le
patriote n° 1057 du 10/03/03
Pourparlers inter-ivoiriens à Accra
ADO propose le Général Ouassénan Koné à la Défense
Le pari audacieux de John Agyeman Kufuor
a été tenu. Les frères ennemis ivoiriens, sont parvenus à
implémenter en sol ghanéen, les accords de Linas-Marcoussis. Les
blocages faits par le FPI et qui ont conduit à une suspension de la
séance , le mercredi 5 mars, ont été vite, levés dès le jeudi 6
mars. Le Département d'Etat américain, selon l'agence de presse
ghanéenne (Ghanaian News Agency), a joint au téléphone le président
Kufuor et certains hommes politiques ivoiriens présents à Accra, pour
leur dire que les USA exigent que le gouvernement de Transition ne soit
plus retardé.
Le Président Kufuor a contacté, au téléphone , le président
ivoirien pour lui faire part de l'impatience des Etats-Unis et leur
intention d'actionner les clauses coercitives de la Résolution 1464
dès la prochaine réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU , le 14
mars, si les représentants de Gbagbo continuaient à faire obstacle à
une résolution pacifique de la crise. Gbagbo, à son tour, a appelé
AFFI N'Guessan et les blocages ont disparu.
Les pourparlers d'Accra ont été particulièrement âpres sur la
question des ministères -clés de la Défense et de l'Intérieur.
Déjà, à l'aéroport du GATL, avant d'embarquer à bord du Fokker 100
qui a conduit les délégations des politiques ivoiriennes à Accra,
tous les apartés tournaient autour de cette question. A qui fallait-il
confier la Défense et l'Intérieur, sans risquer des crises de colère
qui pourraient conduire à la remise en cause de Marcoussis ? Après des
heures d'empoignades verbales, un principe a été arrêté. On
donnerait le ministère de l'Intérieur, amputé de la police, aux
rebelles. La police et la Défense seraient regroupés au sein d'un
Conseil National de Défense et de sécurité, à mettre en place. Et,
c'est ce Conseil, qui de façon consensuelle, va proposer les noms des
ministres de la Défense et de la Sécurité, au président de la
République.
En attendant la mise sur pied de ce Conseil National, comment seraient
gérés la Défense et la Sécurité nationale?
Alassane Dramane Ouattara a, sur ce projet, fait une série de
propositions qui ont retenu l'attention de l'assistance.
"Nous venons de décider la création d'un conseil National de
Sécurité et de Défense, qui va proposer deux noms de personnes pour
occuper ces portes feuilles. Entre la création du CNDS et la nomination
des nouveaux ministres, il y aura un certain délai. Je propose que,
dans l'intervalle, ces deux postes soient confiés au Premier
ministre", a déclaré ADO. Sur les dix délégations présentes à
Accra, neuf ont approuvé cette idée. Seul le FPI s'y est fermement
opposé.
Après avoir tenté des heures durant, en vain, de fléchir la position
d'Affi N'Guessan, les autres délégués excédés, ont décidé de
passer outre et d'adopter cette proposition à la majorité. Le
président de séance, le ministre Ghanéen des Affaires étrangères,
Hachman Owusu-Agyemang, malgré le consensus réalisé à 90 %, ne
voulait pas que la question soit ainsi réglée. Il voulait un consensus
à tout prix. Cela a eu le don d'énerver certains participants. Ainsi,
Ben Suck porte-parole du MJP, lui a lancé : "Pourquoi vous vous
accrochez à cela ? Vous allez faire, on va vous parler mal ici".
Et Konaté Siriki du MPIGO de renchérir : "Pourquoi voulez-vous
être plus royaliste que le roi". Au cours des échanges, une
vérité s'est faite jour, qui expliquait l'intransigeance d'AFFI N'Guessan
et la gêne d'OWUSU-Agyeman. Gbagbo a déclaré qu'il n'accepterait
jamais que Seydou Diarra soit ministre de la Défense, "même pas
pour une heure".
Vu que la proposition de confier à Seydou Diarra la Défense et la
Sécurité rencontrait le véto de Gbagbo, ADO a fait une proposition
alternative.
Pour gérer l'Intérieur, il a proposé le Général de Division Gaston
Ouassénan Koné. Ce, à la surprise générale.
ADO a fait valoir les arguments suivants :
Ouassénan Koné est le plus gradé de tous les militaires capables
d'occuper ce poste (il est Général de division depuis au moins dix
ans) ; à Marcoussis comme à Accra, il a su garder sa dignité, n'a
jamais levé le doigt pour se faire voir et est très respecté aussi
bien chez les loyalistes que chez les rebelles. Par exemple, le Colonel
Gueu Michel du MPCI n'a jamais caché son admiration pour ce militaire
de haut rang. Le Général Ouassénan Koné, également n'a pas caché
son respect pour le Colonel Gueu. Ensuite, Ouassenan a été ministre de
l'Intérieur. Il est donc imprégné de la culture d'Etat. Il n'a jamais
été soupçonné d'être proche des rebelles et sur le plan politique,
personne ne le soupçonne d'être facilement manipulable par Gbagbo.
Il est du Nord, il est chrétien et est gendarme. Autant de qualités,
qui devraient lui permettre de gérer provisoirement le ministère de la
Défense, jusqu'à ce que le Conseil national de la Défense et de la
Sécurité proposent les noms pour occuper la Défense et la Sécurité.
La proposition a suscité des interrogations dans la salle dont celle de
l'intéressé, qui, visiblement, ne s'attendait pas à cela. L'idée a
séduit tout le monde. Mais, Djédjé Mady, qui en avait été informé
dans les couloirs, n'a pas jugé utile de défendre cette idée. Elle a
été évoquée trois fois au cours de la réunion, par divers
participants, mais la délégation du PDCI a refusé de défendre la
nomination du Général Ouassenan à la tête du ministère de la
Défense.
Par cela même, ce ministère et celui de l'Intérieur, resteront sans
titulaires provisoires. Le seul geste que le PDCI a consenti, c'est de
proposer le Général de Division, comme membre du futur Conseil
National de Défense et de Sécurité.
Touré Moussa
Gouvernement de réconciliation nationale
Le premier Conseil des ministres probablement le jeudi à Yamoussoukro
Laurent Gbagbo dotera-t-il enfin le pays
d'un gouvernement après la table ronde d'Accra ? La question est sur
toutes les lèvres. Les discussions inter ivoiriennes qui se sont
ouvertes, le jeudi 6 mars dernier, visaient principalement à parachever
le processus de Kléber sur la mise sur pied d'un gouvernement de
réconciliation nationale. Cette fois, plus d'accords verbaux. Tous les
partis ont signé un communiqué final qui fixe la clé de répartition
des ministères. Le Chef de l'Etat ivoirien a été consulté à chacune
des étapes du processus selon Albert Tevoedjré, le président du
Comité de Suivi desdits accords.
Cela dit, dans l'entourage du nouveau Premier ministre, ce ton est à
l'optimisme. Seydou Diarra a rencontré, hier après midi, le Président
de la République pour lui rendre compte officiellement des discussions
d'Accra et lui présenter l'ossature du nouveau gouvernement de 41
membres. Laurent Gbagbo, plus ouverts aux accords d'Accra qu'à ceux de
Kléber, a promis d'entériner le nouveau gouvernement dans les plus
brefs délais. Les choses pourraient aller très vite. Dès aujourd'hui,
les partis seront appelés à indiquer leurs représentants au Conseil
national de Défense et de Sécurité de quinze membres qui devra
proposer, de manière consensuelle au chef de l'Etat, deux
personnalités pour occuper la Défense et la Sécurité intérieure. La
première réunion de cette nouvelle instance pourrait se tenir demain
mardi.
Le même mardi 11 mars devrait également avoir lieu une cérémonie
importante : quarante-cinq jours après sa nomination, à Paris le 25
janvier, Seydou Elimane Diarra héritera officiellement des charges de
Affi N'Guessan, son prédécesseur. Une cérémonie de passation de
charges est prévue dans les locaux de la Primature au Plateau.
Enfin, des sources dignes de foi établissement que si tout va bien, le
premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement de réconciliation
nationale se tiendra le jeudi 11 mars 2003 à Yamoussoukro. La cité
d'Houphouët-Boigny a été proposée par le Premier ministre de
consensus pour des raisons de sécurité et surtout pour soustraire la
nouvelle équipe, notamment les "ministres rebelles" des
humeurs des "patriotes" proches du Président ivoirien. Avant
de donner son accord pour la tenue du premier Conseil à Yamoussoukro,
Laurent Gbagbo avait exigé de Seydou Diarra que tous les ministres
viennent à Abidjan. "De quoi ont-ils peur ? Qu'ils viennent pour
qu'on les hue", a-t-il lancé en privé. Les mêmes sources
indiquent que Yamoussoukro risque d'abriter le nouveau gouvernement, le
temps nécessaire pour régler les problèmes de sécurité des nouveaux
ministres et d'apaiser les tensions.
Quoiqu'il en soit, tout n'est pas réglé. Des incertitudes demeurent
concernant la nomination de deux personnalités dites de consensus aux
ministères de la Défense et de la Sécurité publique. Il ne sera pas
facile de réaliser un accord parfait entre la présidence ivoirienne et
les rebelles, deux camps antagonistes minés par la crise de confiance.
Des incertitudes planent également sur le décret d'habilitation du
Premier ministre. Laurent Gbagbo signera t-il enfin un transfert de
certaines compétences de l'Exécutif au nouveau Premier ministre comme
l'indiquent les accords de Marcoussis qui ne sont remis en cause par
aucune des parties ?
Pour contourner ces écueils, John Kufuor, le Président Ghanéen et
Kofi Annan, le Secrétaire général de l'ONU sont à pied d'œuvre. Ils
exercent sur Laurent Gbagbo des pressions discrètes. Ce dernier prend
les choses au sérieux d'autant plus que le Conseil de sécurité des
Nations Unies évaluera le processus de paix inter ivoirien au cours
d'une session spéciale le vendredi 14 mars. A cette date, personne,
même pas Laurent Gbagbo, ne veut endosser la responsabilité d'un
échec.
Méité Sindou
Comment le FPI a obtenu trois ministères
de plus que les autres
Le projet de gouvernement de Transition
que nous publions dans ce numéro comporte une grande différence avec
la clef de répartition décidée en marge du sommet des chefs d'Etat de
l'Avenue Kléber le 26 janvier dernier. Au lieu des 36 membres, l'actuel
projet comporte 39 ministères dont douze dit "d'Etat". Il y a
donc eu trois nouveaux départements qui se sont greffés sur les sept
du FPI.
A Accra, le parti de Laurent Gbagbo a menacé de tout faire échouer
s'il ne lui était pas attribué la moitié des sièges du gouvernement,
selon le projet-Gbagbo (46 membres) et la totalité des ministres de
souveraineté : Justice, Economie et Finances, Défense, Intérieur,
Affaires Etrangères). "Nous avons consenti une sacrifice immense
en laissant la Primature", ont souligné dans leurs déclarations
à la table ronde, MM. Affi N'Guessan et Hubert Oulaye, délégués du
FPI.
La barre était montée très haut et il a fallu l'entregent des
facilitateurs dont le ministre ghanéen des Affaires étrangères, M.
Hachman Owusu-Ogyemang pour ramener le représentant du FPI à la raison
en engageant ces discussions bilatérales avec chacune des
délégations. On ne peut pas bouger sur les ministères de
souveraineté, soutiennent toujours Affi et Oulaye. Seuls contre tous,
ils ont perturbé le cour normal de la réunion. Seulement, Djédjé
Mady du PDCI partageait la position des frontistes. Selon nos
informations, le Secrétaire général du PDCI plaidait pour que
"les ministères de souveraineté reviennent au chef de l'Etat".
Ses démarches se justifiait par le fait que dans leur lobbying, les
délégués du pouvoir ont promis que sera nommé aux affaires
Etrangères, une personnalité proche du PDCI. Ce qui porterait le
nombre de leur ministre à huit., deux pour l'UDPCI à qui il a été
promis un poste supplémentaire par la nomination d'un membre de ce
parti à un ministère technique. Certainement Djédjé Mady et Bleu
Lainé étaient pressentis pour ces deux "cadeau
empoisonnés". Ça n'a pas marché. Finalement, le FPI a dû
céder. Au lieu des 23 ministères qu'il exigeait, la table ronde lui en
a attribué dix, dont un seul, dit de souveraineté.
Charles Sanga
Menaces et incertitudes planent toujours
Les partis politiques et mouvements
rebelles ivoiriens ont signé samedi dernier à Accra un accord qui
finalise la composition du gouvernement de réconciliation nationale.
Hormis la Défense et l'Intérieur pour qui les palabres vont continuer
pour la désignation des titulaires, les autres départements ont été
attribués aux différents protagonistes de la crise politico-militaire.
Théoriquement, le pays devrait maintenant amorcer la sortie de crise.
Théoriquement seulement. Dans les faits, rien n'est encore gagné pour
la paix.
Premier problème, et non des moindres, la délégation des pouvoirs du
Président au Premier ministre. A Linas-Marcoussis, les acteurs de
l'accord de sortie de crise ont décidé que le chef de l'Etat
transfère les pouvoirs de l'Exécutif au Premier ministre de consensus
qui reste en place jusqu'aux prochaines élections générales. Sur ce
chapitre, le communiqué final d'Accra insiste sur l'urgence de cette
délégation qui doit intervenir au plus tard le 14 mars prochain. Mais,
jusqu'ici, Laurent Gbagbo s'est voulu intransigeant sur la question.
Pour lui, une telle situation fait glisser le pouvoir ivoirien du
régime présidentiel au régime semi-présidentiel. Là-dessus,
l'époux de Simone Ehivet s'est voulu intraitable. "Chaque fois
qu'il y aura une opposition entre Marcoussis et la Constitution,
j'appliquerai la Constitution", avait-il averti le 07 février dans
son adresse à la Nation. Sa position va-t-elle évoluer ? Rien n'est
moins sûr. La communauté internationale, l'ONU au premier rang met la
pression. Albert Tévoédjré, le représentant du secrétaire général
de l'organisation internationale au Comité de suivi des accords de
Marcoussis ne cesse de réaffirmer sa foi en la délégation rapide des
pouvoirs au Premier ministre de consensus. Mais, avec Laurent Gbagbo
rien n'est gagné d'avance.
Autre point qui plane comme une épée de Damoclès sur la mise en place
effective du nouveau gouvernement, le droit de veto que s'arroge Laurent
Gbagbo sur les ministrables des différents partis et mouvements
rebelles. Malgré le communiqué final d'Accra qui affirme que les
ministres sont proposés par leur parti ou mouvement et que le
président doit respecter ces choix, Gbagbo Laurent s'oppose d'ores et
déjà à l'entrée dans l'équipe Seydou Diarra de Khalilou Camara du
RDR, Benzo Dagobert du PDCI et Louis Dakoury-Tabley du MPCI. La
guéguerre qui s'annonce risque de retarder voire de bloquer la mise en
place du gouvernement. Dans les partis concernés, on ne semble pas
prêt de céder aux caprices et orgueil de Laurent Gbagbo. "Ce
n'est pas un gouvernement FPI qui est en formation. Les humeurs du
Président ou les rancunes de son épouse ne sauraient prendre le pas
sur les impératifs de réconciliation nationale", a déclaré avec
une pointe de colère, un participant aux négociations d'Accra.
Autre point d'achoppement, la désignation des futures titulaires de la
Défense et l'Intérieur. Cela doit se faire dans le cadre du Conseil
national de sécurité. Ce Conseil formé en plus du Président de la
République et d'un Premier ministre comprend des représentants de tous
les partis signataires de Marcoussis en plus de ceux des FANCI, de la
gendarmerie et de la police.
Le consensus, mode de désignation de ces deux ministres, risque
d'attendre longtemps. Tant les antagonismes sont profonds et les
intérêts en jeu importants. Dans un pays divisé à fonctionnement
démocratique illusoire, celui qui contrôle l'armée et les forces de
défense est le véritable maître du jeu. Toute chose qui annonce des
bagarres homériques au sein du conseil de national de Sécurité.
Enfin, on ne saurait minimiser les capacités de nuisance des
"Jeunes et femmes patriotes". Certains de ces
"fauves" du régime avaient déjà commencé à exiger des
barricades à l'annonce des accords d'Accra. Jean-Yves Dibopieu, un des
leaders des "Jeunes patriotes" a annoncé hier lors d'une
conférence de presse que son mouvement rejetait le gouvernement conclu
à Accra et toute présence rebelle à Abidjan. Comme quoi, après six
mois de guerre, la Côte d'Ivoire n'est pas encore sortie de l'ornière.
D. Al Séni
Ce qu'ont dit les délégués ivoiriens
Au sortir des discussions d'Accra qui ont
abouti à la répartition des portefeuilles ministériels, des
délégués ivoiriens ont confié leurs sentiments aux journalistes.
Nous vous proposons leurs réactions diffusées par la Première Chaîne
(RTI), samedi dernier.
Déli Gaspard (Chef des opérations
militaires du MJP) :
" Cet accord est une satisfaction pour moi”
- Déli Gaspard : Nous avons parcouru un
peu certains pays africains pour nous retrouver aujourd'hui à Accra.
C'est une satisfaction pour moi que cet accord soit signé. C'est un
grand moment dans l'histoire de notre pays. Il faut savoir, comme disait
feu Houphouët-Boigny, déposer les armes pour pouvoir dialoguer. Je
pense que le dialogue a triomphé. Voici que toutes les filles et tous
les fils de la Côte d'Ivoire se sont retrouvés à Accra pour sceller
la paix après six mois de guerre.
Gueu Michel (Chef des opérations
militaires, MPCI) :
" Nous demandons pardons aux Ivoiriens "
- Gueu Michel :C'est un moment
inoubliable. Je bénis le Seigneur de nous avoir réunis ici pour se
donner la main. Je voudrais profiter de cette occasion pour une fois
encore réitérer tout le pardon à toutes les populations de Côte
d'Ivoire pour tout le mal qu'on a du fait aux uns et autres. Que ces
populations nous comprennent, que nous avons dû prendre les armes pour
des raisons qui nous sont propres. Nous leur demandons pardon".
• RTI : Pensez-vous que dans ces zones, les armes vont se taire après
la signature de cet accord ?
- D.G. : Absolument. Les zones contrôlées par le MPCI, il n'y a aucun
problème. C'est l'Ouest qui nous crée quelques problèmes. Mais, je
pense que c'est une question de temps. Rapidement, on va y mettre de
l'ordre.
Roger Banchi (Porte-parole du MPIGO) :
"Il faut œuvrer réellement ensemble "
"Je suis toujours satisfait dès que
des hommes et des femmes se retrouvent pour rechercher la paix. Il faut
tout mettre en œuvre pour qu'on arrive progressivement à une paix
totale. Aujourd'hui, il ne s'agit plus de combat entre deux forces. Il y
a certainement des désordres de bandes armées incontrôlées. Il
faudra que le nouveau gouvernement s'appuie sur les uns et les autres
pour mettre fin à tout cela. Parce que, ce dont il s'agit dans l'Ouest
aujourd'hui, ce ne sont pas des combats classiques entre deux armées.
C'est une situation de désordre général causé par des civils qui
commettent des exactions contre les uns et les autres où une tuerie
entraîne une vengeance. Une vengeance entraîne une vengeance. En fin
de compte, on n'en finit plus. Il faut mettre fin à cela. Et cela ne
pourra se faire que dans un environnement de paix retrouvé. La
situation est très critique à l'Ouest. On ne peut pas dire
aujourd'hui, qu'une seule personne a la possibilité de contrôler ce
qui se passe à l'Ouest. Il faut œuvrer réellement et ensemble".
• RTI : A Linas-Marcoussis, il y a eu
un accord qui a été signé, cela n'a pas marché. Vous êtes venus à
Accra pour signer un autre. Pensez-vous, cette fois-ci, que cela
ramènera la paix ?
- Vous l'avez vu, nous avons ces deux jours beaucoup parlé. Nous avons
tout fait pour qu'il y ait des garanties qui puissent amener une paix
durable. C'est une chance. Ce qui s'est passé à Accra est une question
de chance. Nous, notre cœur est ouvert. Si en face, le Président
Laurent Gbagbo peut ouvrir le sien. Ensemble, mais dans la main en toute
sincérité, la confiance va se construire pour qu'on n'en arrive à une
paix durable. Une nouvelle ère peut s'ouvrir réellement pour les
Ivoiriens. Nous sommes aussi fatigués que nos frères d'en face de
cette guerre qui n'a plus de sens.
Soro Guillaume (Secrétaire général du
MPCI) :
" Réconcilions-nous pour la paix"
- Soro Guillaume : Comment ne peut pas
être satisfait quand nous avons célébré la paix. Nous sommes venus
à Accra pour trouver la paix. Nous avons investi toutes nos
intelligences. Aujourd'hui, nous avons scellé la paix. Je pense que
c'est une bonne chose pour les Ivoiriens. Nous avons toujours affirmé
que les armes se sont imposés à nous dans l'objectif de tracer les
sillons de la démocratie. Nous pensons que ce processus nous engage
véritablement dans la voie de la démocratie et nous souhaitons que les
uns et les autres respectent les engagements qu'ils ont pris.
• RTI : Avec cet accord, pensez-vous que les armes vont se taire
véritablement sur les différents fronts ?
- S. G. : Bien entendu. Personne ne se plaît à la guerre. Je dois vous
signaler que la guerre n'est pas une activité ludique. Vous le savez,
nous respectons nos engagements. Nous croyons à la force du compromis.
Qui suppose que les uns et les autres fassent des concessions
nécessaires et utiles à la réconciliation nationale.
• RTI : C'est donc un jour nouveau qui se lève pour la Côte
d'Ivoire, une adresse particulière pour le peuple ivoirien ?
- S. G. : Nous devons l'espérer. Nous devons croire que la
réconciliation est possible. Si en Afrique du Sud, Nelson Mandela a pu
réconcilier tous les Sud-Africains, ce n'est pas nous en Côte d'Ivoire
qui ne pourrons pas donner ce symbole de la réconciliation au monde
entier. Réconcilions-nous pour que la paix soit de mise en Côte
d'Ivoire, et que l'Unité nationale soit notre credo et je le souhaite
vivement. En ce qui nous concerne, nous aurons le courage politique pour
expliquer à nos populations et faire en sorte qu'elles adhèrent
pleinement et totalement aux accords que nous avons librement signés.
Alassane Dramane Ouattara (Président du
RDR) :
" Il ne faut pas décevoir nos frères et sœurs"
- Alassane D. Ouattara : Nous sommes
émus. Nous sommes heureux. C'est un commencement. Il y a un effort qui
a été fait par tous. Il faut prier. Il faut faire en sorte que nous ne
décevions pas nos frères et nos sœurs en Côte d'Ivoire. Nous avons
besoin d'avoir de la confiance. Nous avons besoin, certains des hommes
politiques de demander pardon à nos frères, à nos sœurs et à nos
parents. Que ce soient nos frères du Nord, du Sud, de l'Est, de
l'Ouest, du Centre. Que les Ivoiriens se retrouvent et travaillent dans
la paix et reconstruisent la belle Côte d'Ivoire que nous avons
connue".
Affi N'Guessan (Président du FPI) :
" Nous sommes satisfaits”
- Pascal Affi N'Guessan : Nous sommes
relativement satisfaits. Nous sommes satisfaits parce qu'ici aussi et en
terre africaine, nous avons réussi à nous entendre sur un document
pour continuer notre marche sur la voie de la paix. Cela est une grande
satisfaction parce que, vous savez que depuis plusieurs mois, nous
discutons pour rechercher une voie de paix. Nous avons discuté à
Lomé, nous n'avons pas eu un point d'accord formel sur la paix. Nous
avons été à Marcoussis, nous avons eu un accord. Cela a suscité
toutes les controverses que vous connaissez. L'accord d'Accra vient
consolider les acquis de Marcoussis. Cela est une satisfaction pour
nous. Nous avons passé deux jours, deux nuits sans sommeil, mais nous
en sortons très heureux. Parce que l'accord va permettre à la Côte
d'Ivoire de retrouver la paix et permettre aux frères ivoiriens qui
étaient des ennemis hier de s'embrasser, de se retrouver et permettre
à la Côte d'Ivoire, notre cher pays, de redémarrer. Nous prions tous
nos frères de l'Ouest, du Centre de pardonner les uns et les autres, de
se sentir d'abord Ivoiriens, de se sentir fils de ce pays et de pouvoir
pardonner pour qu'on se retrouve pour que cette Côte d'Ivoire se
reconstruise.
• RTI : A Marcoussis, vous avez eu à signer un accord, cela n'a pas
marché. Apparemment, vous êtes arrivés à Accra. Vous pensez que
toutes les conditions sont réunies pour que cet accord marche ?
- P.A.N. : L'accord de Marcoussis n'a pas marché, c'est trop dit. C'est
parce que cet accord a marché que nous sommes là aujourd'hui pour
mettre sur pied, les modalités d'application. Pour sortir d'une guerre
et le lendemain se retrouver tel que nous l'avons fait à Accra. Ce
n'est pas facile. C'est quand on a le soutien du Seigneur que cela
arrive. C'est pourquoi nous sommes très heureux d'être ici pour sortir
ce résultat. Pour permettre à l'accord de marcher, ce sont tous les
Ivoiriens qui doivent se mettre à l'œuvre. Tous les patriotes
ivoiriens doivent se sentir patriotes et permettre au Président de la
République de remettre le bateau Ivoire sur les flots.
Siki Blon Blaise (UDPCI) : " Enfin, c'est terminé"
“C'est le début de la vraie fin de
souffrance. Parce qu'aucun de ceux que j'ai vus ici ne peut retourner en
Côte d'Ivoire et dire à ses hommes de reprendre les armes contre des
populations ivoiriennes ou contre des soldats ivoiriens ou contre qui
que ce soit. Il faudra que cette même attitude soit acceptée de
l'autre côté. On peut vraiment dire aux Ivoiriens qu'enfin, c'est
terminé. Peut-être qu'il y aura ça et là de petites escarmouches à
cause d'éléments plus ou moins bien contrôlés. C'est un peu ce qui
se vit à la fin de toutes les guerres. Mais vraiment, c'est la fin. On
peut être satisfait, on peut dire à tous les Ivoiriens de reprendre
espoir. Ces pires moments sont derrière nous. Nous pouvons déjà
commencer à les oublier”.
Alphonse Djédjé Mady (Secrétaire
général du PDCI) :
"C'est l'intérêt de la Côte d'Ivoire qui a prédominé"
"Le PDCI est satisfait du résultat
auquel on est parvenu. Le PDCI pense que l'étape qui a manqué aux
négociations de Marcoussis et à la rapidité des décisions de
Kléber, c'est cette étape qui vient d'être franchie. C'est ce fossé
qui vient d'être comblé. Les partis devraient se concerter dans
l'esprit de Marcoussis après les travaux pour la formation d'un
gouvernement. Cela vient d'être fait. Nous pensons qu'une fois encore,
c'est l'intérêt de la Côte d'Ivoire qui a prédominé. Chacun a dû
renoncer à quelque chose pour arriver à un consensus pour la formation
du gouvernement. Le PDCi croit que si chacun s'emploie et si nous avons
l'aide de toute la population ivoirienne et des amis de la Côte
d'Ivoire, la mise en œuvre des conclusions d'Accra devraient permettre
un nouveau départ et l'espoir certain pour le retour de la paix. Dans
les relations humaines, les premières garanties, c'est nous-mêmes.
Notre volonté d'aboutir. Car, si nous n'avons pas la volonté
d'aboutir, aucune garantie ne peut être assurée par une conférence.
La garantie, c'est notre bonne foi. La garantie, c'est notre volonté de
saigner, notre volonté de faire naître une nouvelle confiance, notre
volonté de nous faire confiance les uns aux autres pour démarrer. Bien
sûr, lorsqu'on est en guerre ou lorsqu'on veut sortir d'une guerre, il
y a des réticences. Mais, s'il n'y a pas de part et d'autre la volonté
de cheminer ensemble, aucune garantie ne peut prévaloir. C'est
pourquoi, je pense que la première garantie, c'est l'aide que Dieu
pourra nous apporter pour que nos cœurs soient ouverts au pardon. Que
nos cœurs soient ouverts aux autres. Qu'il nous donne la volonté de
nous pardonner les uns, les autres et la main dans la main de chercher
à reconstruire le pays.
Seydou Elimane Diarra (Premier ministre)
:
" Le plus dur vient d’être fait"
- Seydou E. Diarra : Ce qu'on a signé,
ce sont les partis politiques qui ont signé. Je n'étais que
facilitateur à Marcoussis. Aujourd'hui, les partis politiques ont vu
qu'ils prenaient du retard. Je crois que chacun a été sensibilité sur
ses responsabilités. Je pense que c'est _expression aujourd'hui de
cette responsabilité qui s'est confirmée dans l'accord.
• RTI : Vous avez peiné après Marcoussis et Kléber pour constituer
le gouvernement. Pensez-vous qu'on peut être confiant aujourd'hui
après cet accord qui va être signé pour la suite de votre programme ?
- S.E.D. : Ecoutez, si je suis confiant, c'est pour la suite de mon
programme. Le plus dur, c'est ce qu'on vient de faire. Heureusement, le
Président Gbagbo me dit, la politique moi, je vais la faire pour toi.
Pour ce qui est de la gestion du gouvernement, je pense que je suis un
gestionnaire. C'est mon métier. Donc, je suis à l'aise.
• RTI : On connaîtra le gouvernement, on nous l'a dit avant le 14
mars. Dès maintenant, on peut avoir quelques précisions ?
- S.E.D. : Il faut que je laisse ce privilège au Président de la
République. Lorsqu'il va accepter l'architecture gouvernementale, on
pourra se mettre en place.
Albert Tevoedjré (président du Comité
de Suivi) :
" La Côte d'Ivoire a décidé de revivre"
- Albert Tevoedjré : Il est important
pour nous que nous puissions, à partir du geste posé aujourd'hui de
dire à la communauté internationale que la Côte d'Ivoire a décidé
de revivre. La Côte d'ivoire a décidé d'être plus en sécurité et
de s'ouvrir à son propre développement et à la Communauté
internationale. Je voudrais vous encourager et vous dire que non
seulement j'ai foi que l'acte posé permettra d'avoir bientôt un
gouvernement. Ce gouvernement sera mis au travail, dans le temps qui lui
est imparti. Sous la conduite du Premier ministre, il réussira les
prouesses qui sont attendues de lui. J'ai foi que le Président de la
République déléguera les pouvoirs nécessaires pour que ce
gouvernement achève son travail. J'ai foi que grâce à cela, la Côte
d'Ivoire sera de nouveau au cœur de la communauté internationale,
brisera l'isolement qui est un peu le sien aujourd'hui. Je ne suis pas
inquiet pour le processus de réconciliation. J'ai vu des Ivoiriens
désireux d'aller de l'avant. J'ai eu des entretiens à toutes les
étapes avec le Président Gbagbo. Qu'il s'agisse des forces nouvelles,
du PDCI, du RDR, du FPI... tout le monde a mis du sien pour que nous
ayons un gouvernement afin que le travail se fasse maintenant. Sur le
terrain, tout n'est pas terminé. Il y a des escarmouches. Le
communiqué final de la rencontre d'Accra appelle toutes les parties à
gérer de manière responsable ces problèmes d'exactions qu'on trouve
ici et là il faut tout de même maîtriser. Je crois que la Côte
d'Ivoire est décidée à maintenir la situation.
Jean Konan Banny (doyen des délégués)
:
"Unissons nos efforts dans l'amour et la fraternité"
- Jean-Konan Banny : Nous ne sommes pas
là pour distribuer des sanctions ou des félicitations. Ce qui a été
positif dans les actes de nos jeunes frères qui ont compris qu'il leur
fallait eux aussi s'ils veulent vivre dans un pays uni, fraternel, faire
des concessions. Ils ont accepté en renonçant à certaines
dispositions qui avaient été prises en leur faveur ont permis
aujourd'hui de signer ce document. Merci jeunes frères. Merci, parce
que je crois que vous avez compris que de toute manière, si l'on veut
s'asseoir pour tisser une nouvelle natte, c'est sur la veille que l'on
s'assoit pour continuer l'œuvre. Prenons l'engagement tous ensemble
d'avoir aucun objectif d'œuvrer au renforcement de notre fraternité.
Prenons l'engagement de faire en sorte que dans ce pays de Côte
d'Ivoire que nous allons rebâtir que nul ne sente rejeter. Œuvrons en
sorte pour que personne ne se sente humilier. Unissons nos efforts dans
l'amour et la fraternité pour bâtir la Nation ivoirienne, une nation
forte. Parce qu'elle est "fondée sur la justice et l'équité, une
nation forte parce qu'elle sera le berceau de l'amour.
Propos retranscrits Par K. Marras D.
(Source La Première)
Voici le Projet de gouvernement de 39
ministres proposé à Gbagbo
A. Premier ministre, Chef du gouvernement
B.1 Front Populaire Ivoirien (FPI)
1 Ministre d'Etat, Ministre de l'Economie et Finances
2 Ministre d'Etat, Ministre des Mines et de l'Energie
3 Ministre de la Construction et de l'Urbanisme
4 Ministre de la Fonction publique et de l'Emploi
5 Ministre des Eaux et Forêts
6 Ministre de l'Education nationale
7 Ministre des Relations avec les Institutions de la République
8 Ministre de la Solidarité et de la Sécurité Sociale
9 Ministre de la Lutte contre le SIDA
10 Ministre en charge de la Réconciliation nationale
B.2 Parti Démocratique de Côte d'Ivoire
(PDCI)
1 Ministre d'Etat, Ministre des Affaires étrangères
2 Ministre d'Etat, Ministre des Infrastructures économiques
3 Ministre de l'Industrie et du Développement du Secteur Privé
4 Ministre de la Production animale et des Ressources halieutiques
5 Ministre de la Culture et de la Francophonie
6 Ministre du Plan et du Développement
7 Ministre des Cultes
B.3 Rassemblement des Républicains (RDR)
1 Ministre d'Etat, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice
2 Ministre d'Etat, Ministre de l'Agriculture
3 Ministre de l'Enseignement Supérieur
4 Ministre du Tourisme
5 Ministre du Commerce
6 Ministre des Nouvelles Technologies et des Télécommunications
7 Ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfant
B.4 Mouvement Patriotique de Côte
d'Ivoire (MPCI)
1 Ministre d'Etat, Ministre de l'Administration du Territoire
2 Ministre d'Etat, Ministre de la Communication
3 Ministre des Victimes de la Guerre, des Déplacés et exilés
4 Ministre des Sports et Loisirs
5 Ministre de la Jeunesse et du Service Civique
6 Ministre de la Recherche Scientifique
7 Ministre de l'Artisanat et de l'Encadrement du Secteur informel
B.5 Union pour la Démocratie et pour la
Paix en Côte d'Ivoire (UDPCI
1 Ministre d'Etat, Ministre de la Santé et de la Population
2 Ministre de la Réforme administrative
B.6 Parti Ivoirien des Travailleurs (PIT)
1 Ministre d'Etat, Ministre de l'Environnement
2 Ministre des Droits de l'Homme
B.7 Mouvement des Forces de l'Avenir
(MFA)
1 Ministre d'Etat, Ministre des Transports
B.8 Union Démocratique et Citoyenne
(UDCY)
1 Ministre d'Etat, Ministre de l'Intégration Régionale et Union
africaine
B.9 Mouvement pour la Justice et la Paix
(MJP)
1 Ministre de l'Enseignement Technique et de la Formation
professionnelle
B.10 Mouvement Patriotique Ivoirien du
Grand Ouest (MPIGO)
1 Ministre des Petites et Moyennes entreprises
Signature des différentes leaders
politiques
Pour le FPI
Pascal Affi N'Guessan
Pour le MJP
Gaspard Deli
Pour le MPIGO
Roger Banchi
Pour le PIT
Francis Wodié
Pour l'UDCY
Théodore Mel Eg
Pour le MFA
Innocent Kobenan Anaky
Pour le MPCI
Guillaume Soro
Pour le PDCI-RDA
Alphonse Djédjé Mady
Pour le RDR
Alassane Dramane Ouattara
Pour l'UDPCI
Paul Akoto Yao
Table Ronde d'Accra sur la Côte d'Ivoire
Le Communiqué final de la rencontre
1.A l'invitation de Son Excellence
Monsieur John Agyekum Kufuor, Président de la République du Ghana,
Président en exercice de la CEDEAO, une Table Ronde des forces
politiques ivoiriennes signataires de l'Accord de Linas Marcoussis,
s'est
2.Ont participé à cette Table Ronde les formations suivantes : FPI,
MFA, MJP, MPCI, MPIGO, PDCI-RDA, PIT, RDR, UDCY, UDPCI. Et comme
facilitateurs, le Président du Comité de Suivi de l'Accord de
Marcoussis, Professeur Albert Tévoédjré, le Secrétaire Exécutif de
la CEDEAO, Docteur Mohamed Ibn Chambas, le Représentant Spécial du
Secrétaire Exécutif de la CEDEAO, Monsieur Raph Uwechue, le
Représentant Spécial de l'Organisation Internationale de la
Francophonie, Monsieur Lansana Kouyaté, le Représentant Spécial de
l'Union Africaine, Monsieur André Salifou. La réunion s'est tenue sous
la haute présidence du Président Kufuor, assisté de Son Excellence
Monsieur Hackman Owusu-Agyemang, ministre des Affaires étrangères du
Ghana.
3.Suite à la présentation faite par le Premier ministre de consensus,
Son excellence Seydou Elimane Diarra, sur l'état de mise en œuvre de
l'accord de Marcoussis, les représentants des différentes forces
politiques ont procédé à un large échange de vues sur les
difficultés auxquelles se heurtent les efforts déployés par le
Premier ministre pour la formation du gouvernement.
4.La Table Ronde réaffirme sa volonté d'adhésion à l'accord de
Marcoussis considéré unanimement comme cadre de résolution durable de
la crise ivoirienne. A cette fin, les participants ont pris l'engagement
de collaborer avec le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre
Seydou Diarra en vue de mettre en place un gouvernement de
réconciliation nationale équilibré.
5.Se référant à l'accord de Marcoussis, la Table Ronde réaffirme la
nécessité de préserver l'intégrité territoriale de la Côte
d'Ivoire, le respect de ses institutions et la restauration de
l'autorité de l'Etat. Elle rappelle son attachement au principe de
l'accession au pouvoir et de son exercice de façon démocratique. La
Table Ronde réaffirme par ailleurs, l'autorité du Président Laurent
Gbagbo, en sa qualité de Chef de l'Etat, Chef suprême des Armées,
garant de la Constitution et des institutions républicaines.
6.Elle salue la volonté du Chef de l'Etat d'appliquer l'Accord de
Marcoussis, notamment par la mise en œuvre, avant le 14 mars 2003, des
dispositions pertinentes relatives à :
a) la délégation des pouvoirs au Gouvernement ;
b) la formation d'un gouvernement de réconciliation nationale.
7.Concernant la formation du gouvernement de réconciliation nationale
et en vue de sortir de l'impasse actuelle, la Table Ronde recommande :
c) La création d'urgence d'un Conseil National de Sécurité de quinze
(15) membres comprenant, le Président de la République, le Premier
ministre, un représentant de chacune des forces politiques signataires
de l'accord de Marcoussis, un représentant des FANCI, un représentant
de la Gendarmerie Nationale et un représentant de la Police Nationale
pour concourir à la bonne gestion des ministères de la Défense et de
la Sécurité Intérieure. Sur proposition de ce conseil, le Premier
ministre soumettra, dans les plus brefs délais, au Président de la
République, en vue de leur nomination aux postes de ministre de la
Défense et de ministre de la Sécurité, des personnalités choisies
sur une base consensuelle.
d) L'attribution au MPCI de deux ministères d'Etat : le ministère de
l'Administration du Territoire et le ministère de la Communication.
e) Le respect des choix faits par les forces politiques de leurs
représentants au gouvernement.
8.La Table Ronde invite le gouvernement ivoirien, de concert avec les
troupes françaises et celles de la CEDEAO à prendre immédiatement
toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection et la
sécurité des participants à la Table Ronde de MArcoussis, des membres
du gouvernement en particulier et de la population en général.
9.La table ronde rappelle la nécessité pour toutes les forces en
présence de faire cesser immédiatement les massacres et tueries ainsi
que toutes les exactions commises dans leurs zones d'opération.
10.Par ailleurs, en vue de promouvoir l'esprit de réconciliation
nationale, la Table Ronde lance un appel solennel aux acteurs
socio-politiques et aux médias afin qu'ils s'engagent résolument à
soutenir le processus de mise en œuvre de l'accord de Marcoussis. Elle
demande également la libération immédiate de tous les prisonniers
politiques et prisonniers de guerre.
11.La Table Ronde rend un hommage appuyé au Président John Agyekum
Kufuor pour avoir initié cette rencontre et pour les sages conseils
prodigués aux participants en vue de les engager à placer l'intérêt
supérieur de la Nation ivoirienne au-dessus des intérêts individuels.
12.Les participants à la Table Ronde expriment leurs sincères
remerciements au Secrétaire Exécutif de la CEDEAO pour sa
détermination et son implication personnelle dans la résolution de la
crise ivoirienne.
13.La Table Ronde exprime sa profonde gratitude au Président et aux
membres du Comité de Suivi pour le rôle essentiel qu'ils jouent dans
la résolution du conflit. Elle les appelle à veiller scrupuleusement
au respect des termes de l'accord de Marcoussis, et demande à toutes
les parties de leur apporter une pleine coopération.
2. Elle adresse ses vifs remerciements et sa profonde gratitude au
Président Kufuor, au gouvernement et au peuple Ghanéens pour leur
accueil chaleureux et leur fraternelle hospitalité.
Fait à Accra, le 7 mars 2003
Pour le FPI
Pascal Affi N'guessan
Pour le MJP
Gaspard Deli
Pour le MPIGO
Roger Banchi
Pour le PIT
Francis Wodié
Pour le MFA
Innocent Kobena Anaky
Pour le MPCi
Guillaume Soro
Pour le PDCI-RDA
Alphonse Djédjé Mady
Pour le RDR
Alassane Dramane Ouattara
Pour l'UDPCI
Paul Akoto Yao
Honorable Hachman Owusu-Agyemang
Président
Conseil ministériel de Médiation et de Sécurité de la CEDEAO
Bouaké :
Soro Guillaume (Secrétaire général du MPCI) à son arrivée à
Bouaké
"Nous n'avons pas donné la Défense à l'adversaire"
Samedi 8 mars 2003, il est 19 heures
précises, lorsque le transval français (avion militaire) se pose sur
les pistes de l'aéroport de Bouaké. Il a à son bord pour le MPCI, le
Secrétaire général, M. Soro Guillaume, le porte-parole, Konaté
Siriki, le chef des opérations militaires, le Colonel Gueu Michel et le
chef des opérations militaires de Bouaké, l'Adjudant Tuo Fozié. Pour
le MPIGO, il y avait M. Roger Banchi et pour le MJP, le Commandant Dely
Gaspard et Ben Souk.
Attendus par une forte escorte militaire, les représentants des forces
nouvelles dès leur arrivée, ne se sont pas fait prier pour se rendre
au Secrétariat général du MPCI pour faire le point après trois jours
de négociations à Accra. Où toutes les forces ivoiriennes,
signataires des accords de Marcoussis, se sont rencontrées pour la
Constitution du gouvernement de réconciliation après Kléber. Si avant
de s'y rendre les rebelles avaient déclaré que "Accra ne sera pas
un Marcoussis bis, ni un Kléber bis", les choses, quant à elles,
se sont déroulées autrement.
D'autant que les ministères de la Défense et de l'Intérieur ne sont
plus exclusivement aux mains des rebelles. Pour le Colonel Gueu Michel,
qui s'adressait au Sergent Chérif Ousmane et ses hommes restés sur
place pour assurer les arrières du MPCI, "les nouvelles sont
bonnes".
D'autant que les Forces nouvelles "devront superviser
l'administration territoriale, apprécier les préfets, les
sous-préfets, les maires, confectionner les cartes nationales
d'identité et organiser les élections".
Quant au Secrétaire général, M. Soro Guillaume, celui-ci a estimé
que Laurent Gbagbo faisant opposition à l'application des accords de
Marcoussis, "il fallait dans un premier temps que Marcoussis soit
appliqué. Je pense que c'est le plus important".
En termes de postes ministériels, le Secrétaire général du MPCI dit
avoir obtenu des postes très importants. "Nous avons eu des
ministères importants. D'autant plus qu'on n'a pas donné la Défense
à l'adversaire. Et que même à la Défense, nous y sommes. Puisque
c'est le Conseil national de Sécurité, comprenant le MPCI, le MJP et
le MPIGO qui réfléchira sur la question de la Défense et de la
Sécurité avec tous les partis politiques signataires", a-t-il
déclaré.
Le leader du MPCI se félicite d'avoir obtenu une partie du ministère
de l'Intérieur, qui est l'administration territoriale, chargée des
affaires administratives, sur toute l'étendue du territoire.
Il se réjouit d'avoir obtenu le ministère de la Communication :
"Je crois que la crise actuelle que nous connaissons, qui est une
crise identitaire, a été d'abord provoquée par les médias. C'est
dans la presse, à la télé, qu'on a semé la dose de l'ivoirité.
Parmi tous les ministères, celui de la Communication est stratégique
et nous permettra de faire véhiculer le vrai message de la
fraternité", a-t-il expliqué, avant d'ajouter qu'il a obtenu des
portes stratégiques qui intègrent le combat que les forces nouvelles
ont entrepris.
Quant à la question de la délégation de pouvoir au Premier ministre
Seydou Diarra, M. Soro Guillaume pense que le MPCI a gagné le combat.
Parce que le principe selon lequel Laurent Gbagbo doit signer la
délégation de pouvoir est un acquis. Mais, c'est M. Konaté Siriki,
porte-parole du Mouvement qui ira plus loin à propos de cette affaire.
"Dans le texte d'Accra, il est écrit que M. Gbagbo doit signer la
délégation de pouvoir dans 48 heures. Nous attendons mardi soir pour
voir ce qui adviendra", dira-t-il.
Pour lui donc, les Forces nouvelles sont satisfaites dans l'ensemble,
étant donné que Accra a permis aux autres partis politiques, à part
le FPI, de réaffirmer leur soutien aux accords de Marcoussis.
Kader Diaby
(Correspondant)
Entrée sur le territoire français
Les passeports diplomatiques désormais soumis aux visas
La France a pris la décision de mettre,
sur le même pied, les détenteurs de passeports diplomatiques ivoiriens
et les possesseurs de passeports ordinaires. En effet, les premiers
seront soumis aux visas. C'est-à-dire qu'un bénéficiaire du passeport
diplomatique ivoirien ne sera plus exempt du visa. Le Secrétaire
général du ministère des Affaires étrangères, des Ivoiriens de
l'étranger a déclaré, à la télévision ivoirienne, que ses services
en ont été informés par l'ancienne puissance coloniale par
l'entremise d'un simple communiqué. Il n'a pas manqué de déplorer
cette attitude unilatérale de la France.
Et qui prendra effet à partir du 15 mars prochain. Qu'est-ce qui a bien
pu motiver cette décision française ? Le collaborateur du ministre
Abou Drahamane Sangaré ne l'a pas dit. Selon nos sources, tout en
reconnaissant à chaque pays le pouvoir discrétionnaire de délivrer
les passeports diplomatiques à ses citoyens, la France s'est rendu
compte qu'en Côte d'Ivoire, il existe une certaine anarchie dans
l'attribution de ce précieux document de voyage. Comment comprendre, en
effet, que certains responsables des "jeunes patriotes", dont
Tapé Koulou et Blé Goudé disposent de passeports diplomatiques. Alors
qu'on ne leur connaît aucune activité officielle.
C'est parce qu'ils possèdent ce document que ces deux individus et bien
d'autres, après avoir appelé à des manifestations, sautent dans le
premier avion pour aller se reposer en France.
Toujours selon nos sources, le Quai D'Orsay avait pris cette décision
au sommet de Linas Marcoussis sur la crise ivoirienne.
Yves M A
Dans l'enfer de l'Ouest ivoirien
L'armée française intercepte et désarme 110 combattants libériens
des FANCI à Duékoué
L'Ouest de la Côte d'Ivoire est devenue
un second Viet-Nam. La guerre bat son plein dans cette région où les
"chiens de guerre", prospèrent. Mais les militaires français
stationnés à Duékoué ont intercepté et désarmé vendredi soir, 110
combattants libériens, combattant pour le compte du gouvernement
ivoirien.
Selon le porte-parole de l'Opération "Licorne", le
Lieutenant-Colonel Philippe Perret, ces combattants venant du Nord de
Duékoué appartiennent aux "forces Limas", des supplétifs
libériens combattant aux côtés des FANCI (Forces armées nationales
de Côte d'Ivoire). Ils sont pour l'instant détenus sous la garde de
militaires français en attendant l'arrivée sur place des autorités
ivoiriennes et du Haut Commissariat pour les réfugiés. Selon le
Lieutenant-Colonel Perret, ces combattants qui pourraient être pris en
charge par le HCR font l'objet d'une enquête pour voir s'ils ont pris
part aux combats.
Vendredi soir, des sources concordantes avaient indiqué que des combats
s'étaient déroulés en cours de journée à Bangolo, une position
tenue par les rebelles du Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP). Le
porte-parole de l'Etat-major des forces armées ivoiriennes, le
Lieutenant-Colonel Jules Yao Yao a indiqué dans un communiqué qu'aucun
élément des forces régulières n'était impliqué dans ces combats
bien qu'il ait admis que des affrontements aient eu lieu dans cette
zone.
Selon Jules Yao Yao, outre les forces régulières, plusieurs groupes
opèrent dans cette zone : "Les combatants tant du MPIGO et du MJP,
les mercenaires libériens agissant pour le compte du MJP et les
pillards libériens opérant pour leur propre compte".
Selon l'Etat-major ivoirien, il faut ajouter à ces factions, le
Mouvement de libération du Grand Ouest et plusieurs comités
d'autodéfense villageois "luttant contre les pillards et les
rebelles". Le Lieutenant-Colonel Philippe Perret, a trouvé les
mots justes pour peindre le drame à l'Ouest : "Les Libériens
présents dans le Grand-Ouest de la Côte d'Ivoire ont été
instrumentalisés de part et d'autre. Tout le monde a joué avec le
feu", accuse-t-il.
Assoumane Bamba
Lieutenant-Colonel Yao Yao Jules
(porte-parole des FANCI) :
"Nous n'avons pas de combattants libériens à nos côtés"
Soupçonné d'enrôler des combattants
libériens pour mener des attaques à Bangolo, l'Etat-major de l'armée
régulière a rejeté en bloc cette accusation. Hier sur RFI, le
porte-parole des FANCI, Yao Yao Jules s'est défendu.
"Nous tenons à dire que nous ne
sommes mêlés ni de près ni de loin à cette affaire. Depuis à peu
près deux mois, nous n'avons de cesse à attirer l'attention de la
communauté internationale sur le grand désordre qu'il y a dans l'Ouest
de notre pays. L'une des inquiétudes que nous avons manifestée est que
cette affaire ne se transforme en guerre tribale. Il y a du tout dans
cette zone-là. Je crois qu'il faut éviter de dire que les combattants
qui ont été arrêtés à Bangolo agissent pour le compte des forces
régulières. Nous réfutons cette accusation.
RFI : On parle d'une collaboration étroite entre les FANCI et ses
combattants libériens ?
Y.Y. : Ecoutez, c'est comme il y a une collaboration entre certains
mercenaires libériens avec les rebelles du MPIGO et du MJP. Je crois
qu'il n'y a pas lieu de polémiquer sur ces détails. Il faut tout
simplement noter que dans l'Ouest, il se passe beaucoup de choses et
tous nous avons intérêt à ce que cela cesse.
Meeting du PDCI à Cocody
Ouassenan ovationné, Djédjé Mady boudé
Elle s'était voulue au départ une
manifestation de soutien aux actions des Parlementaires. Mais elle s'est
vite transformée en un rappel à l'ordre du Secrétaire général de
leur parti.
Hier au cours d'un meeting à la Maison du parti à Cocody, les
responsables du Grand Conseil, des femmes et des jeunes du PDCI ont
demandé à Djédjé Mady de faire en sorte que leur parti ne soit pas
à la remorque du parti au pouvoir. "Armons-nous de courage et
prenons notre distance vis-à-vis du FPI. Adoptez une ligne de conduite
claire et digne", a déclaré Mme Koné Colette, au nom des femmes.
"Le PDCI doit être un parti d'opposition. Il ne doit pas avoir
peur de lutter contre Gbagbo", a martelé le responsable des jeunes
du parti de Bédié, dans un tonnerre d'applaudissements, avant
d'annoncer des actions de masse à mener dans quelques jours.
Quant à Assemian Benson, qui s'exprimait au nom des Secrétaires
généraux de section, il a appelé à une grande manifestation pour
dénoncer les escadrons de la mort qui ont ôté la vie à plusieurs
responsables politiques et qui ont faillé enlever les ministres Kacou
Guikahué, Ehui Bernard.
Fortement attendu après les propos des différents intervenants,
Djédjé Mady a fait savoir que tout ce qu'il fait, il l'entreprend avec
le soutien et l'accord du président du parti. Sur ses relations avec le
chef de l'Etat, le Secrétaire général du PDCI a soutenu : "Je
m'en fous de Gbagbo. Je me préoccupe de la Côte d'Ivoire". Pour
lui, le PDCI doit d'abord s'organiser avant de parler d'une quelconque
manifestation qui s'inscrit dans la droite ligne d'un parti
d'opposition.
"De quelles armes dispose le PDCI pour se met au milieu de deux
armées : les rebelles et les FANCI ?" s'est interrogé Djédjé
Mady. Des propos qui ont suscité des murmures et désapprobations dans
la salle. Contrairement à Ouassenan Koné, président du groupe
Parlementaire qui a été longuement ovationné par les militants.
Celui-ci, lors de son intervention n'a pas hésité à dire que le pays
est "dirigé par des apprentis" qui l'ont conduit à la
catastrophe. Et de préciser que pendant les quarante ans de gestion du
PDCI, les Ivoiriens n'ont jamais comme la guerre. Il a fallu que le FPI
dirige le pays pendant seulement deux ans, pour que la population
subisse une guerre terrible. En tout état de cause, selon Ouassenan
Koné, les députés PDCI joueront leur partition, malgré les
intimidations et surtout, malgré les escadrons de la mort.
Yves-M Abiet
Sur une col’
OLPED où es-tu ?
"Jacques où es-tu ?" Dans la
logique du jeu de cache-cache qui, jadis, anima notre enfance, le petit
écolier qui s'enquiert ainsi, auprès de ses camarades, s'entend
répondre par l'un d'entre eux : "Me voici !". S'ensuit
aussitôt une course-poursuite qui se termine toujours par la
"capture de Jacques".
La Côte d'Ivoire ne saurait être comparée - surtout pas en ces temps
de grave crise - à une vaste cour de récréation où gambadent, à cœur
joie, des bambins insouciants. Mais, tâchons d'être positifs et
transposons cette scène à la réalité ivoirienne. Posons nous donc la
question suivante : "OLPED où es-tu ?". Le fameux
Observatoire de la liberté de la presse, de l'éthique et de la
déontologie peut-il répondre aujourd'hui à cet appel que nous faisons
volontiers lancer par les Ivoiriens qui suivent et subissent les affres
de la guerre ? Dan Moussa et ses camarades peuvent-ils avoir
l'obligeance de nous dire où ils se cachent en ce moment ? "OLPED
où es-tu ? Ton mutisme brise le cœur de pas mal d'Ivoiriens. Pourquoi
ne réponds-tu pas "me voici" comme Jacques ? Ceci est un cri
de détresse auquel doit répondre notre Observatoire qu'on sait, en
d'autres circonstances, très alerte et particulièrement incisif.
Depuis le 19 septembre 2002,aucun communiqué significatif n'a été
produit par nos "policiers" de la plume et du micro. Chaque
semaine qui passe, confirme cette tendance malheureuse de l'OLPED à
poser des lapins aux lecteurs, aux journalistes et surtout aux
autorités. Ces derniers n'avaient-ils pas pris l'habitude de mesurer,
à travers les communiqués hebdomadaires de cette structure, le degré
de défiance et d'hostilité de certains journaux vis-à-vis d'eux ?
Pourquoi l'OLPED croit-il qu'il doit cesser de jouer ce rôle qui lui
sied si bien, c'est-à-dire épingler les articles de presse, les
émissions qui ne respectent pas les règles du jeu journalistique ?
L'éthique et la déontologie de la profession sont-elles si bien
respectées, ces derniers mois,par la presse nationale notamment pour
justifier ce mutisme de l'OLPED ? La Télé et la radio nationales
sont-elles si irréprochables depuis le 19 septembre ? "Notre
Voie", "Le National", "L'œil du Peuple",
"Notre Pays", "Le Filet"... contribuent-ils en ce
moment à ramener la paix en Côte d'Ivoire ? Appellent-ils les
Ivoiriens à l'unité ? Découragent-ils le tribalisme, l'intolérance,
la haine dans les cœurs des Ivoiriens ? Dan Moussa a-t-il une réponse
à ces questions ? Une réponse qui ferait mentir tous les rapports
d'enquête, nationaux comme internationaux - y compris même celui de
l'illustre Parti socialiste français, qui ont tous dénoncé "une
presse de la haine proche du pouvoir", qui contribue à empirer la
situation du Pays ?
Pourquoi est-il brusquement devenu stérile ? joue-t-il donc le jeu du
pouvoir au détriment de la Nation ivoirienne ?
"OLPED où es-tu au moment où ces journaux sont en train de
plonger la Côte d'Ivoire dans le chaos ?".
Koré Emmanuel
Vite dit
La RTI en grève (?)
Après la publication du projet de
gouvernement qui porte le MPCI à la tête du ministère de la
Communication, des agents de la RTI ont tenu une réunion secrète. Au
cours de laquelle, il a été décidé d'un arrêt de travail prévu
comme suit : l'arrêt des émissions à la télévision suivi d'un autre
arrêt des émissions à la radio. Les animateurs de cette grève ont
également approché certains journaux de la place tels "La
Bombe" et "Le National" pour les suivre dans leur
protestation contre la nomination des rebelles à la communication.
Malheureusement, les quotidiens "La Bombe" et "Le
National" leur ont opposé un refus poli au motif qu'ils sont des
entreprises privées.
Simone Gbagbo, véritable numéro 2 du
régime
Ceux qui doutaient encore que le
véritable numéro deux du pouvoir est Mme Gbagbo sont désormais
éclairés. Répondant aux détracteurs de son époux qui l'accusent
d'exercer une influence déterminante dans la vie politique du pays,
voici ce que répond Gbagbo, dans une interview au quotidien français
"Le Parisien" du samedi dernier.
"Nous sommes mariés, mais nous sommes aussi deux camarades. Les
grandes décisions, je ne les prends pas sans consulter Sangaré et...
Simone. Ce sont eux qui ont dirigé le parti quand j'étais en exil en
France de 1982 à 1988 (...)". Seulement voilà, Gbagbo ignore que
le FPI n'est pas le pouvoir d'Etat.
Après quarante-huit heures de combats à
Bangolo
Le calme revient dans l'Ouest du pays
L'Armée française a ouvert une enquête
pour situer les responsabilités
Vendredi 07 mars dernier, alors que se tenait, à Accra, une rencontre
entre les signataires des accords de Marcoussis, des combats ont
éclaté à Bangolo, ville située à une quarantaine de kilomètres au
Nord de Duékoué, faisant de nombreuses victimes civiles et militaires.
Selon l'Adjudant-chef Ousmane Coulibaly, chef des opérations du
Mouvement pour la justice et la paix (MJP) qui contrôle cette partie de
l'Ouest du pays, "des militaires loyalistes, parlant français et
guéré, ont attaqué à 04h30 mn, heure locale, vendredi matin. D'abord
en pilonnant nos positions à l'arme lourde, puis ont tenté de prendre
la ville". Mais, a-t-il ajouté : "Nous les avons repoussés
et nous contrôlons maintenant la ville (...). Ce bombardement a fait
deux cents morts civils. Nous avons perdu sept éléments".
De leur côté, les forces loyalistes, par la voix du porte-parole de l'Etat-Major,
le Lieutenant-colonel Yao Yao Jules, ont nié leur implication dans ces
combats. "Le centre opérationnel inter armée n'est pas au courant
de cela. Ce qui veut dire que ce ne sont pas nos hommes qui ont attaqué
Bangolo. En revanche, nous savons qu'il y a eu des affrontements dans
cette zone".
Du côté des troupes françaises, déployées dans notre pays dans le
cadre de l'opération "Licorne", on confirme que de graves
violences ont été exercées sur des civils dans la ville de Bangolo
par des Libériens armés. A en croire le Colonel Philippe Perret,
porte-parole de l'opération "Licorne", "hier,
après-midi (NDLR : samedi), nous avons dépêché un hélicoptère à
Bangolo. Il s'est posé et on a pu constater la violence qui a touché
beaucoup de personnes. La violence était visible, il y avait des
personnes mortes". Toutefois, il s'est gardé de dire combien de
corps avaient été dénombrés lorsque les soldats français ont
inspecté la ville. Arguant que de telles informations ne seront
communiquées qu'au Comité international de suivi des accords de
Marcoussis. Par ailleurs, le Colonel Philippe Perret a indiqué que des
accrochages ont opposé, samedi matin, des militaires français à des
"éléments armés" qui tentaient de s'infiltrer entre
Duékoué et Dibobli.
Le bilan établi par les forces françaises fait état de deux soldats
français blessés très légers".
Hier dimanche, "la situation était calme dans la région de
Duékoué", a affirmé le Colonel Philippe Perret, qui a toutefois
précisé qu'"une enquête est en cours sur les violences de
Bangolo et les résultats seront transmis au Comité de suivi des
accords de Marcoussis".
Issa BAMBA
Lieutenant-Colonel Philippe Perret
(porte-parole de l'Opération "Licorne") :
"Nous avons constaté une violence sur les populations
civiles"
De graves affrontements ont opposé à
Bangolo, les rebelles du Mouvement pour la justice et la paix (MJP) aux
mercenaires libériens au service, dit-on FANCI. Les soldats français
stationnés dans la zone sont allés le samedi, faire le constat.
Philippe Perret : "Nous nous sommes
rendus par hélicoptère sur le site dans la localité de Bangolo où
des militaires français se sont posés et ont pu constater les mesures
de violence qui ont été accomplies sur les populations civiles. Il
faut savoir qu'un ensemble d'éléments est en train d'être
reconstitué pour être transmis le plus rapidement possible au Comité
de suivi de l'application des accords de Linas-Marcoussis.
RFI : On parle de plusieurs centaines de victimes à Bangolo.
Qu'avez-vous constaté sur place ?
P.P : Nous avons constaté une violence certaine. Je ne vous donnerai
pas de chiffre pour ne pas qu'il y ait des implications de quoi que ce
soit. Nous sortons à l'heure actuelle d'une réunion qui s'est tenue à
Accra. Il faut que le processus de paix dans le cadre de
Linas-Marcoussis puis de la résolution 1464 qui endossé ces accords en
fonctionnement s'établisse pour que la paix revienne en Côte d'ivoire.
(Source : RFI)
INTERNATIONAL
Crise irakienne : vote au Conseil de
Sécurité
La veillée d'armes
Une ère pleine d'incertitudes s'est
ouverte pour l'Irak le jour où George W. Bush a décidé de désarmer
Bagdad et renverser Saddam Hussein. Aujourd'hui, plus encore, le ciel
s'assombrit pour l'Irak et pour toute la planète, à deux doigts du
vote d'un projet de résolution fixant au 17 mars un ultimatum à Bagdad
pour un désarmement complet. C'est aussi une semaine décisive pour le
sort de ce pays qui s'ouvre au Conseil de Sécurité avec la décision
de Washington, Londres et Madrid de soumettre au vote ce projet de
résolution attaqué par la France, l'Allemagne, la Russie, la Chine et
de nombreuses opinions publiques du monde. La date du scrutin, qui
pourrait avoir lieu demain, sera fixée lors de consultations prévues
aujourd'hui à l'ONU.
La Russie, membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, a
affiché samedi sa détermination à empêcher par tous les moyens, y
compris le veto, l'adoption d'une nouvelle résolution contre Bagdad. Le
ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov a, par ailleurs,
mis en garde la Maison Blanche contre une action unilatérale en Irak,
estimant qu'elle constituerait "une violation de la charte de
l'ONU".
Paris, elle, se refuse à accepter un ultimatum parce qu'elle juge que
les inspecteurs de l'ONU font état de progrès dans la coopération sur
le plan diplomatique, les deux camps s'affrontent. Washington travaille
sérieusement à la mise aux voix du projet anglo-hispano-américain. La
France de son côté a dépêché son ministre des Affaires Etrangères
Dominique De Villepin en Angola, au Cameroun et en Guinée, des pays
membres non permanents du Conseil de sécurité. Ces pays avec le
Pakistan, le Chili et le Mexique sont soumis à de très fortes
pressions de part et d'autre. Leur attitude de neutralité dans la crise
leur confère, en cas de vote, un poids important. L'objectif de la
visite de De Villepin est de rallier ces pays à la cause française, au
Front du Refus. Jusqu'à présent, les partisans de la guerre peuvent
compter sur quatre voix : Etats-Unis, Grande-Bretagne, Espagne,
Bulgarie. Mais, les Etats-Unis, eux soutiennent qu'ils auront neuf ou
dix voix pour faire passer cette résolution. Même sans le viatique du
Conseil de Sécurité, la Maison Blanche n'exclut pas une action
unilatérale .;
La poursuite des préparatifs militaires malgré les gages de bonne
volonté de Bagdad (destruction de missiles Al Samoud 2) portent à
croire que l'option de frapper l'Irak a été décidée selon un plan
qui exclut l'avis de l'ONU et de la communauté internationale dans son
ensemble.
Autour du Golfe, les préparatifs militaires se poursuivent : plus de
240.000 soldats américains sont déjà déployés dans la région (dont
130.000 au Koweit) et aux alentours en prévision d'une attaque.
En Turquie, le débarquement de matériel militaire américain et son
acheminement, en direction de la frontière, se poursuivait hier
dimanche, alors que le président du Parlement Bulent Arinc se disait
irrité par ce déploiement. A Contrario les manifestations contre la
guerre en Irak se poursuivent sans que cela n'énerve Washington.
Indonésie, Washington, Los Angeles, le Front du refus s'élargit chaque
jour un peu plus. Les opposants à une intervention militaire en Irak
ont reçu le soutien de Jimmy Carters, ancien chef de la Maison-Blanche,
Prix Nobel de la Paix. Dans une lettre publiée dans l'édition d'hier
du "New-York Times", l'ancien Président américain estime
qu'une attaque unilatérale des Etats-Unis contre Bagdad ne répond pas
aux critères d'une guerre "juste". Car, "il est évident
que des solutions claires autres que la guerre existe". C'est le
plus grand désaveu qui puisse venir d'un des membres de la grande
famille américaine.
Assoumane Bamba
POINT DE VUE
De la responsabilité du peuple
Le peuple de Côte d'Ivoire serait-il
dans sa "minorité ?" La "minorité",
"philosophiquement parlant est cette incapacité à réfléchir par
soi-même. Il lui faut tout lui trouver, lui montrer la voie à suivre ?
Serait-il composé d'individus immatures, inaptes à analyser
sérieusement les concepts de la vie, à trouver par soi-même la
vérité ? Je ne voudrais pas le dire cependant que tout porte à le
croire.
Voilà un peuple pacifique jusqu'aux années 90 qui, brutalement,
bascule dans la violence verbale et physique. Un peuple qu'on disait
pacifique, accueillant incapable de faire le moindre mal à un insecte,
qui en est arrivé aujourd'hui à tuer, à piller avec beaucoup de
délectation. Pour cela, je ne vois qu'une seule explication possible.
Si on voit la liste des chefs d'Etat qui se sont succédé des
indépendances à nos jours, on se rend compte que la nature du premier
tranche d'avec celle de tous ces successeurs. Ce qui fonderait à
risquer l'hypothèse selon laquelle les peuples sont ce que sont leurs
chefs. En d'autres termes, cela revient à dire que si on a un chef
pacifique, hospitalier, celui-ci imprime sa marque à son peuple. Si au
contraire, c'est un dictateur malhonnête et violent, le peuple
immanquablement va revêtir les habits de la violence, de l'iniquité et
de l'intolérance.
A ce propos, l'histoire nous enseigne un exemple fort éloquent en la
personne de Hitler et l'Allemagne Nazie. Mais, ce qui aura suscité ma
réflexion sur la question-ci, c'est surtout le cas de la Côte
d'Ivoire. Je me suis, en effet, rendu compte que le "peuple"
de Côte d'Ivoire est versatile comme l'est la couleur du caméléon,
s'adaptant avec une grande facilité à tous les chefs d'Etat qui, à
l'exception du premier, rivalisent tous de méchanceté et d'esprit
clanique. On dit souvent que les peuples méritent les chefs qu'ils ont.
C'est-à-dire que si on a un peuple couard et lâche, un chef
sanguinaire pourrait facilement et sans coup férir l'assujettir. Je
crois plutôt le contraire. Un chef façonne un peuple à sa guise par
la manipulation, l'intoxication, l'espièglerie ou au contraire par sa
droiture, sa franchise, son esprit d'ouverture et de justice. Dans tous
les cas, un chef est à l'image de son peuple et vice- versa. Mais, le
risque de ne jamais voir notre "peuple" à " la place de
la république" se réveiller de son sommeil dogmatique est grand,
tant celui-ci adore sa condition de servitude fut-elle involontaire.
En 1990, quand le FPI a été autorisé à exister en tant que parti
politique légal, les premiers discours de ses officiels et militants
étaient déjà empreints de xénophobie. On accusait le Nord et les
étrangers d'être un bétail électoral pour le PDCI. Ce qui va créer
une attitude de méfiance de cette population accusée de tous les
péchés d'Israël, vis-à-vis de ce parti. Mais en 1994, quand le RDR
naquit et que le FPI s'en approcha pour créer le Front républicain,
l'attitude des militants FPI et leurs discours opérèrent un changement
de dix-huitième degré. De sorte que le PDCI, désarçonné par cette
volte-face du FPI, ne comprenait plus rien. "Nous avons crée l'ivoirité
parce qu'on nous accusés d'avoir offert le pays en pâture aux
étrangers. Et voilà qu'on nous accuse à nouveau de xénophobes".
Se plaignent quotidiennement les membres de la CURDIPHE (Cellule
universitaire pour la promotion des idées de Bédié) qui avait opté
pour la préférence nationale, conformément aux vœux, semble-t-il de
l'opposition d'alors.
Mais, quand en l'an 2000, Laurent Gbagbo, de connivence avec Guéi,
s'opposait farouchement, baïonnette à la main, à la candidature de
ADO, les rapports se détériorèrent très vite entre les militants des
deux partis. Ceux du FPI n'hésitèrent pas à assassiner leurs anciens
alliés du Front Républicains.
Une autre preuve de la sujétion, du "peuple" est dans cette
propension à faire sienne instantanément toutes les expressions
lancées par les politiciens. "Asseyons nous et discutons",
"on ne détruit pas ce qu'on n'a pas construit",
"Marcoussis est un raccourci", "on nous a imposé une
sale guerre, une guerre injuste" etc. C'est à croire que le peuple
est atteint de PSITTACISME. On répète à l'envie et à longueur de
journée les mêmes litanies creuses sans s'en lasser. On dit une chose
aujourd'hui et on soutient le contraire le lendemain sans en avoir
honte.
Si le peuple ne réfléchit, nous qui le composons avons une dignité,
une conscience. Soyons responsables et arrêtons de nous infantiliser.
On doit avoir à l'esprit qu'on est né libre. Ne nous donnons pas des
chaînes que la nature ne nous a pas données. A moins que notre
liberté ne soit pour nous un trop lourd fardeau.
Kamagaté Bazoumana
Seydou Elimane Diarra, Premier ministre
de consensus
La double symbolique d'une responsabilité
"Jamais deux sans trois". La
nouvelle responsabilité de M. Seydou Diarra, Premier ministre de
consensus, issu des accords de Marcoussis et de la rue Kleber de Paris,
confère toute sa signification à ce vieil adage.
Après avoir conduit les différents gouvernements d'une transition
militaire vite dévoyée de ses objectifs par les ambitions personnelles
du principal initiateur du "pronunciamiento" de décembre 99,
dirigé le Forum pour la réconciliation nationale d'octobre à
décembre 2001, le PCA de la BIAO se trouve à nouveau propulsé au
devant de la scène politique. A charge pour lui, de conduire,
conformément, à l'esprit et à la lettre de Marcoussis, les destinées
d'un pays déchiré et laminé par plus de cinq mois d'une guerre dont
il aurait pu faire l'économie, par une saine promotion de la
démocratie, dans le respect des différences et des divergences,
assurément la tâche de M. Seydou Diarra ne sera pas de tout repos. Un
véritable lavage des Ecuries d'Augias. Ici, le contexte a
considérablement évolué. Si, lors du Forum pour la réconciliation
nationale, sa thérapie consistait à faire baisser le thermomètre des
tensions politiques et amener les Ivoiriens à briser le mur de
défiance et de méfiance, pour se parler, dans la perspective du
bonheur d'un pays naguère considéré comme "l'exception
africaine", il s'agit, à présent pour le nouveau patron de la
Primature de relier les pans lessivés du tissu national, de panser les
blessures, les meurtrissures et les brûlures de la guerre afin de
repenser le Renouveau ivoirien dépouillé des originaux de l'éthnicisme,
du clanisme et de la dictature de la rue, qui en impose aussi bien aux
gouvernants et aux gouvernés. D'où la mise en branle de la symbolique
du destin. L'histoire de notre pays retiendra pendant longtemps encore
que l'ancien prisonnier politique d'Assabou revient au-devant de la
scène politique dans les moments de crise et de grands bouillonnements
socio-politiques. Au lendemain de la Symphonie Inachevée de la
Transition militaire, ubuesque et burlesque, M. Seydou Diarra a une
nouvelle possibilité pour parachever ses "travaux d'hercule",
initiés avec le Forum pour la réconciliation nationale. Un destin
s'assume. celui de cristalliser sur ses épaules les espoirs de tout un
peuple troublé et traumatisé par les effets dévastateurs de la
guerre. L'homme a-t-il la carrure de l'emploi ? S'il n'est pas le messie
annoncé pour exorciser la Côte d'Ivoire des vieux démons de la
division, de la désunion et des antagonismes politiques, il convient de
reconnaître qu'il peut aider et contribuer à la renaissance que les
populations appellent de tous leurs vœux. Homme de mesure, tempéré,
discret et diplomate, Seydou Diarra peut réussir sa mission. Adoubé
par les Ivoiriens, nonobstant la levée de boucliers des
"patriotes", qui ne lui connaissent pas d'ennemis au sein de
la classe politique, le Premier ministre peut être l'Homme de la
situation, pourvu qu'il arrive à résister aux chants des sirènes et
aux miroirs aux alouettes des sempiternels mangeurs et opportunistes qui
commencent à donner de la voix, espérant revenir au premier plan.
Après avoir servi invariablement sous tous les Soleils. Au plan
politique, vu l'ampleur des dégâts de la guerre, Seydou Diarra ne doit
être ni à droite, ni à gauche.
Il doit être à la fois du Nord, du Sud, de l'Est et de l'Ouest. En
somme, le Premier Ministre de tous les Ivoiriens. En outre, il doit
beaucoup communiquer et laisser parler les autres, en ce sens que la
parole libère par ses vertus thérapeutiques. En définitive, il doit
pouvoir convaincre et quelques fois, se laisser convaincre. La
symbolique de la concertation devra être de mise pour les victoires
communes. Au plan de la communication, le Premier ministre doit pouvoir
compter sur une équipe dynamique composée d'hommes neufs et nouveaux
et savoir résister aux appels de pied de cette race de
"communicateurs" que les Ivoiriens ont déjà entendu dire
ceci et cela à la fois. Par ailleurs, M. Seydou Diarra, au regard de sa
mission, doit impérativement procéder à la
"démocratisation" des médias d'Etat qui, en l'état actuel
de la situation, ne peuvent nullement aider à l'enracinement des vertus
du pardon, de l'Amour, du respect des différences, de la fraternité et
de la solidarité. Tant il est de notoriété que les médias d'Etat ont
contribué au pourrissement de l'atmosphère en dressant des Ivoiriens
contre d'autres Ivoiriens. En clair, il faut débarrasser la
télévision et la radio de la tentation à promouvoir la haine et
l'exclusion.
Un autre défi qui attend le Premier ministre, la bonne gestion de la
sécurité, l'épine dorsale de l'après-guerre, où le ton sera à la
méfiance et la suspicion entre les différents protagonistes. Seydou
Diarra doit pouvoir tirer les leçons du passé et des erreurs des
précédents gouvernements qui, à force de diaboliser les adversaires
politiques et de voir partout des tentatives de coup d'Etat ont
contribué à rendre délétère la situation socio-politique. Le
Premier Ministre doit éviter de faire renaître de nouveaux stratèges
militaires comme ceux qui ont ouvert la boîte de Pandore et plongé le
pays dans l'obscurité. En la matière, des hommes connus pour leur
compétence et leur loyauté existent en Côte d'Ivoire. Et sont si
conscients du caractère très sensible des renseignements généraux
qu'ils n'hésiteront pas à mettre leurs expériences établies au
service du rayonnement de la Nation. Au total, le Premier Ministre
Seydou Diarra, personnalité efficace, modérée et discrète. Il a les
atouts nécessaires pour réussir la noble mission à lui confiée par
les Ivoiriens, soucieux de retrouver la cohésion et l'unité d'antan.
La Côte d'Ivoire qui a adhéré à son choix, fonde beaucoup d'espoir
sur son expertise. En homme averti, il saura sans doute s'entourer
d'hommes et de femmes à même de l'aider à mettre en branle le
renouveau ivoirien. Pour cela, il doit toujours avoir à l'esprit cet
avertissement de Ahmadou Kourouma : "Un chef qui n'écoute que les
propos flatteurs de ses courtisans est un solitaire. Il a beau partir,
il ne rencontre que lui-même. Il a beau écouter, il n'entend que ses
propres dires".
Bakary Nimaga , Journaliste
Déclaration
ONG "Sœurs républicaines" appelle à la paix en Côte
d'Ivoire
Les Nations unies se sont engagées à
faire appliquer le principe de l'égalité entre l'homme et la femme, ce
qui signifie l'égalité dans la dignité et la valeur en tant qu'êtres
humains de même que l'égalité de droits, de possibilités et
responsabilités. Dans cette poursuite, les Nations Unies, leurs organes
et institutions, se sont donnés pour tâche d'assurer :
- La reconnaissance universelle dans la législation,
- L'égalité des Droits de l'Homme et de la femme,
- La pratique des chances égales pour la jouissance de leurs droits et
leurs libertés fondamentales.
C'est ainsi que la Journée Internationale de la Femme a été
instaurée pour célébrer la Femme. C'est donc l'occasion pour l'ONU et
toutes autres institutions internationales de magnifier ensemble la
femme.
L'ONG "Sœurs républicaines", éprise d'égalité, de justice
et de paix, profite de cette journée solennelle pour attirer
l'attention de la communauté nationale et internationale sur les
principes suivants :
- Considérant que la Constitution prévoit en son article 5 que la
famille constitue la base de la société. L'Etat assure sa protection.
- Considérant que la femme est le socle de la cellule familiale, elle
mérite une attention particulière pour jouer pleinement son rôle de
mère et d'éducatrice.
- Considérant que la femme est bafouée et constitue d'être bafouée
malgré les résolutions prises en sa faveur.
- Considérant que depuis les événements du 19 septembre 2002, que
connaît notre pays, des femmes ont été violentées et violées.
- Considérant que ces actes des plus avilissants et des plus
dégradants pour une femme.
- Considérant que des femmes font toujours l'objet de menaces.
L'ONG "Sœurs républicaines" condamne avec la dernière
énergie, la guerre imposée à la Côte d'Ivoire et exhortons les
gouvernants à trouver la solution idoine à la crise que traverse notre
pays afin que prenne fin rapidement la souffrance de nos populations.
SPORTS
Football : Championnat national (3e
journée) : Africa - ES Bingerville (4-0)
Les aiglons relèvent la tête
L'Africa Sports a réussi une belle
opération en laminant l'Entente Sportive de Bingerville (ESB) par le
score sans appel de quatre buts à zéro. C'était le samedi dernier au
Stade Félix Houphouet Boigny lors de la 3e journée du championnat
national de football. Pourtant après quarante-cinq minutes de jeu, rien
ne présageait une telle débâcle des Bingervillois. Le score à la
pause étant de zéro but partout. Malgré les nombreuses occasions
ratées par les poulains de Gbonké Tia. A la reprise, Diomandé et ses
camarades prennent l'ESB à la gorge. La défense de la formation de
l'ancienne capitale ivoirienne est mise à rude contribution. Et à la
52e minute, elle craque. Le retrait de N'Da Kouadio est victorieusement
repris par Douglas. Le maigre public salue cette réalisation qui
libère davantage les Oyés. Trois minutes après, c'est Kassiaty qui
double la mise en trompant d'un tir puissant Diallo Issiaka. A la 58e
minute, Douglas, mis sur orbite par Kamara, signe son doublé et porte
le score à trois à zéro. Sonné, l'ESB est incapable de réagir.
Kassiaty en profite pour lui aussi signer son doublé à 85e minute. L'ESB
va même se payer le luxe de rater un penalty à la quarante deuxième
minute.
L'Africa remporte ainsi sa première victoire de la saison après le nul
contre le TFC et la défaite contre le Stella. Une victoire qui aura
l'avantage, à coup sûr, de calmer le courroux des Membres Associés
qui commençaient à grogner.
Koné LASSINE
Athlétisme : Assemblée Générale
extraordinaire
Kouabo contraint à la démission
La crise qui secouait depuis plusieurs
mois la Fédération ivoirienne d'Athlétisme a pris fin. En partie. En
effet, le président Kouabo Bernard a été contraint à la démission.
C'était le samedi dernier à la faveur d'une Assemblée Générale
extraordinaire à l'hôtel de la ville d'Abidjan.
Après avoir livré son bilan moral et financier, Kouabo Bernard a eu
droit en retour à la colère des clubs et ligues présents. Tous ont
reproché au président Kouabo le dysfonctionnement de la fédération
depuis son élection, le 06 mai 2000. Manque de compétitisme, pas
d'assemblée générale, gestion personnelle, absence de comité
directeur... sont autant de choses que les responsables de club et de
ligues ont reprochées à M. Kouabo. Finalement, ils lui ont demandé de
rendre le tablier, conformément à leur décision prise le 08 février
dernier par le collectif des clubs. Après moult hésitations et une
tentative d'explication, Kouabo Bernard a fini par démissionner.
"Si c'est moi le problème, alors je démissionne".
Désormais, la fédération sera gérée par un comité ad'hoc et dans
quinze jours, ce comité arrêtera les nouvelles orientations.
Koné LASSINE
Comité National Olympique
Le concept de gymnastique populaire vulgarisé par le CNO
Après une première expérience dans la
commune de Cocody, la Commission femme et sport du Comité National
Olympique (CNO) a organisé, le samedi 7 mars dernier une autre séance
de gymnastique à l'attention des femmes. Une fois de plus, le CNO a
gagné son pari en réunissant au stade Robert Champroux de Marcory une
centaine de femmes. Sous la direction de Mme N'Goran Flore, les
participants ont effectué des mouvements gymniques. Les gestes
synchronisés et la belle chorégraphie d'ensemble sur fond musical a
permis à l'assistance d'apprécier l'effort de la gent féminine à
améliorer ses capacités à la pratique du sport.
"L'initiative du comité national olympique est louable. Elle
permet aux femmes de se retrouver entre elles, tous les week-ends. Et
surtout participe à la promotion du sport pour femme. Dans la mesure
où toutes les femmes, quelque soit leur niveau, peuvent y prendre
part", a indiqué Coulibaly Salimata, participante à la
cérémonie et ancienne volleyeuse. Mieux, la séance du samedi dernier
avait un cachet particulier. Celui de la journée mondiale de la Femme
qui aura permis à la Commission femme et sport du CNO de sensibiliser
les participantes à la pratique du sport. Et pour mieux vulgariser le
concept, le CNO élargit ses compétences sur toute la ville d'Abidjan.
Après l'étape de Marcory, c'est la commune de Koumassi qui
accueillera, le week-end prochain, la caravane de gymnastique populaire
du CNO. Chose pour laquelle Fofana Naminata, présidente de la
Commission évoque le bien-fondé. "Le CNO avec le soutien du
Comité international Olympique entend aider les femmes dans leur
épanouissement. Et l'un des vecteurs qui nous permet d'atteindre cet
objectif est la pratique du sport. Pour l'instant, nous faisons des
séances de gymnastique dans les différents quartiers d'Abidjan afin
d'accroître le mouvement et expliquer les idéaux du CNO. Après, nous
ferons d'autres sports", a-t-elle expliqué avec la volonté de
faire de ce concept, une grande entreprise.
Adam Khalil
Handball : Coupe d'Afrique des vainqueurs
de coupe
Le Rombo se prépare à Yamoussoukro
Qui veut voyager loin ménage sa monture.
Faisant sienne cet adage populaire, le Rombo est rentré dans la phase
active de sa préparation. En effet, depuis le début de la semaine, les
filles de Dicko Souleymane sont à Yamoussoukro pour un stage bouclé.
Détenteur de cette coupe, le Rombo Sport de Kpouêbo sera l'équipe à
battre à Tunis. Mme Akpa et ses collaborateurs, conscients de cet état
de fait veulent prendre le taureau par les cornes. Ces derniers
entendent développer les automatismes du groupe avant le déplacement
de Tunis dans une semaine. Rappelons que la Côte d'Ivoire sera à ce
rendez-vous avec au moins trois clubs (Rombo, SOA et RAC). C'est le lieu
d'attirer l'attention du ministère des Sports afin qu'il prenne les
dispositions nécessaires pour que les représentants ivoiriens soient
à Tunis dans les meilleurs délais. Il faut éviter ce qui s'est passé
en décembre dernier lors de la coupe des clubs champions à Libreville,
au Gabon. Il faut qu'on cesse de voir le handball Sports (sauf le
football) comme des sports de seconde zone. Car jusqu'à présent et
personne ne peut le contester, le handball a toujours honoré la Côte
d'Ivoire. Et il faut que l'Etat ivoirien le prenne avec tout le respect
qui lui revient.
Koné LASSINE
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