéficié de deux stages de haut niveau de la CAF sous la supervision de M. Belaid Lamine, instructeur à la CAF. Aussi, la FIF avait-elle bénéficié d'un stage Futuro, initié par la FIFA. Mais, certains de nos arbitres ont semblé oublier les leçons de ces stages et qui ternissent l'image des rencontres. Chose souvent décriée par les joueurs, les dirigeants et les journalistes. La FIF doit continuer de prendre ses responsabilités. Ce qui pourrait faire prendre conscience aux arbitres de leur grande responsabilité en tant que "Maîtres du jeu".

Adam KHALIL


Eliminatoires de la CAN 2004
Burundi : Un grand inconnu pour les Eléphants

La sélection nationale du Burundi accueille les Eléphants de Côte d'Ivoire, le 29 mars prochain dans le cadre de la troisième journée des Eliminatoires de la CAN 2004. Mais, le Burundi reste un inconnu pour les joueurs de Robert Nouzaret. Et pourtant des témoignages recueillis sur le site Internet : www.sports-ivoire.ci, présentent le parcours du Burundi comme une équipe très ambitieuse. En effet, le Burundi compte plus de cinq millions de passionnés de football. Entouré du Rwanda, de la Tanzanie et de la République démocratique du Congo, le Burundi fait des curiosités du football africain. Et pourtant, le football burundais est l'un des plus anciens du continent. La Fédération, fondée en 1948, a toujours participé aux compétitions de la Confédération africaine de football (CAF). Et deux faits ont participé à l'éclosion du football burundais : l'institution du sport dans les établissements scolaires et l'organisation du sport dans les quartiers et villes du pays. C'est dans ces deux secteurs que le football burundais trouve un important réservoir de joueurs. Ainsi, en 1966, l'Espoir de Burundi (aujourd'hui Vital'O), opère une refonte de ses structures et fait la promotion de ses joueurs. Il en est de même pour l'autre club phare, l'Inter FC. L'équipe nationale y trouve aussi son compte puisqu'elle y puisera son ossature. Et en 1979, c'est le déclic. Le Vital'O a enregistré une victoire retentissante et historique en battant (7-3) le Simba sport de Tanzanie, considéré à l'époque comme "la terreur" de l'Afrique de l'Est. La Fédération burundaise encourage donc les clubs à participer activement aux joutes internationales. Et c'est le Vital'O qui symbolise le mieux les objectifs de la Fédération. En 1985, 1987, 1990 et 1992 (avec l'entraîneur algérien Rachid Chéraldi) où l'équipe burundaise joue les troubles fêtes dans les compétitions de la CAF. Aussi, la victoire (1-0) sur le Ghana, aux éliminatoires de la Coupe du Monde 1994, a forgé depuis lors un esprit conquérant chez les adversaires des Eléphants. Et avec la volonté qui anime le Burundi de participer pour la première fois à une phase finale de la CAN, on peut affirmer que ce ne sera pas une partie de plaisir pour les Eléphants.


Volley-ball : (2ème journée du Championnat national)
Eburnéa et Variété aux coudes à coudes

La deuxième journée du Championnat national de Volley-ball s'est jouée le samedi dernier. C'était au stade Robert Champroux de Marcory avec trois matches au programme. En première opposition, Abbes et ses partenaires de Variété ont ramené les étudiants de l'AUC à leurs copies. Après cinquante-huit minutes de jeu, ils ont battu les Etudiants par trois sets à zéro (25-18- ; 25-23 ; 25-20). La seconde opposition entre l'INJS et Plaisir VBC, a été un vrai moment de plaisir pour l'INJS. Battus lors de la première journée par Variété, le doyen Walid et ses coéquipiers ont dynamité leurs adversaires en trois sets à zéro, soit 25-13 ; 25-11 ; 25-15. Et ce, après 1h02 mn de jeu. Le champion en titre, Eburnéa Volley-ball club n'a pas eu de la peine à s'imposer à la formation du Stade d'Abidjan. Le capitaine Kouman Karim et ses coéquipiers, en cinquante-neuf minutes, ont expédié le Stade d'Abidjan par trois sets à zéro (25-20 ; 25-13 ; 25-19). l Les protégés du président Farhat Jawad montrent une fois de plus leur suprématie sur le volley-ball ivoirien. Toutefois, en ce début de championnat, Variété et Eburnéa se disputent la première place avec deux victoires chacun. La troisième journée est prévue le samedi prochain au stade Robert Champroux de Marcory. Avec des affiches intéressantes les unes que les autres. Pour la première rencontre, Variété sera face à l'INJS et à 16 heures, Plaisir en découdra avec Eburnéa. Le Red Star de son côté recevra l'AUC. Le Stade d'Abidjan est exempt pour cette journée.

Ouattara GAOUSSOU


Handball : Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe
Le Rombo en difficulté

Débutée le samedi dernier à Tunis, la dix-neuvième édition de la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe n'est pas une partie de plaisir pour les représentants ivoiriens. Après les difficultés rencontrées avant leur départ pour la capitale tunisienne, les Ivoiriens ont eu du mal à entrer dans les matches. lors de leur première sortie, les nos équipes ont fait piètre prestation. Après s'être inclinées face au Mouloudia d'Algérie avec un écart de six buts le samedi dernier, les championnes ivoiriennes (Rombo) ont concédé un nul face à l'Etoile du Congo. Des contre-performances qui éliminent Julie Toualy et ses camarades au premier tour. Mais, elles peuvent toujours entretenir l'espoir en cas de défaite de l'Etoile du Congo face au Mouloudia d'Alger. Et ce, par un écart de six buts. Le RAC de Légré Charles a, par contre, gagné son premier match contre le Lobito d'Angola. Un espoir de voir une équipe ivoirienne au second tour demeure.

O.G.



 

Contacts - Publicité - Abonnement

webmaster


Copyright © 2003 Le Patriote