|
![]() |
le
patriote n° 1089 du 17/04/03 POLITIQUE Dernières passations des charges Les dernières passations des charges
entre les ministres sortants et la dernière vague des ministres des
Forces nouvelles ont eu lieu hier mercredi à la Caistab au Plateau. Les
dispositions sécuritaires ont été un peu plus renforcées. C'est à
10h30 précises que les quatre ministres sont arrivés dans les locaux
du bâtiment sous forte escorte des soldats de la CEDEAO et de la Force
"Licorne". Le ministre d'Etat, ministre de la Communication,
Guillaume Soro, avait à ses côtés ses collègues Michel Gueu (Sports
et Loisirs), Tuo Fozié (Jeunesse et Culture civique) et Koné Messamba
(Victimes de guerre, exilés et déplacés). Yves M. Abiet Traits d'esprits Le pays s'écroule. Le mal a été diagnostiqué. A Marcoussis. Mais, la Refondation veut tout mettre. A la trappe. Pour une fois. La secte se révolte. "Il faut réviser la Constitution. Stopper le processus d'identification. Bannir l'appellation première Dame". Révolution de la secte ? Trop tôt pour le dire. Mais cette prise de position bouscule les habitudes. Les sceptiques ne désarment pas. Avec la secte, on ne sait jamais. Disent-ils. Alors, prudence ! Al Séni Condamné avant d'être jugé "Beaucoup de gens ont dit que j'ai
tué Guéi. Je ne dis rien parce que notre pays est en guerre et parce
que également je veux la vérité". Ces propos sont de Laurent
Gbagbo. Il les a lâchés lundi dernier, lors de sa rencontre avec les
populations Dan. Il a évoqué ce problème très sensible, avec le
style emphatique qui lui est si usuel lorsqu'il se trouve quelque peu
dans l'embarras. "Guéi ne peut pas mourir comme ça",
s'est-il même surpris à s'indigner sur l'assassinat de l'ancien chef
d'Etat. Il ne restait plus à l'époux de Simone qu'à essayer de
raboter les angles de son embarras en promettant pour l'illustre défunt
des funérailles grandioses, dignes de son rang. Mais surtout en
envisageant la mise en place d'une commission d'enquête pour élucider
les circonstances du drame. Koré Emmanuel Soro Guillaume (ministre d'Etat, ministre
de la Communication) : Lors de votre prise de fonction, vous releviez des dérives dans la presse auxquelles il va falloir mettre fin. Soro Guillaume : Il y a des dérives que nous avons constatées avant la crise. Ces dérives ont engendré des problèmes que nous allons nous atteler à corriger. Marcoussis a reconnu qu'il y avait effectivement des problèmes avec notre presse. Elle véhiculait la haine etc. Marcoussis a défini un programme et c'est ce programme que le ministre va s'atteler à appliquer. Vous êtes dans le gouvernement, et il y a des bombardements des forces régulières dans les zones que vous contrôlez. Qu'est-ce qui explique cela ? S.G : Nous sommes à la passation des charges parce que nous avons à prendre notre poste dans ce gouvernement. Ce qui se passe dans l'Ouest est totalement regrettable. Nous le dénonçons vigoureusement. Il faut aussi comprendre que cela peut être le fait de quelques radicaux qui ont de la difficulté à maîtriser le nouvel environnement et qui veulent entraver la réconciliation. C'est pourquoi j'ai dit, dans mon message, qu'il faut un courage politique et de la persévérance pour que la réconciliation puisse être réalisée en Côte d'Ivoire. Vous dénoncez cela en tant que Secrétaire général du MPCI ou en tant que membre du gouvernement ? S.G : Ecoutez, je viens de faire la passation des charges. Je suis Secrétaire général du mouvement. Autant l'ex-Premier ministre était président d'un parti et Premier ministre, autant je suis aujourd'hui ministre et Secrétaire général du MPCI. Je ne peux que dénoncer les choses au nom de mon organisation. Etes-vous satisfait aujourd'hui au plan de la sécurité ? S.G : Maintenant, la sécurité est assurée par la force "Licorne" et l'Ecoforce. Nous n'avons pas de raisons, dans le contexte de réconciliation, de craindre quoique ce soit. Je l'ai déjà déclaré, il faut du courage et nous sommes venus prendre nos fonctions. Nous allons travailler à la réalisation de la réconciliation nationale. Pensez-vous que les Ivoiriens sont prêts à pardonner aujourd'hui tout ce qui s'est passé ? S.G : Ecoutez, parlant d'Ivoiriens, il n'y a pas les ivoiriens d'un côté et nous de l'autre côté. Nous sommes des Ivoiriens. C'est ensemble que nous allons nous pardonner. Autant on peut reprocher des choses à tel camp, on peut le faire, également pour l'autre camp. La vraie réconciliation, c'est cela. Que les deux camps reconnaissent leur tort et aillent au pardon. Est-ce que vous allez vous repentir ? S.G : La presse a beaucoup à faire dans
ce sens-là. Elle doit se repentir. Parce que c'est elle qui a inoculé
le venin de la division en Côte d'Ivoire. Michel Gueu (ministre des Sports) : "Je voudrais saisir l'occasion qui
m'est offerte pour transformer cette cérémonie protocolaire de
passation des charges en une fête de famille. J'allais dire une fête
de retrouvailles, mais aussi un temps de pardon réciproque. Notre pays,
il est vrai, traverse des périodes difficiles. Tous ces faits font
partie de l'histoire d'une Nation. La nôtre, il faut chercher à la
circonscrire rapidement. C'est pourquoi, je crois, humblement qu'il est
du devoir de chaque Ivoirien et chaque Ivoirienne d'œuvrer activement
à la cohésion et à l'union des cœurs. A toutes les filles et à tous
les fils de la Côte d'Ivoire, je voudrais dire que c'est en frère et
en véritable patriote que je viens vers vous. Le samedi 08 mars
dernier, j'annonçais les couleurs depuis Accra lors d'une interview à
la fin de la rencontre d'Accra. Je souhaiterais que nous fassions table
rase du passé et que nous regardions résolument vers l'avenir pour le
bonheur de notre mère patrie. Je voudrais profiter de cet instant
solennel pour vous (ndlr, François Amichia, ancien ministre des Sports
et des Loisirs) remercier et vous féliciter pour l'immense travail que
vous avez abattu à la tête de ce difficile département des Sports et
Loisirs. J'espère être à même de suivre les sillons que vous avez
tracés. Vous êtes un grand sportif doublé d'un homme intègre. Nous
avons suivi votre savoir-faire lorsque vous avez géré le Comité de
soutien aux Eléphants. Soyez-en remercié, monsieur le ministre et cher
frère. Vous partez, vous n'êtes plus avec nous. Permettez-moi de
m'appuyer sur vous, en vous sollicitant, chaque fois que besoin se fera
sentir. J'envisage organiser, dans les saisons à venir, un tournoi de
football doté du trophée François Amichia. Mesdames et messieurs les
Directeurs et collaborateurs, des informations me sont parvenues selon
lesquelles, je pourrai compter sur votre équipe composée d'hommes
expérimentés, compétents et dynamiques. Je souhaite que nous nous
mettions les uns à la disposition des autres. Nous sommes condamnés à
nous entendre et à nous serrer les coudes pour mener à bon port le
bateau Sports et Loisirs. Propos retranscris par Yves M. Abiet Coulisses - Dacoury-Tabley à Abidjan Le chargé des Relations extérieures du MPCI, Dakoury-Tabley a effectué le déplacement dans la capitale ivoirienne, avec les ministres venus pour les passations des charges. L'ancien numéro deux du FPI qui a rallié le MPCI a été aperçu hier à la Caistab. Abondamment sollicité par les nombreux journalistes ivoiriens et étrangers, Dakoury-Tabley n'a pas fait de déclaration. - Le coup de radio Côte d'Ivoire C'est un coup de maître qu'a réussi Radio Côte d'Ivoire hier. Située pourtant à quelques mètres seulement du lieu de la passation des charges, Radio Côte d'Ivoire n'a pas fait le déplacement pour la couverture de l'événement. Les reporters sont arrivés sur les lieux à la fin de toutes les passations des charges. Ils ont tout de même recueilli les propos du ministre de la Communication. Pourquoi ce retard ? "C'est maintenant qu'on nous a dit de venir", ont répondu les reporters interrogés. - Honorat de Yédagne absent Là où Georges Aboké a fait le déplacement, en sa qualité de Directeur général de la RTI, Honorat de Yédagne, Directeur général de "Fraternité Matin" n'a pas pris la peine d'assister à la passation de charges de son ministre de tutelle, Guillaume Soro. Peut-être, était-il encore occupé à tenir des réunions anti-Soro. - Les religieux présents C'est l'une des rares passations des charges à laquelle ont assisté les religieux. Hier, des leaders religieux étaient présents à la cérémonie de passation des charges (la dernière). Ediemou Blin Jacob, responsable local de l'Eglise du Christianisme céleste, l'Imam Koné Idriss Koudouss et d'autres leaders religieux ont honoré de leur présence la cérémonie. Une grande première. - Sécurité plus renforcée Depuis le début des passations des
charges des ministres des Forces nouvelles, la sécurité est renforcée
aux alentours de la Caistab. Elle l'était encore plus hier en raison de
la présence de Guillaume Soro et de trois autres ministres issus du
MPCI qui prenaient leur fonction. Il fallait, à trois reprises, se
soumettre aux fouilles corporelles avant d'avoir accès à la salle. La guerre se poursuit à l'Ouest Les troupes gouvernementales sont encore
passées à l'offensive hier dans le Centre-Ouest du pays. Après
Danané, Zouan-Hounien et Mahapleu , mardi dernier, les hélicoptères
MI-24 ont axé leurs frappes sur la ville de Vavoua tenue par Koné
Zacharia, le chef des opérations militaires du MPCI dans cette ville. Issa Bamba Communiqué du MPCI Dans le communiqué de presse n°36-03 du
mardi 15 avril 2003, nous avons fait cas de frappes aériennes contre
les localités de Zouan-Hounien, Danané et Mahapleu. Le bilan
définitive pourrait alourdir le nombre de personnes tuées, compte-tenu
du fait que l'hélicoptère s'est par la suite attaqué au marché de la
localité de Mahapleu en tirant sur toute forme humaine. Fait à Bouaké, le mercredi 16 avril
2003 Visite aux Etats-Unis "Reconstruction de la Côte d'Ivoire
: la part de la communauté internationale". Le thème de la
conférence publique du leader du RDR le lundi dernier dans la salle de
conférence de l'Université Johns Hopkins, sise sur le Massachusetts
Avenue, à Washington DC a tenu toutes ses promesses. YMA Journées de réflexion des députés du
PDCI Les députés PDCI-RDA étaient lundi et mardi derniers à Bassam pour une table ronde au sortir de laquelle ils ont produit plusieurs résolutions, dont celle relative au planning d'exécution des Acords de Linas-Marcoussis que nous publions ci-dessous. RESOLUTION RELATIVE AU PLANNING D'EXECUTION DES ACCORDS DE LINAS-MARCOUSSIS Considérant que les accords de Linas
Marcoussis sont reconnus de tous comme la voie de sortie de la crise qui
frappe la Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002. RESOLUTION RELATIVE A L'UTILISATION DES MEDIAS D'ETAT Considérant : Fait à BASSAM, le 15 Avril 2003 Situation de crise en Côte d'Ivoire Bien que satisfait des progrès
réalisés dans la mise en place d'un nouveau gouvernement en Côte
d'Ivoire, le Conseil de sécurité a appelé à la cessation immédiate
des violences qui portent atteinte au processus de paix et de
réconciliation dans le pays. (Source : www.un.org) LA DECLARATION DU PRESIDENT DU CONSEIL DE SECURITE SUR LA COTE D'IVOIRE Les membres du Conseil se sont
félicités de la signature d'un nouveau décret de délégation de
pouvoirs au Premier Ministre ainsi que de la formation progressive du
gouvernement de réconciliation nationale. (Source : www.un.org) Attaques d'hélicoptères MI 24: Le Conseil de sécurité des Nations
Unies a décidé de demander au gouvernement ivoirien de cesser
d'utiliser ses hélicoptères de combat Mi-24 contre des localités
contrôlées par les rebelles, a-t-on appris mardi de source
diplomatique à l'Onu. (Source : AFP) Rapport du Secrétaire général de l'ONU
sur la Côte d'Ivoire Le 26 mars 2003, le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan était devant le Conseil de Sécurité pour présenter son rapport sur la crise en Côte d'Ivoire. Nous vous proposons la suite de ce rapport dont nous avons publié la deuxième partie dans notre édition d'hier, mercredi 16 avril. Impact économique et social du conflit 58• Le conflit en Côte d'Ivoire a mis fin à la croissance économique que le pays a enregistrée pendant les trois premiers trimestres de 2002. Il convient tout particulièrement de mentionner les conséquences négatives pour le secteur agricole, pilier de l'économie ivoirienne, ainsi que l'inflation qui a récemment connu une hausse spectaculaire, les prix ayant considérablement augmenté, en particulier dans les zones contrôlées par les mouvements rebelles dans le Nord et l'Ouest du pays. Les exportations de coton (produit essentiellement dans le Nord du pays) sont interrompues, ce qui a une incidence sur les moyens de subsistance d'environ 2,5 millions de personnes. Toutefois, les effets sur les exportations de cacao, qui représentent 40 % des exportations totales de la Côte d'Ivoire, ont été limités du fait de l'augmentation des cours sur le marché international. 59• Les effets de la crise se font
également ressentir sur les économies des autres pays de l'Afrique de
l'Ouest, la Côte d'Ivoire étant la principale économique de la
sous-région (elle représente 40 % du PIB de l'Union économique et
monétaire ouest-africaine et 15 % du PIB de la Communauté économique
des Etats de l'Afrique de l'Ouest). Les pays les plus touchés sont
notamment le Burkina Faso et le Mali, dont 70 % à 80 % du commerce
extérieur dans la région se fait avec la Côte d'Ivoire ou passe par
ce pays. Les frais de transport ont considérablement augmenté, ce qui
rend encore moins compétitives les économies de ces pays. En outre,
les pays de la sous-région ont subi d'énormes pertes sur les envois de
fonds car un grand nombre de travailleurs migrants ont dû retourner
dans leur pays d'origine. Questions relatives aux droits de l'homme 60• La situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire a fait l'objet d'un rapport publié le 24 janvier 2003 par le Haut Commissaire adjoint aux droits de l'homme (S/2003/90, annexe). La mission d'évaluation a reçu des informations allant dans le sens de ce rapport et faisant état de voies de faits généralisés perpétrés sur les civils par les groupes armés. Depuis la publication de ce rapport, davantage de violations des droits de l'homme ont été enregistrées, notamment le pillage et la destruction de biens privés lors des manifestations violentes qui ont suivi la signature de l'Accord de Linas-Marcoussis, tout comme la recrudescence de la violence contre les médias, en particulier l'attaque des locaux du journal Le Jour et de la station de radio privée Nostalgie, ainsi que l'enlèvement et le meurtre le 26 février d'un acteur bien connu, Camara Yêrêfê, qui aurait été commis par des escadrons de la mort à Abidjan. Par ailleurs, plus de 60 villageois auraient été tués lors d'une attaque de mercenaires libériens à Bangolo le 8 mars. 61• Outre une présence limitée du CICR, il n'y a guère de moyens sur le terrain pour surveiller la situation en matière de protection des populations vulnérables et en rendre compte. La mission d'évaluation a noté que toutes les parties ont appelé à la mise en place d'une forte présence d'organismes chargés de surveiller le respect des droits de l'homme et la situation humanitaire sur le terrain. Parallèlement à cette présence, l'ONU devrait sensibiliser tous les groupes armés au respect des droits de l'homme et du droit internationale humanitaire et, par-delà, des Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays. Outre la surveillance du respect des droits de l'homme et l'information y afférente, tous les protagonistes sur le terrain devraient, dans leurs activités, s'employer à protéger les populations vulnérables, notamment les personnes déplacées et les réfugiés. QQuestions relatives à l'information 62• Après les événements du 19 septembre 2002, de nombreux médias ivoiriens ont commencé à adopter un ton de plus en plus rhétorique, notamment en ayant recours à ce qui était généralement considéré comme des messages xénophobes, de la manipulation politique, des déclarations sans fondement et de l'incitation à la violence contre des individus ou groupes de personnes originaires de certains pays étrangers. La situation s'est quelque peu améliorée à la suite de la signature de l'accord de cessez-le-feu le 17 octobre 2002 et sous la pression de la communauté internationale, exercée notamment grâce aux contacts que mon Représentant spécial pour l'Afrique de l'Ouest a eus avec les parties dans le cadre des négociations en cours. Néanmoins, la teneur des informations diffusées par les médias demeure très violente et tendancieuse, ce qui atteste l'instabilité de la situation politique et continue de saper le tissu social du pays. Les attaques des médias visent maintenant les rebelles et toutes autres personnes qui ne sont pas considérées comme des patriotes, et plus récemment des objectifs politiques. Les médias et les gouvernements étrangers ont également été l'objet de vives critiques. 63• Les organismes des Nations Unies en Côte d'Ivoire et les représentants de la communauté internationale ont rapidement réagi, en faisant part de leurs préoccupations et en s'employant à atténuer les effets des messages xénophobes et de la propagande négative afin de créer un climat favorable à la promotion du dialogue et de la réconciliation. Face à la crise, un groupe de travail inter institutions des Nations Unies a élaboré un plan de communication visant à établir des liens plus étroits avec les médias ivoiriens et à mieux diffuser les informations revêtant une importance cruciale pour la population, en particulier en ce qui concerne les questions humanitaires. En outre, les organismes des Nations Unies ont appuyé les initiatives locales visant à diffuser, à travers les médias, des messages propres à promouvoir la réconciliation et l'harmonie. 64• S'agissant de l'interruption, depuis septembre 2002, des émissions locales diffusées en modulation de fréquence par Africa n°1, la BBC et Radio France Internationale ainsi que de celles de Radio Nostalgie, mon représentant spécial pour la Côte d'Ivoire a appelé l'attention des autorités sur les dispositions pertinentes de l'Accord de Linas-Marcoussis. C'est ainsi que Radio Nostalgie a repris ses émissions le 18 février 2003 tandis qu'Africa n°1, la BBC et RFI reprenaient les leurs le 28 février. 65• Le fait que nul n'ait manifestement à répondre des informations irresponsables diffusées qui caractérisent la situation actuelle atteste la nécessité de rechercher des moyens d'accroître l'efficacité des organismes nationaux de contrôle des médias, qu'il s'agisse de mécanismes relevant de l'Etat ou de ceux mis en place par les professionnels du secteur des médias, tout en garantissant le respect de la liberté d'expression. Il faudrait notamment appliquer des normes internationalement acceptables quant aux moyens de sanctionner l'incitation à la violence, à la haine et à la xénophobie. A l'heure actuelle, ni les structures d'Etat ni celles mises en place par les journalistes n'ont les moyens ou les ressources nécessaires pour s'acquitter efficacement de leur mandat. Sécurité du personnel des Nations Unies 66• Conformément aux recommandations de l'Equipe de gestion de la sécurité des Nations Unies sur le terrain, la phase trois du plan de sécurité (transfert du personnel non essentiel et des personnes à charge hors du pays) est entrée en vigueur à compter du 17 octobre 2002. La phase quatre (limitation du rôle des Nations Unies aux programmes d'urgence et aux opérations humanitaires) est ultérieurement entrée en vigueur le 5 février 2003 de sorte que seulement 82 membres du personnel essentiel, travaillant principalement pour des organismes humanitaires sont restés dans le pays. Le Président Gbagbo a fait part à la mission d'évaluation de sa déception face à la décision de mettre en œuvre la phase quatre du plan de sécurité au lendemain de la signature des accords de Linas-Marcoussis. Il convient de noter toutefois que la mise en œuvre de ces mesures de sécurité a été motivée par les manifestations violentes consécutives aux accords de partage du pouvoir dit "Accord de Kléber". 67• La principale tâche qui s'imposait à l'Equipe de gestion de la sécurité au titre des phases trois et quatre a été d'assurer efficacement la sécurité des organismes humanitaires en activité partout dans le pays et de maintenir un réseau de communication fiable à Abidjan afin de tenir le personnel resté sur place informé de la situation en matière de sécurité sur le terrain. L'accord conclu avec les FANCI, les Forces françaises et le MPCI concernant un cadre pratique pour les habilitations de sécurité a quelque peu facilité les évaluations et les opérations humanitaires de part et d'autre des différents fronts, mais la libre circulation du personnel humanitaire dans tout le pays est indispensable à la poursuite des activités. Impact économique et social du conflit 58• Le conflit en Côte d'Ivoire a mis fin à la croissance économique que le pays a enregistrée pendant les trois premiers trimestres de 2002. Il convient tout particulièrement de mentionner les conséquences négatives pour le secteur agricole, pilier de l'économie ivoirienne, ainsi que l'inflation qui a récemment connu une hausse spectaculaire, les prix ayant considérablement augmenté, en particulier dans les zones contrôlées par les mouvements rebelles dans le Nord et l'Ouest du pays. Les exportations de coton (produit essentiellement dans le Nord du pays) sont interrompues, ce qui a une incidence sur les moyens de subsistance d'environ 2,5 millions de personnes. Toutefois, les effets sur les exportations de cacao, qui représentent 40 % des exportations totales de la Côte d'Ivoire, ont été limités du fait de l'augmentation des cours sur le marché international. 59• Les effets de la crise se font également ressentir sur les économies des autres pays de l'Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire étant la principale économique de la sous-région (elle représente 40 % du PIB de l'Union économique et monétaire ouest-africaine et 15 % du PIB de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest). Les pays les plus touchés sont notamment le Burkina Faso et le Mali, dont 70 % à 80 % du commerce extérieur dans la région se fait avec la Côte d'Ivoire ou passe par ce pays. Les frais de transport ont considérablement augmenté, ce qui rend encore moins compétitives les économies de ces pays. En outre, les pays de la sous-région ont subi d'énormes pertes sur les envois de fonds car un grand nombre de travailleurs migrants ont dû retourner dans leur pays d'origine. Questions relatives aux droits de l'homme 60• La situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire a fait l'objet d'un rapport publié le 24 janvier 2003 par le Haut Commissaire adjoint aux droits de l'homme (S/2003/90, annexe). La mission d'évaluation a reçu des informations allant dans le sens de ce rapport et faisant état de voies de faits généralisés perpétrés sur les civils par les groupes armés. Depuis la publication de ce rapport, davantage de violations des droits de l'homme ont été enregistrées, notamment le pillage et la destruction de biens privés lors des manifestations violentes qui ont suivi la signature de l'Accord de Linas-Marcoussis, tout comme la recrudescence de la violence contre les médias, en particulier l'attaque des locaux du journal Le Jour et de la station de radio privée Nostalgie, ainsi que l'enlèvement et le meurtre le 26 février d'un acteur bien connu, Camara Yêrêfê, qui aurait été commis par des escadrons de la mort à Abidjan. Par ailleurs, plus de 60 villageois auraient été tués lors d'une attaque de mercenaires libériens à Bangolo le 8 mars. 61• Outre une présence limitée du
CICR, il n'y a guère de moyens sur le terrain pour surveiller la
situation en matière de protection des populations vulnérables et en
rendre compte. La mission d'évaluation a noté que toutes les parties
ont appelé à la mise en place d'une forte présence d'organismes
chargés de surveiller le respect des droits de l'homme et la situation
humanitaire sur le terrain. Parallèlement à cette présence, l'ONU
devrait sensibiliser tous les groupes armés au respect des droits de
l'homme et du droit internationale humanitaire et, par-delà, des
Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à
l'intérieur de leur propre pays. Outre la surveillance du respect des
droits de l'homme et l'information y afférente, tous les protagonistes
sur le terrain devraient, dans leurs activités, s'employer à protéger
les populations vulnérables, notamment les personnes déplacées et les
réfugiés. INTERNATIONAL De l'occidentalisme à l'impérialisme
américain L'impérialisme américain a été
consacré avec la chute du régime de Saddam Hussein. Longtemps fondu
dans l'occidentalisme qui fit les beaux jours de la colonisation en
Afrique, il s'est affranchi de la vieille opposition
occident-Union-soviétique. La chute du Mur de Berlin en 1989 et la
disparition plus tard, de l'Union soviétique favoriseront "l'unilatéralisme",
américain dénoncé dans la guerre en Irak. La notion de guerre
préventive sortie de l'antre du clan Bush a fait le reste. Assoumane Bamba Moyen-Orient Vision trop idyllique que celle
présentée par le président américain George Bush avant la fin du
régime Saddam Hussein. A ses yeux, un changement de régime en Irak
sèma les graines de la démocratie au Proche-Orient. "Une nouvelle
étape pour la paix", "un progrès vers un Etat palestinien
véritablement démocratique". A.B. CULTURE Producteurs d'œuvres musicales Produire une œuvre musicale semble, a
priori, facile. Pourtant, dès qu'on pénètre l'univers de la
production, la réalité est tout autre. Entre l'espoir et le désir de
faire fortune, ces hommes et femmes (producteurs) injectent souvent de
fortes sommes d'argent dans la confection d'un album. Hélas, le succès
n'est pas toujours au bout de l'investissement. Notre enquête. Mécanisme de production Quand une œuvre est mise sur le marché, le mélomane est loin de mesurer le chemin parcouru, de la maquette au produit fini. Avant d'entrer en studio, le producteur doit être sûr des qualités de l'artiste. Car, de la mauvaise appréciation des qualités de chanteur d'un artiste, peut découler la mévente de l'œuvre. C'est pourquoi, avec minutie, certains privilégient le look, le charisme, les potentialités vocales de l'artiste. "Ce qui me séduit chez l'artiste, indique Franck Sylva, c'est la voix et l'émotion qu'il ressort quand il chante". Selon un autre producteur qui a requis l'anonymat, "un artiste, c'est un tout : la voix, le physique, le feeling, la manière de s'habiller". "Moi, j'ai une commission d'écoute. Quand je veux produire une œuvre, je la lui soumets. Lorsqu'elle juge que le produit est bon, je m'engage", renchérit Djama Lakp Jean. Avec les "anciens" artistes les producteurs sont moins exigeants. Après donc le choix de l'artiste, le producteur opte selon le type de musique et la sensibilité de l'artiste et l'arrangeur. Dans le milieu de l'Arrangement, deux têtes fortes se dégagent : Olivier Blé pour le zouglou et David Tayorault qu'on dit esthète du genre youssoumba. A côté d'eux, il y a Koudou Athanase, Joël Kangah qui sont aussi sollicités. Pour la mise sur le marché de l'œuvre, il y a deux types de contrats : le contrat standard où le producteur reverse cinquante francs CFA sur chaque cassette vendue à l'artiste et le contrat qu'on pourrait qualifier de particulier. Là, le producteur impose un taux de vente minimum avant de payer les royalties de l'artiste. Cela permet au producteur, d'amortir son investissement. Les difficultés inhérentes à la production "La production quand ça marche, les gens pensent qu'on se sucre sur leur dos. Mais, il y a plus de déboires que de succès", avertit un producteur chevronné. Ces propos traduisent, les péripéties du métier du producteur, car la confection d'une œuvre musicale engloutit beaucoup d'argent. "Un bon produit coûte en moyenne entre trois et quatre millions", révèle Christian Kouassi. Le producteur doit, en effet, assurer la location du studio, à raison de cinquante à soixante mille francs CFA la séance, les cachets des musiciens (instrumentistes et choristes), leur transport. De plus, il doit payer à l'arrangeur entre quatre-vingts et trois cents mille francs CFA pour chaque titre arrangé. Après la confection de l'œuvre, la phase de promotion intervient. Celle-là est plus cruciale, d'autant qu'elle exige le double voire le triple du coût de l'enregistrement. "Quand tu finis un album, c'est maintenant que le plus dur commence", clament en chœur les producteurs. "C'est l'étape la plus coûteuse de la production", fait remarquer Angelo Kabila. "La promotion nécessite beaucoup d'argent", affirme Djama Lakp Jean. Mais déjà, en prélude à la sortie de l'album, le producteur doit s'acquitter de la moitié du prix des stickers qui seront apposés sur la jaquette, qui coûtent vingt-cinq francs CFA, la pièce. Ensuite, le producteur s'attaque à la promotion proprement dite qui consiste à communiquer autour du produit. Ce qui inclut des spots télévisés (cent soixante-dix mille francs CFA, le passage), des spots radio diffusés (vingt mille francs, le passage). De plus, il doit batailler dur pour obtenir des prestations de l'artiste sur le plateau des émissions comme "Tempo", "Panache" ou encore "On est ensemble". Et comme si cela ne suffisait pas, le producteur doit gérer, de même, les exigences que d'aucuns qualifient de caprices, de son artiste. "Je veux que tu m'achètes une maison, une voiture reclament bien des artistes", lâche Franck Djédjé Sylva. Une attitude que déplore également Angelo Kabila : "L'artiste pense à un moment donné que tu es son père. Son loyer, ses factures d'eau et d'électricité, c'est toi qui dois les pays" Djama Lakp Jean, est, lui, plus amer. "Les artistes ne sont pas reconnaissants", regrette-t-il. Lui qui a souffert de la duplicité du groupe Aboutou Roots (après avoir pris une avance avec Djama, le groupe a finalement signé avec BYZ Production à Paris) ou encore de "l'insolence" du chanteur Eddie. De sa collaboration avec ce chanteur, Djama Lakp garde l'une de ses plus douloureuses expériences de producteur. "J'ai signé, se souvient-il, un contrat avec Eddie pour trois albums. Peu après, il revient me dire qu'il souhaiterait qu'on ramène le contrat d'abord à deux albums puis à un seul". Des difficultés qui contrarient sérieusement les producteurs la plus importante est la saturation du marché musical. Trop de produits pour le consommateur Guidés ou attirés par l'appât du gain, les producteurs ignorent que "le dernier mot revient au consommateur". Le succès de certains groupes (Magic System, Espoir 2000, Les Garagistes, Petit Denis, Petit Yodé et l'Enfant Siro, Soum Bill...) aidant, beaucoup de businessmen investissent, à fond, dans la musique. Un petit calcul suffit pour se rendre compte de l'ampleur de la situation. Show-biz sort, au minimum, par mois, vingt œuvres. Si on y ajoute ceux de la "Nouvelle Jat Music", de "CID Center", d' "Ivoir Top Music", de "Tropic Music" ou encore de "ABK Distribution", l'on atteint facilement les cent sorties mensuelles. Du coup, le marché est saturé. "A peine tu commences la promotion d'un produit, que des nouveautés sortent", souligne un producteur. Face à ce boom, des producteurs sont furieux. "Les gens se fouttent de notre métier, s'indigne Angelo Kabila. Parce qu'un ou deux produits ont marché, tout le monde se lance dans la production. C'est un métier difficile mais qu'il faut prendre très au sérieux. Je propose qu'on exige une licence pour être producteur". Comme lui, la plupart des producteurs souhaitent que la profession soit régie par des règles, afin d'éviter que "des aventuriers s'y glissent". Pendant ce temps, d'aucuns préviennent : "Il faut craindre pour l'avenir de la production". Surtout que la conséquence directe de cette saturation du marché est la mévente des albums. De plus, il faut compter avec les aléas de la vie. "C'est vraiment un métier risqué. Vous pouvez sortir une œuvre aujourd'hui et demain, voici un coup d'Etat. Comme la Côte d'Ivoire en connaît régulièrement. Et tout tombe à l'eau", souligne Angelo Kabila. Qu'à cela ne tienne, la production n'est pas qu'une aventure périlleuse. Elle est souvent source de bonheur, teintée d'images fortes. Les bons points de la production Bien que le milieu du show-biz,
particulièrement celui de la production soit infesté de coups bas,
tels que la fumisterie, l'hypocrisie, etc, la profession procure tout de
même une satisfaction. "C'est un métier excitant. Tu es heureux
de promouvoir la musique ivoirienne", avoue Angelo Kabila. Une
satisfaction que partage également Christian Kouassi : "Je suis
fier d'avoir aidé des enfants comme les Fazolozo". Quant à Djama
Lakp Jean, il est, lui, moins euphorique. "Si tu n'es pas prêt à
subir, à encaisser les insolences, il ne faut pas te lancer dans la
production", conseille-t-il. Avant de reconnaître avoir éprouvé
une réelle satisfaction quand Glazaï Dohoun Kévin a affirmé, sur le
plateau de l'émission "Tonnerre" (diffusée sur la RTI
Première chaîne) que "Djama Lakp Jean l'avait produit".
"En général, il faut trois albums d'un artiste pour rentabiliser
la production. Le premier sert à faire connaître l'artiste, le
deuxième à amortir l'investissement fait et le troisième à le
rentabiliser" expliquent-ils. Cela dit, tous reconnaissent qu'avec
dix mille ventes, un produit est aussitôt rentable. Mais, certains
utilisent une méthode dite de "compensation" pour tenir la
cadence. "J'ai produit plusieurs artistes notamment Glazaï Dohoun
Kévin, Arno Lest, Eddie... Mais le succès des Garagistes m'a permis
d'éponger le déficit des autres productions. J'ai même pu faire des
réalisations", soutient Lakp Jean. Comme on le voit, la production
apporte souvent des bons points qui ne doivent pas faire perdre de vue
les difficultés de ce métier. car, parfois, un producteur peut
injecter douze millions dans un album et ne vendre que quelques
centaines de cassettes. Quand c'est le cas, la désillusion est totale,
pénible à surmonter. Pis, elle marque quelquefois à jamais, pour la
vie. Par Y. Sangaré Concert "Terre des hommes" "Terre des hommes", la
deuxième œuvre, en solo, de l'artiste zouglou, Soum Bill est sortie il
y a quelques mois. Et Dieu sait quel succès elle a rencontré au sein
de la population nationale et internationale. Malheureusement, l'artiste
avait privilégié les prestations à l'étranger au détriment de la
scène ivoirienne. Cette erreur sera réparée très bientôt.
L'artiste, pour la première fois depuis son départ du groupe "Les
Salopards", donnera deux concerts live comme tête d'affiche. Liliane Tiépokin |
Contacts
-
Publicité - Abonnement
|