le patriote n° 1063 du 16/03/03

POLITIQUE

Rapport devant le Conseil de sécurité de l'ONU
A propos des massacres de civils à Bangolo
La France accuse les mercenaires libériens du gouvernement

Le Conseil de sécurité de l'Onu a entamé une série de consultations sur la Côte d'Ivoire depuis le vendredi 14 mars dernier. Ces séances de consultations sont annoncées comme capitales pour la Côte d'Ivoire. Avant de prendre des mesures de quelque nature que ce soit, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé le souhait de recevoir d'abord le rapport détaillé du Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, sur la situation en Côte d'Ivoire au plan politique, militaire et humanitaire.
En attendant ce rapport, l'ambassadeur guinéen, Mamady Traoré, Président du Conseil de sécurité et les autres membres ont entendu un exposé du Pr. Albert Tévoedjré, représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Côte d'Ivoire. Il a fait le point de la situation dans notre pays et les activités du Comité de Suivi de l'accord de Linas-Marcoussis signé entre les Ivoiriens le 24 janvier dernier. A la lueur du point de situation qui leur a été fait, les membres du Conseil de sécurité ont appelé toutes les parties ivoiriennes (pouvoir, partis politiques et mouvements rebelles) à participer aux prochains Conseils des ministres, faisant cas, certainement, de l'absence des représentants du RDR et de ceux des Forces nouvelles dans l'équipe gouvernementale qui devait être rendue public le jeudi 13 mars dernier à Yamoussoukro. Tout en apportant son soutien aux efforts du Premier ministre de consensus, le Conseil de sécurité a demandé au gouvernement de réconciliation d'établir un calendrier clair pour la mise en œuvre de l'accord de Marcoussis qui prévoit entre autres, le cantonnement des forces belligérantes en présence, la démobilisation des 3 000 nouvelles recrues, la révision de la Constitution.
En plus du représentant spécial du Secrétaire général, les quinze membres du Conseil de sécurité ont été informés des premiers résultats de la mission d'évaluation conduite par le Sous-secrétaire général de l'ONU aux opérations de maintien de la paix, Hédi Annabi. Ce dernier, avec onze collaborateurs, avaient conduit une mission en Côte d'Ivoire du 24 février au 5 mars. Après le rapport que leur transmettra Kofi Annan, les membres du Conseil de sécurité décideront des modalités de l'envoi d'une Commission d'enquête en Côte d'Ivoire. Toutefois, ils en savent plus sur les tueries de masses ciblées contre les populations civiles à Bangolo (Ouest).
Un représentant de la France, dont nous n'avons pu obtenir le nom, est intervenu pour donner les premières conclusions de l'enquête sur ces massacres. Selon le témoignage d'un diplomate cité par l'AFP, ce représentant de la France a indiqué que les forces françaises stationnées à Guiglo ont intercepté 112 combattants, "ils ont déclaré appartenir à une force de supplétifs libériens-guéré et travailler aux profits des Forces armées loyalistes ivoiriennes". Malgré les déclarations des intéressés et plusieurs indices allant dans ce sens, le gouvernement ivoirien récuse leur appartenance aux FANCI.
Selon le rapport des soldats français, les combattants libériens ont affirmé que lorsqu'ils ont été interceptés par les Forces françaises, ils regagnaient leur base dans la région de Guiglo, contrôlée par les FANCI, après avoir attaqué Bangolo. Une reconnaissance héliportée des soldats français a permis de dénombrer au moins soixante cadavres de civils. Chiffre qui, précise le rapport, pourrait être "inférieur à la réalité puisque tous les quartiers de la ville n'ont pas été visités". Pour sa part, M. Tévoedjré a fait cas d'au moins cent civils tués.
A l'issue de ces consultations qui ont lieu à huis clos, le Conseil de sécurité, par un communiqué de son Président, "condamne la reprise des combats dans l'Ouest", avant d'exprimer son "plein soutien à l'action menée par les Forces de la CEDEAO et celles de la France en vue de contribuer à un règlement pacifique de la crise".

Charles Sanga



Communiqué de presse
Le Conseil de sécurité de l'Onu demande un calendrier pour la mise en œuvre de Marcoussis

Les membres du Conseil de sécurité ont entendu un exposé du Représentant spécial du Secrétaire général pour la Côte d'Ivoire, M. Albert Tévoedjré, sur la situation en Côte d'Ivoire et les activités du Comité de suivi de l'accord de Linas-Marcoussis. Ils ont rappelé leur plein soutien au Représentant spécial et au Comité de suivi.
Les membres du Conseil de sécurité ont salué la première réunion du gouvernement de réconciliation nationale. Ils ont appelé toutes les parties à participer aux réunions suivantes. Ils ont remercié la CEDEAO, sous la présidence du Ghana, du rôle de facilitation qu'elle a bien voulu jouer à cet égard. Ils ont renouvelé leur appel à toutes les parties ivoiriennes pour qu'elles appliquent, pleinement et de bonne foi, l'accord de Linas-Marcoussis. Ils ont encouragé le nouveau Gouvernement de réconciliation à établir un calendrier de mise en œuvre de l'Accord.
Les membres du Conseil de sécurité ont été informés par le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Hédi Annabi, des premiers résultats de la mission d'évaluation qu'il a conduite en Côte d'Ivoire du 24 février au 5 mars. Ils ont exprimé le souhait de recevoir dès que possible le rapport que le Secrétaire général présentera sur la base des conclusions de M. Annabi.
Les membres du Conseil de sécurité ont été informés par la France des activités des forces françaises. Ils ont une nouvelle fois exprimé leur plein soutien à l'action menée par les forces de la CEDEAO et celles de la France, conformément à la résolution 1464, en vue de contribuer à un règlement pacifique de la crise. Ils ont appelé les États membres à apporter le soutien logistique et financier adéquat à la force de la CEDEAO.
Les membres du Conseil de sécurité ont pris note avec satisfaction de la décision de la CEDEAO d'assurer la sécurité de tous les membres du Gouvernement de réconciliation nationale et ont souligné la nécessité de prendre d'urgence toutes les mesures qui s'imposent à cette fin.
Les membres du Conseil de sécurité ont condamné la reprise des combats dans l'Ouest du pays et les exactions qui ont suivi, en particulier à Bangolo. Ils se sont déclarés préoccupés par le fait que ces affrontements ont opposé pour l'essentiel des combattants libériens. Ils ont demandé à toutes les parties de s'abstenir d'utiliser des enfants dans le conflit.
Les membres du Conseil de sécurité ont rappelé l'importance pour les parties de respecter les droits de l'Homme et le droit International humanitaire en Côte d'Ivoire. Ils ont déploré la poursuite de la détérioration de la situation humanitaire et ont demandé aux parties, notamment dans l'Ouest, de permettre l'accès des agences humanitaires aux populations civiles.



Albert Tévoedjré (envoyé spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire) :
"Près de cent personnes ont été victimes d'exactions à Bangolo"

L'extension du conflit libérien à l'Ouest de la Côte d'Ivoire et dans le pays voisin inquiète au plus haut point le Conseil de sécurité de l'ONU qui a décidé de se pencher là-dessus.

Albert Tévoedjré : "Certains rapports des forces françaises ont constaté qu'il y a près de cent personnes qui ont été victimes d'exaction, les 7 et 8 mars derniers (ndlr, à Bangolo). Il y a une enquête qui a été menée sur le terrain. Il y a une inquiétude majeure qu'il faut maîtriser en ce qui concerne cette zone-là (ndlr, à l'Ouest). Dans quelques semaines, le Conseil de sécurité s'entretiendra sur la question et les répercussions des conflits internes au Libéria dans la région et notamment en Côte d'Ivoire. Le Conseil de sécurité a décidé bientôt, d'envoyer une mission spéciale au Libéria et dans les pays voisins. Il faut faire quelque chose au niveau du Libéria. Ce quelque chose permettra à la Guinée, à la Serra Leone, à la Côte d'Ivoire et à tout pays voisin du Libéria de connaître plus de stabilité. Il y a véritablement un danger d'instabilité dans la région à partir du Libéria. Le Conseil en est conscient. Cela ne pourra pas durer très longtemps".

(Source : RFI)


Traits d'esprits
Mauvaises nouvelles

Les nouvelles qui viennent de Bangui. Ne sont pas bonnes. L'ami Patassé élu "démocratiquement et légitimement ", est parti. Sans plier bagages. Ses rebelles, à lui, l'ont chassé. Finis les discours guerriers. Là-Bas, il n'y avait pas de Licorne. La capitale est tombée. Cela doit donner à réfléchir . Au "Christ" et à sa horde de xénophobes qui appellent à brûler la France.

Sanga



Réunion à Bouaké
Les rebelles présentent leurs ministres mercredi prochain

Le mercredi 19 mars prochain, tous les chefs des Forces nouvelles, à savoir le MPCI, le MPIGO et le MJP seront à Bouaké. De Soro Guillaume à Dely Gaspard en passant par l'Adjudant Koné Messamba, le Sergent Félix Doh et Roger Banchi du MPIGO, tous se retrouveront dans la capitale du Centre de la Côte d'Ivoire.
Les raisons d'un tel conclave de toutes les forces, sont, selon l'Adjudant Antoine Beugré, Directeur de la Communication du MPCI, "la présentation des ministres des "Forces nouvelles" devant participer au nouveau gouvernement de réconciliation nationale, dirigé par le Premier ministre Seydou Diarra".
En effet, après le rendez-vous manqué du jeudi dernier, à Yamoussoukro lors de la première réunion du Conseil des ministres, les Forces nouvelles qui avaient invoqué des raisons logistiques pour justifier leur absence, entendent donc présenter officiellement leurs hommes aux différents chefs des opérations militaires, avant le prochain Conseil des ministres qui se tiendra le jeudi 20 mars prochain. Aussi, il s'agira, pour les Forces nouvelles, "d'évaluer l'application des accords de Marcoussis", depuis leur signature jusqu'à ce jour. Soro Guillaume et ses compagnons statueront, en outre, sur la "définition de la mission de l'ensemble des ministres issus des Forces nouvelles au gouvernement".
Cette rencontre permettra également de faire un point sur la sécurité des ministres issus de leurs rangs. Tant à Yamoussoukro qu'à Abidjan. Par ailleurs, le Secrétaire général du MPCI et les responsables des deux autres mouvements rebelles de l'Ouest du pays s'entretiendront sur le "recadrage des relations entre les trois mouvements".
C'est-à-dire, juger de l'opportunité d'une alliance ou non des différents mouvements rebelles.

Issa Bamba



Pour prêter main forte aux forces loyalistes
Deux responsables du LURD à Abidjan

Oulaï Tako. Voici un nom auquel les Ivoiriens devront maintenant porter une attention particulière. Ce chef des rebelles libériens du LURD est, par ailleurs, le Commandant des "Forces Lima" qui sévissent à Bangolo dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire. Depuis samedi dernier, Oulaï Tako séjourne à Abidjan. Mais, bien avant lui, un autre responsable de ce mouvement rebelle libérien, Gnahé Zranka Edmond, ancien ministre de l'Economie et Finances de l'ex-Président Samuel Doé, a déjà établi sa base dans la capitale administrative.
De sources bien informées, l'on apprend que ces responsables du LURD sont à Abidjan pour négocier un contrat d'environs 800 millions de F CFA avec les autorités d'Abidjan et avoir des entretiens au plus haut sommet de l'Etat. Ces mêmes sources indiquent que Gnahé Zranka loge quelques fois au quartier Camp militaire de Yopougon et d'autres fois à la Djibi à Cocody-Angré. Quant à Oulaï Tako, il a élu domicile chez un maire FPI (dont nous taisons le nom) à la Riviera III. Au sein des populations Wê, c'est l'émotion. Parce qu'elles ne comprennent pas que les "Forces Lima" qui causent tant de tristesse et de désolation dans l'Ouest du pays, soient dans les bonnes grâce du pouvoir d'Abidjan.

Edgar Kouassi


Transfert d'autorité entre les forces françaises et africaines à Bondoukou
Général Bruno Darry (Commandant des forces françaises) :
"Rien n'arrêtera le processus de paix"

La ville de Bondoukou a abrité, avant-hier samedi, la cérémonie de "transfert d'autorité" entre les soldats français, basés dans cette ville, et les soldats ghanéens de l'ECOFORCE.
Cette cérémonie - la première du genre depuis le début de la crise - marque la volonté des forces françaises de se désengager progressivement des différentes lignes de front qu'elles tiennent depuis la crise. Sous un soleil de plomb, dans cette ville de l'Est du pays, les Généraux Bruno Darry et Papa Kalilou Fall, Commandants, respectivement, des troupes françaises et de la CEDEAO ont signé des documents pour matérialiser ce "transfert d'autorité". Pour ce faire, le drapeau tricolore français a été remplacé par celui de l'ECOFORCE. "Cette cérémonie est caractéristique de la politique française en Afrique, c'est-à-dire, la mise en œuvre du concept de Renforcement des capacités, de maintien de la paix (RECAMP) qui se résume en trois mots : un concept français, une volonté africaine et un programme multinational", a déclaré le Général Darry. Il a également ajouté que "le processus de paix est engagé et rien ne l'arrêtera".
Cependant, a tenu à préciser le Général français, son pays restera présent pour soutenir les soldats ghanéens qui auront désormais la responsabilité de la surveillance du cessez-le-feu sur le front Est. Parce que, précise-t-il, "la volonté de la France est de dire à ses amis africains que la sécurité leur appartient. On participera à leur sécurité, mais à côté d'eux".
Pour le Général sénégalais Fall, "ce transfert d'autorité marque définitivement notre présence pour remplacer les troupes françaises dans le secteur Est".

YMA


Sécurité des ministres RDR du prochain gouvernement
Douze soldats pour chaque ministre

Alain-Richard Donwahi et Me Adama Camara, membres du Cabinet du Premier ministre Seydou Diarra ont rencontré, à Bamako, le Président du RDR et une forte délégation des cadres de son parti. Après plusieurs heures d'entretien avec ces deux émissaires, le Président du RDR a déclaré à la presse que ceux-ci lui "ont affirmé que toutes les mesures de sécurité seront prises à l'endroit des futurs ministres et de leurs familles". Sur la base de cette assurance, il a annoncé que les sept futurs ministres du RDR "seront, en principe, à Abidjan et à Yamoussoukro". Pour le détail des discussions, il faut savoir que les envoyés de Seydou Diarra ont expliqué à Alassane Dramane Ouattara que l'absence de son parti au Conseil des ministres du 13 mars a été mal perçue par l'opinion nationale et internationale. Ils ont affirmé que toutes les mesures de sécurité avaient été prises pour que leur déplacement d'Abidjan à Yamoussoukro se fasse sans incident.
Mais, au cours des discussions, l'on s'est vite aperçu des faiblesses de ce fameux dispositif de sécurité. Dispositif constitué uniquement de militaires proches du pouvoir, censés protéger la vie de ceux dont ils avaient brûlé les maisons, pillé les biens et qu'ils avaient cherché à éliminer. Le Président du RDR a argumenté, en mettant en avant le fait qu'il est important pour un parti politique de l'opposition d'avoir une bonne image à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Mais, a-t-il souligné, il est, plus que tout, important pour un parti que ses cadres soient entourés d'une certaine sécurité et que leurs vies ne soient pas inutilement laissées à la portée du premier excité venu.
De commun accord, il a été décidé qu'une force de sécurité sera mise à la disposition du gouvernement et assurera la protection rapprochée des ministres. Cette force fournira douze hommes à chaque ministre, par jour, qui se relaieront en équipe de six. Ces équipes seront constituées ainsi:
- trois hommes pour assurer la sécurité des ministres à la maison
- deux hommes pour sécuriser le trajet, c'est-à-dire un chauffeur et un garde du corps
- Un homme pour le garder au bureau
Cette unité sera placée sous le commandement de la CEDEAO. Elle sera constituée de soldats de "l'Opération Licorne" et de l'ECOFORCE.
L'assemblée a insisté sur le fait qu'elle ne devra pas contenir de militaires ou de gendarmes appelés loyalistes. Chacune des personnalités à protéger ayant fait, elle ou ses proches, l'objet d'une tentative d'assassinat de la part d'éléments incontrôlés de l'armée ivoirienne.
L'unité de protection du gouvernement va bénéficier de la logistique française (transmission, notamment) dans l'accomplissement de sa mission.
Les différentes parties sont tombées d'accord sur ces mesures et ont engagé le Premier ministre quant à leur application. Sur la base de ces garanties, ADO a donc annoncé que ses cadres seront à Abidjan. Leur arrivée est prévue dans les tout prochains jours.
Alassane Ouattara lui-même ayant vu sa résidence pillée et incendiée par une trentaine de gendarmes appuyés par un blindé, ne rentrera pas avant quelques semaines.

T.M.



Voici les sept ministres désignés par le RDR

On avance vers la fin du suspense pour ce qui concerne les ministrables du RDR.
Lors de l'entrevue qu'il a eue avec les membres de la direction de son parti, le Président du Rassemblement des Républicains a dressé la liste définitive de ceux qui endosseront les couleurs du RDR dans le prochain gouvernement.
Ainsi, ce sont :
- Mme Rose Henriette Dagri-Diabaté, au ministère d'Etat, ministère de la Justice
- M. Amadou Gon Coulibaly au ministère d'Etat, ministère de l'Agriculture
- M. Zémogo Fofana au ministère de l'Enseignement supérieur
- M. Amadou Soumahoro au ministère du Commerce
- M. Hamed Bakayoko au ministère des Nouvelles technologies et Télécommunications
- M. Marcel Amon-Tanoh, au ministère du Tourisme
- Mme Camara Kandia née Kamissoko au ministère de la Famille, de la Femme et de l'Enfant.
Le dernier portefeuille, celui de Mme Camara est litigieux, en ce sens que Gbagbo ne veut pas d'elle au gouvernement. Mais dans l'esprit d'Alassane Ouattara, il n'est pas question de transiger sur le cas de cette dame. "Mme Camara, une brave femme honnête, est Présidente des femmes du RDR. Et nous maintenons sa candidature", a déclaré M. Ouattara. Mais il reconnaît qu'il y a des blocages réels et "qu'à ce sujet, les discussions se poursuivent". Gbagbo fait pression sur Seydou Diarra et sur le Comité international de Suivi pour que ceux-ci fassent pression sur le RDR. Pressions d'autant plus incompréhensibles que personne n'a contesté un seul ministre de Gbagbo. Incompréhensibles également parce qu'à Accra, Gbagbo, par la voix d'Affi N'Guessan, s'était engagé sur l'honneur à ne récuser aucune personnalité présentée par un parti politique. S'il a fait plier le PDCI, en faisant changer Dagobert Banzio et Youssouf Bakayoko, le RDR et les "Forces Nouvelles" n'entendent pas céder à ses caprices. Fussent-ils présidentiels.

T. M.


VITE DIT

Des miliciens en formation

Un fait curieux suscite de nombreuses interrogations à Yopougon ces temps-ci. Des jeunes gens au nombre de trois cents, dont la moyenne d'âge varie entre vingt et trente ans, crânes rasés, habillés en tee-shirts rouge pour certains vert pour d'autres, recrutés pêle-mêle dans les quartiers de ladite commune s'entraînent tous les jours à l'Académie de la Mer à Niangon. Ces entraînements se déroulent sous l'œil vigilant des soldats qui les encadrent. Prépare-t-on, du côté d'Abidjan, la reprise de la guerre ?

Encore le RDR !

Dans sa livraison du samedi 14 mars dernier, le doyen de la presse ivoirienne "Fraternité Matin" barrait à sa Une qu'un coup d'Etat en préparation, par le Lieutenant-Colonel Lath, aurait été étouffé. En Côte d'Ivoire, la rengaine est connue. Coup d'Etat rime avec RDR. C'est pourquoi, personne ne s'est émue, lorsque le journaliste de service, foncièrement ivre de haine contre le RDR, a tout fait pour mêler ce parti à cette sordide affaire. Mais le brin d'honnêteté qui lui reste encore n'a pu lui permettre de citer des partis ou des personnalités politiques qui, seraient sont proches du présumé coup d'Etat. On se demande, en quoi l'absence du RDR à Yamoussoukro lors du premier conseil des ministres, le rendrait responsable d'un prétendu coup d'Etat. Heureusement qu'avec le nouveau gouvernement, un grand nettoyage se fera dans ces organes d'Etat qui n'ont que trop divisé les Ivoiriens.



Analyse de l'arrangement d'Accra et du gouvernement de réconciliation nationale
Cissé Ibrahim Bacongo :
"Le pire est à venir en Côte d'Ivoire"

Airs circonspects voire suspects, attitudes préventives, gestes hésitants et maladroits, regards totalement éteints par une haine fraternelle réciproque et que les quelques sourires crispés arrachés de temps à autre aux circonstances n'arrivaient pas à illuminer, les yeux vitreux certainement de peur des représailles redoutés des "patriotes", l'esprit chargé... Tous, quasiment, avaient en conscience d'être des exilés potentiels, en arrivant au centre sportif de ce petit village de Marcoussis, qui appartient désormais à l'Histoire... Des exilés politiques, pour trahison à la cause de la mère-patrie, au cas où "ils ne ramenaient pas la Paix" au pays. Et puis, à mesure que passait le temps, grâce aux rencontres informelles, aux conciliabules sinon aux confidences et aux confessions réciproques des pauses café, par le dialogue franc et constructif, les sentiments de fraternité et de solidarité étaient revenus, après que la confiance réciproque ait été restaurée. Alors, une nouvelle espérance était née, qui a été sanctifiée par l'exécution émue et enfiévrée de l'hymne national, "l'Abidjanaise", à la fin des travaux de la Table Ronde, à 1 heure 17 mn, un moment d'aperception, d'équilibre et d'harmonie parfaite. Hélas, une espérance qui semble déjà trahie par les faits, après cette autre que la transition militaro-civile de décembre 1999-2000 avait suscitée.
Alors que la diplomatie africaine avait montré ses limites, après quatre mois d'atermoiements, sur fond de querelles de leadership entre des chefs d'Etat de la sous-région, la Table Ronde de Linas-Marcoussis a été initiée, financée et organisée par le Gouvernement de la République Française, pour sortir de l'impasse. Son but avoué, qui a été rappelé par le Président Pierre MAZEAUD à l'ouverture des travaux, consistait donc, sur la base d'une analyse objective de la situation socio-politique, à identifier les problèmes que connaît la Côte d'Ivoire et à proposer les solutions adéquates et pertinentes permettant de les surmonter, afin de ramener la paix dans le pays.
Outre les trois mouvements rebelles qui revendiquent actuellement les 2/3 du territoire national, la rencontre a réuni, sous l'assistance et le témoignage de facilitateurs dépêchés par la communauté internationale, l'ensemble des forces politiques ivoiriennes ayant quelque représentativité, le parti au pouvoir y compris, dont la délégation était conduite par son Président, par ailleurs ancien Premier Ministre et comprenait, le Président de l'Assemblée nationale, une Parlementaire et deux Ministres.
On peut affirmer que "Marcoussis" a tenu ses promesses. Tous les problèmes qui empestent la vie politique et sociale de la Nation, depuis les dix dernières années au moins, ont été posés et débattus, dans la franchise, sans passion et avec responsabilité. Comme le médecin, après le diagnostic, il a fallu proposer les thérapies efficaces pour guérir les maux. Les solutions retenues sont celles qui sont apparues, de façon consensuelle, aux participants à la Table Ronde, comme étant les moins mauvaises et, donc, les plus appropriées, pour résoudre chacun des problèmes soulevés. Dès lors, l'Accord de Linas-Marcoussis, qui s'articule autour de grands principes de solutions appuyés de propositions précises contenues dans quelques annexes et qui ont tous la même valeur juridique, apparaît comme un contrat moral, pour ne pas dire un nouveau contrat social, par lequel tous les ivoiriens devaient se sentir liés, à travers leurs représentants que sont les forces politiques signataires.
Mais, alors même que dans la presse mondiale sa signature était encore célébrée, après avoir été confortée par la communauté internationale à l'occasion du sommet des Chefs d'Etat de l'Avenue Kléber, l'accord était attaqué, sur ses flancs, d'un côté par "la rue" et de l'autre par le Chef de l'Etat déclarant n'en accepter que l'esprit et non la lettre. A présent, c'est de façon massive qu'il est violé, consciemment ou inconsciemment, par tous ses signataires ou presque, dans une espèce de conspiration du silence. Récapitulons...
Aux lendemains de la répartition des portefeuilles ministériels, les 25 et 26 janvier 2003, à Avenue Kléber, les "forces nouvelles" se sont vu contester les deux ministères d'Etat qui leur avaient attribués, librement et de manière consensuelle, la Défense et la Sécurité. Le comble, c'est que les prétextes avancés ont été partagés par des personnes bien pensantes, dont certains diplomates accrédités en Côte d'Ivoire, qui ont pourtant assisté aux différentes rencontres de Kléber.

Gbagbo s'attaque à la substance même de l'Accord de Marcoussis

En réalité, la dénonciation des postes de la Défense et de la Sécurité attribués aux "Forces Nouvelles" n'était qu'une simple tactique politicienne permettant de viser plus grand. Ainsi, elle a permis à la remise en cause de la composition même du Gouvernement par le Chef de l'Etat, qui avait proposé une armée mexicaine de 46 ministres. Elle a servi aussi, au moins objectivement, de justificatif aux tripatouillages effectués dans la configuration de l'équipe gouvernementale, sous prétexte d'ajustements, pour sortir du blocage organisé.
En faisant attribuer 10 portefeuilles à son parti, le FPI, dans un consensus mou, obtenu par césarienne, le Chef de l'Etat a réussi à faire voler en éclats l'équilibre dans la répartition des postes ministériels, tel que prévu au point 3-d de l'Accord, qui n'est certes pas l'égalité, mais un équilibre en nombre et en contenu de portefeuilles attribués compte tenu de la représentativité des formations en présence et des rapports de force entre elles. Par la même occasion, il a réussi à décrédibiliser le Gouvernement mis en place, qu'on qualifie déjà, non sans raison, dans la presse trop vertueuse de la sainte famille des frontistes, de "Gouvernement wouya wouya". Puisque, de 36 portefeuilles arrêtés à Kléber, y compris 10 ministères d'Etat, la composition de l'équipe gouvernementale est passée à 41 portefeuilles avec 12 ministères d'Etat actuellement qui pourraient être portés à 14 après la nomination des titulaires de la Défense et de la Sécurité.
Mieux ou pire, capitalisant ses succès, le Chef de l'Etat est en train de s'attaquer à la substance même de l'Accord de Marcoussis. En effet, celui-ci prévoit la mise en place d'un Gouvernement de Réconciliation Nationale chargé, notamment, "... du renforcement de l'indépendance de la justice, de la restauration de l'administration et des services publics..." et de l'application du "... programme de la Table Ronde ...", et qui sera dirigé par un Premier Ministre de consensus devant rester "... en place jusqu'à la prochaine élection présidentielle à laquelle il ne pourra se présenter" et disposant "... des prérogatives de l'Exécutif en application des délégations prévues par la Constitution ..., pour l'accomplissement de sa mission...".
Le décret sujet à controverse que le Chef de l'Etat vient de se résoudre à prendre, pour déléguer les "...prérogatives de l'Exécutif..." au Premier Ministre, bafoue, sur toute la ligne, ces différents points de l'Accord.
Premièrement, le décret limite, implicitement mais de façon univoque et sans doute intentionnellement, la durée des fonctions du Chef du Gouvernement. Ce dernier pourra être révoqué, avant la prochaine élection présidentielle, pour une raison ou une autre.
Deuxièmement, le texte donne pas au Premier Ministre "les prérogatives de l'Exécutif", mais seulement, en réalité, "...l'initiative des actions..., des avant-projets et projets de textes réglementaires, législatifs et constitutionnels... dans les matières..." citées limitativement.
Troisièmement, le décret contredit, ouvertement, en divers points, l'Accord. Ainsi, il vise, notamment :
l "le désarmement des forces rebelles ", alors que l'Annexe VII parle de "regroupement concomitant des forces en présence..." suivi de leur "...désarmement et leur démobilisation, en vue de la ...refonte et de la restructuration des forces de défense et de sécurité...";
l "la poursuite des opérations d'identification...", quand l'Annexe I prévoit au point 2-a "la suspension du processus d'identification en cours en attendant ... la mise en place, dans les meilleurs délais, d'une Commission nationale d'identification..." ;
l "la préparation des échéances électorales et dans ce cadre l'élaboration des propositions de reformes électorales", cependant que, traitant spécialement de l'Eligibilité à la Présidence de la République, en dehors des questions électorales abordées par ailleurs, l'Annexe III indique que "... le Gouvernement de Réconciliation Nationale proposera ... les conditions d'éligibilité du Président de la République ...".
Au surplus, la presse indique que le Chef de l'Etat est opposé à la nomination dans le Gouvernement de certains représentants désignés par les forces politiques en présence. Les noms de Kandia Kamissoko-Camara du RDR, Dagobert Banzio et Yssouf Bakayoko du PDCI et de Louis André Dacouri-Tabley du MPCI sont cités en sens. De fait, les deux représentés cités du PDCI ont été remplacés.

De l'abusif de la part du chef de l'Etat

Bien sûr, aucune raison qui vaille ne pourrait justifier le refus du Chef de l'Etat de voir figurer les personnalités concernées au sein de l'équipe gouvernementale. D'une part, il ne peut pas choisir les représentants de son propre parti et ceux des autres formations. D'autre part, à travers la signature du chef de la délégation de son parti, il s'est engagé dans l'Arrangement d'Accra à respecter le choix fait par les forces politiques de leurs représentants dans le Gouvernement. La position que semble avoir prise le Chef de l'Etat, sur cette question, traduit tout simplement une défiance à l'égard de l'Accord de Marcoussis. Une telle défiance est encore plus outrancière concernant son opposition à la nomination du Général Gaston Ouasséna Koné au poste de Ministre de la Défense.
A ce sujet, l'Arrangement d'Accra prévoit que ce portefeuille sera attribué, comme celui de la Sécurité, à une personnalité choisie sur une base consensuelle par le Conseil National de Défense et de Sécurité nouvellement mis en place. Au terme de sa première réunion, le Général Gaston Ouasséna Koné a été choisi, pour occuper le portefeuille de Ministre de la Défense, par la quasi-totalité des membres du Conseil, à part le Chef de l'Etat, qui, semble-t-il, s'est déclaré opposé à sa nomination parce qu'elle conduirait à porter le nombre de ministres de son parti d'appartenance à 8.
A l'évidence, le motif invoqué traduit de l'abusif de la part du Chef de l'Etat, parce que le consensus n'a jamais signifié unanimité. Surtout, il constitue tout simplement de la pure diversion, dès lors que le consensus visé dans l'Arrangement d'Accra peut se faire sur toute personnalité, sans considération pour son appartenance politique ou sa confession religieuse, notamment. Et puis, on aurait compris que le Chef de l'Etat soit opposé à la nomination d'une personne qu'il suspecte d'être proche de la rébellion, qui est son seul adversaire dans la crise actuelle.
En somme, fidèle à sa décision de n'en reconnaître que l'esprit, pour autant qu'on puisse séparer l'esprit et la lettre d'un accord, le Chef de l'Etat prouve chaque jour sa volonté de rejet total de l'Accord de Marcoussis. Sans soulever la moindre désapprobation, surtout de la part du Comité International de Suivi, qui n'a jamais rien suivi, depuis sa mise en place, quand il ne rend pas complice actif du Chef de l'Etat.
N'est-ce pas ainsi qu'il faut interpréter la décision prise par ce comité d'abandonner la sécurité des membres du Gouvernement entre les mains des forces régulières de défense et de sécurité dites "les loyalistes". Au mépris souverain de l'Accord de Marcoussis.
Dans ces conditions, il y a lieu de craindre que le pire que l'Accord de Marcoussis était sensé éviter à la Côte d'Ivoire soit à venir. Mais, il est encore temps pour redresser la barre. Ce qui suppose de la responsabilité de la part de tous et de chacun et de la volonté.

CISSE Ibrahim Bacongo
Docteur en Droit



SOCIETE

Opposition à la pénétration des OGM en Côte d'Ivoire
Le gouvernement soutient les consommateurs

"Les consommateurs représentent le groupe économique le plus important. Ils sont les premiers touchés par toutes les décisions des institutions publiques et privées. Mais, leur point de vue n'est jamais entendu". C'est à partir de cette déclaration de John F. Kennedy, le 15 mars 1962, devant le Congrès américain alors Président des Etats-Unis que va germer l'idée des droits du consommateur. Il va même proposer l'adoption de quatre droits fondamentaux du consommateur. Vingt-deux ans plus tard, soit le 15 mars 1983, le monde entier célèbre pour la première fois, la journée mondiale des droits du consommateur. Cette journée était à sa vingtième célébration, avant-hier samedi 15 mars.
A l'instar des autres pays du monde, la Côte d'Ivoire, en dépit de la crise militaire qui la secoue, a commémoré cette journée dont le thème retenu, cette année est : "L'emprise de l'industrie sur la chaîne alimentaire : la filière OGM".
C'est la Fédération nationale des associations des consommateurs de Côte d'Ivoire (FAC) qui a organisé cette manifestation au Centre du commerce international d'Abidjan (CCIA) sis au Plateau. Le faisant, Me N'Goran N'Da, président de ladite fédération et ses collaborateurs avaient une idée claire : amener d'une part les consommateurs à comprendre le danger que représentent les Organismes génétiquement modifiés (OGM). Et d'autre part, le gouvernement à mettre des garde-fous quant à l'entrer en Côte d'Ivoire de ces produits transgéniques. Sur ce deuxième point, la voix des consommateurs et celle du gouvernement concordent. "Il faut mettre en place un cadre politique et réglementaire et informer le grand public", souhaite M. Raymond Assoukou, Directeur de cabinet du ministre du Commerce intérieur, M. Odette Sauhet qu'il représentait à cette cérémonie. Il a également attiré l'attention des uns et des autres sur la prolifération des entreprises de fabrication des OGM qui se caractérise par l'augmentation de la surface qu'elles occupent : 1,7 million d'hectares en 1996 contre 52 millions actuellement. C'est pourquoi, M. Assoukou a témoigné le soutien du gouvernement non seulement dans les actions qu'ils mènent sur le terrain mais aussi dans leur opposition à la pénétration en Côte d'Ivoire des OGM. Il a d'ailleurs cité comme actions menées par l'Etat dans ce sens, l'élaboration par, le ministère du Commerce intérieur, d'un Code des consommateurs qui est en voie de définition. Mais pour lui, le succès de toutes ces actions dépend de l'Organisation sur le terrain, des associations des consommateurs.
Quant à Me N'Goran N'Da, il a rappelé les huit droits fondamentaux du consommateur, qui de façon générale, ne sont pas respectés. Il s'agit des droits à la satisfaction des besoins essentiels, à l'information, au choix, à la sécurité, d'être entendu, à la réparation des torts, à l'Education, à la consommation et le droit à un environnement sain et durable.
Après les différentes interventions, les consommateurs ont eu droit à une conférence animée par M. Sangaré du Centre national de recherche agronomique (CNRA) sur le thème de la journée.

Glodé Francelin




Création d'un fonds d'urgence à l'Education
Les enseignants veulent participer à la gestion

Le samedi 15 mars dernier s'est tenue à l'ex-Ecole normale supérieure (ENS) de Cocody, une Assemblée générale du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d'Ivoire (SYNESCI).
Au cours de cette rencontre, le Secrétaire général dudit syndicat a informé ses camarades du contenu de la rencontre qu'il a eue, le lundi 10 mars 2003, avec le ministre de l' Education. Soro Mamadou a révélé que cette séance de travail avec le ministre a essentiellement porté sur la création d'un fonds d'aide d'urgence à l'Education et sur la deuxième rentrée scolaire du 06 janvier dernier.
Parlant du fonds d'urgence à l'Education, selon lui, le ministre a annoncé sa création pour les tous prochains jours tout en précisant qu'il ne sera géré que par son Cabinet. Cependant, tout en saluant la prise de cette initiative qui permettra, en partie de satisfaire aux nombreux besoins de l'Education en Côte d'Ivoire, le premier responsable du SYNESCI a révélé que le Bureau national de son syndicat a opposé un refus poli à une gestion unique du fonds par le Cabinet du ministre Amani. "Nous sommes favorables à la création d'un tel Fonds. Mais, nous souhaiterions que les partenaires de l'Education, surtout les enseignants, participent à sa gestion", a-t-il insisté.
Quant à la seconde rentrée scolaire Soro Mamadou n'a fait que livrer, sans commentaires, les informations du ministre. En effet, selon lui, le ministre Amani N'Guessan a fait savoir que ses structures ont enregistré 12500 enseignants déplacés dont seulement 3266 ont été effectivement redéployés. En outre, seulement 1457 des 3266 enseignants redéployés percevront effectivement les cinquante mille de primes d'encouragement promis, à condition de présenter tous les mois, des certificats de prise de fonction et de présence régulière. Aussi, les 220 autres enseignants redéployés devront attendre l'aboutissement des négociations engagées avec les bailleurs de fonds pour se voir payer cette prime.
Par ailleurs, le ministre selon toujours Soro, a affirmé que des 704 300 élèves du public en zones sous contrôle rebelle seulement 122 936 en sont sortis et 121 000 soit 21% sont inscrits dans les écoles dans le cadre de la seconde rentrée.
Enfin, le Secrétaire général du SYNESCI a informé ses camarades du report du prochain congrès de son syndicat. Il a justifié cette décision en avançant des arguments de sécurité et de représentativité. Car, selon lui, le Bureau exécutif n'est pas en mesure pour l'instant d'assurer la sécurité des participants. En plus, il estime qu'il n'est pas possible d'organiser un congrès sans les 66 sous-sections actuellement bloquées en zones sous contrôle rebelle.

Coulibaly Moussa



Commémoration d'"Achoura"
"Al Ghadir" soulage les déplacés de guerre

La communauté musulmane et singulièrement chiite libanaise a célébré le jeudi 13 mars dernier, "Achoura" en mémoire du martyre de l'Imam Hussein, fils de l'Imam Ali (compagnon du prophète Mohamed) et de Fatima (fille du prophète), mort en 1634 dans le désert en Irak, en croisade pour un islam authentique.
A cette occasion, la communauté chiite libanaise "Al Ghadir" a organisé la sième édition de son opération don de sang soldée par près de neuf cents poches de sang. Par cet acte, il s'agit pour les fidèles de commémorer non seulement le sacrifice suprême de l'Imam Hussein et mais de donner à leurs frères ivoiriens ce qu'ils ont de plus cher, leur sang. Un acte de fraternité, d'amitié et d'humanité.
Les responsables d' "Al Ghadir" ont également annoncé l'ouverture prochaine d'un Lycée et d'un Centre culturel ultra-moderne. Ledit Lycée sera ouvert aux élèves de toutes confessions religieuses. Dans la même dynamique, l'Association "Al Ghadir" a apporté son soutien, vendredi dernier aux déplacés de guerre, au cours d'une cérémonie à la grande mosquée de la Riviera Golf.
Plusieurs dizaines de personnes, toutes tendances religieuses confondue ont été soulagées en recevant des sacs de riz, du sucre, des nattes, des chaussures, etc. Pour l'Imam, ce geste de la communauté libanaise est avant tout un acte de solidarité.
"Nous avons vécu au Liban ce genre de situation difficile. Cependant, il faut en pareille circonstance faire preuve de beaucoup de patience", a-t-il conseillé.
L'Imam Idriss Koudouss du Conseil national islamique a, au nom des musulmans ivoiriens, remercié le guide de la communauté libanaise pour son sens de la solidarité et tous les efforts faits pour la Côte d'Ivoire. Il a également loué le dynamisme du président d'"Al Ghadir".

Mamadou Doumbes



Rapprochement entre Chrétiens et Musulmans en Côte d'Ivoire
L'ONG "Crainte de Dieu" voit le jour

Œuvrer pour l'union, la tolérance et l'acceptation entre tous les Ivoiriens et particulièrement les religieux. Tel est le but visé par l'ONG chrétienne "Crainte de Dieu : égalité, développement et paix sans armes". Son président, M. Logon Florent, explique que cela se traduira à travers diverses activités. Notamment, des campagnes de sensibilisation contre les incendies des édifices religieux.
Il faut, soutient-il, mettre fin à ces actes regrettables, qui ont eu à créer des frictions entre Chrétiens et Musulmans de Côte d'Ivoire lors des récents évènements socio-politiques. C'est d'ailleurs pour rapprocher davantage ces deux communautés que l'ONG "Crainte de Dieu" entend organiser des séminaires et colloques. Ces assises tourneront autour des thèmes de l'amour mutuel et de la crainte du Dieu unique "créateur de toute l'humanité". Ces notions ont été abondamment évoquées lors de la sortie officielle de l'ONG, le samedi 15 mars dernier à la Paroisse St Michel d'Adjamé.
A cette occasion, l'Imam Coulibaly Komory, représentant le Conseil national islamique (CNI) a dit que cette initiative de "Crainte de Dieu" est la bienvenue. Car, estime-t-il, les religieux ne doivent pas être divisés "parce que nous sommes tous issus d'un même être : Adam". C'est également l'avis du Père Roustand Pierre de la Paroisse St Michel d'Adjamé qui a encouragé ses filleuls à aller le plus loin possible dans leur "noble mission".
Quant au représentant du maire d'Adjamé, M. Diomandé Youssouf, il a insisté sur la disponibilité permanente de la municipalité à "encourager résolument et avec conviction" ce genre d'initiative.

Cissé Sindou

ECONOMIE

Enquête-Express
Hausse du coût de la vie
Après les aliments, les médicaments

Dans les hôpitaux, les frais de consultation ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Pire, dans les pharmacies, les prix des médicaments ne font qu'augmenter et changent, presque chaque semaine, voire chaque mois au grand dam du consommateur moyen. Notre enquête.

Madame T. Ami, la trentaine passée, est mère de famille. Elle est également vendeuse de produits vivriers. Mais ce samedi 15 mars 2003, elle ne s'est pas rendue au marché. Il est environ 11 heures, elle vient de franchir l'une des entrées du CHU de Treichville et à pas lents, elle se dirige vers les bâtiments de soins. La tête légèrement baissée, elle tient dans la main droite un sachet. Elle nous explique qu'elle vient de la pharmacie. Son bébé de trois mois fait de la fièvre depuis l'aube.
Après la consultation, le médecin lui a prescrit une ordonnance. "J'ai acheté quatre types de médicaments. Ce sont des sirops et cela m'a coûté au total douze mille sept cents francs cfa", précise-t-elle. Elle ne cache pas non plus le dur coup financier que cela représente pour elle. Son époux s'est rendu au Mali pour une livraison de marchandises. Il ne sera pas de retour avant la fin de cette semaine. Elle a dû puiser dans ses propres économies pour faire face à cette dépense imprévue. Ce qui l'offusque et l'attriste, ce sont les prix des médicaments. En effet, Ami qui est actuellement à son quatrième enfant, est une habituée des hôpitaux et des pharmacies. Elle achète régulièrement les mêmes médicaments pour les soins de ses enfants. Ainsi, elle se rappelle avoir acheté pour son avant- dernier bébé, il y a deux ans et demi, le sirop (30 ml) d'un déparasitant à mille huit cents francs. Elle venait de prendre le même produit à mille neuf cents vingt cinq francs. Pire, le sachet d'Aspegic 250 g qu'elle avait l'habitude d'acheter à huit cent cinquante francs, vient de lui coûter mille quatre cent soixante francs. On voit bien que tous les médicaments qu'elle vient d'acheter ont connu une hausse de prix. A une échelle largement au-dessus des estimations d'Ami qui pensait pouvoir obtenir ses quatre produits à dix mille francs au plus. Mais que non ! Elle a donc dû "fermer les yeux" pour dépenser les douze mille sept cents francs cfa. "Comment vais-je faire ?, s'interroge-t-elle. Mon enfant est malade et je veux qu'il guérisse".

Les médicaments boudés

Le jeune Ange-Louis B. souffre, lui, d'une maladie de la peau. Plusieurs fois, il s'est rendu au Service de dermatologie pour des consultations. La dernière en date remonte à deux semaines. Le médecin lui avait prescrit une série de médicaments dont des injections. Le traitement devait s'étaler sur quinze jours. Mais hélas. Ange-Louis n'a pu acheter qu'une seule pommade sur le lot de remèdes prescrits. Elle lui a coûté deux mille cent cinquante cinq francs. Il s'est rendu dans plusieurs pharmacies pour se renseigner sur le coût total de l'ordonnance.
"Ça ne fait pas moins de trente mille francs. Ce que je n'ai pas, parce que je ne travaille pas (il est étudiant). J'en ai parlé à mon père, il m'a dit qu'actuellement, il ne peut pas dépenser trente mille francs pour des médicaments. J'ai donc laissé tomber les injections pour ne payer que la pommade qui coûte un peu moins cher", indique-t-il.
L'utilisation de la pommade en question lui a donné un résultat mi figue, mi raisin. Il a néanmoins fait le déplacement du CHU pour honorer le rendez-vous du médecin. Mais, il hésite à aller rencontrer ce dernier. "Je ne sais pas exactement ce que je vais lui expliquer", dit-il. Une autre dame est presque dans la même situation. Il y a une semaine, elle était revenue au Service de Médecine générale pour des troubles digestifs. L'on lui avait prescrit des comprimés contre la constipation et un régime alimentaire à suivre. La boîte de comprimés coûtant quatre mille francs, elle avoue s'être contentée "tant bien que mal" de suivre le régime alimentaire. Heureusement, elle se porte mieux. Elle se dit que le médecin lui conseillera de poursuivre son régime.

La hausse récurrente des prix

De fait, les consommateurs se plaignent de plus en plus fréquemment des variations de prix dans les pharmacies.
Interrogé, un vendeur en pharmacie révèle que cela est un fait récurrent. Tout les ans, poursuit-il, il y a de nouveau prix. Pour preuve, entre l'An 2000 et cette année, la plupart des médicaments génériques contre le Paludisme et la fièvre ont connu des augmentations de prix de l'ordre de 30 à 40 %. Ainsi, la boîte d'Aspirine (30 comprimés) coûte en moyenne neuf cent francs aujourd'hui contre sept cents francs avant. La boîte de Doliprane qui coûtait neuf cent francs, est vendu maintenant à mille vingt francs voire mille cinq cent francs. Le prix de la boîte de Camoquin (neuf comprimés) est passé de mille quatre cent soixante treize francs à mille cinq cent quatre vingt francs. Le sirop coûte deux mille quarante francs aujourd'hui contre mille neuf cents dix francs avant. Le prix de Vermox (30 ml) sirop est passé de mille huit cent francs à mille neuf cents vingt-cinq francs.
Le sirop de Clamocxyl (250 g) coûte actuellement mille quatre francs contre mille huit cent un francs en 2000.
"Tyflox 500" cet antibiotique utilisé également pour le palu est vendu aujourd'hui dans l'ordre de neuf mille francs contre sept mille francs initialement. Le prix de l'anti-palu "Arimate" est passé de trois mille quatre cent à trois mille six cent quatre francs en moins de deux ans.
Par ailleurs, les produits dits de "spécialité" sont les plus chers. De même la marge de hausse sur leurs prix est toujours élevée.
Il s'agit entre autres des produits pharmaceutiques utilisés en Dermatologie ou en Chirurgie. "Entre deux semaines, le prix d'un tel produit peut connaître une hausse de plus de mille francs", précise notre interlocuteur. Dans ce lot se trouvent également les produits alimentaires pour enfants. Dans cette gamme, on trouve différentes marques de lait en boîte de 400 g. Telles que "Nursie" qui coûte deux mille trente-cinq francs actuellement, "Guigoz" : mille neuf cent quatre francs ou encore "Nan" (Nativa) vendu en moyenne à deux mille trente francs contre deux mille francs, il y a peu. Une augmentation de l'ordre de vingt francs est constatée sur certains types de lait depuis quelques jours. Ces dernières semaines l'ensemble des génériques ont également connu des hausses de prix.
Ce que confirment certains pharmaciens. Si selon eux les marges d'augmentation sont négligeables parce qu'étant de l'ordre de dix francs ou quinze francs cfa, il n'en reste pas moins que ces hausses inquiètent nombre de consommateurs qui les trouvent anarchiques. Ce que refusent, les pharmaciens. L'un d'entre eux explique que tout dépend des fournisseurs.

Les grossistes pointés du doigt

En Côte d'Ivoire, le marché des produits pharmaceutiques est approvisionné par trois grands laboratoires.
Ces "grossistes" qui alimentent les différentes pharmacies sont, selon les détaillants, les premiers responsables de cette hausse des prix. "Les augmentations viennent d'eux. Chaque fois qu'il y a une augmentation de prix à leur niveau, nous sommes obligés de le répercuter sur les nôtres. Ce que les clients ne comprennent toujours pas", soutient un agent de pharmacie. Selon lui, il arrive parfois que pour un même produit, ces grossistes pratiquent des prix différents. "C'est ce qui explique le fait qu'il y a souvent des différences de prix d'une pharmacie à une autre pour le même médicament", ajoute-t-il. N'empêche, selon lui, que certaines pharmacies font souvent de la surenchère. "En principe l'Etat devrait jouer le rôle de gendarme à ce niveau, mais vous connaissez notre pays...", regrette-t-il.

Les raisons des hausses

Nos efforts pour rencontrer les responsables de l'un ou l'autre des laboratoires grossistes sont restés vains. Mais, certains de leurs collaborateurs, en l'occurrence les "promoteurs" des produits pharmaceutiques que sont les Délégués médicaux ont bien voulu nous fournir quelques explications sur les origines des hausses. Selon l'un d'eux les hausses sont d'abord liées aux conditions de réception des médicaments, importés pour la plupart d'Europe.
"Tout dépend des conditions dans lesquelles les bateaux
débarquent les produits. Quand les taxes douanières et autres frais exigés par les autorités portuaires sont élevés, cela agit directement sur les prix du médicament. Ces conditions changent régulièrement et se durcissent au fil des arrivages. Alors, les prix grimpent", indique-t-il. Par ailleurs, il y a l'épineux problème de la taxe sur la valeur ajouté (TVA) sur le prix du médicament. Cette Taxe rapporte-t-on est en perpétuelle augmentation. A cela s'ajoute les autres frais très variables liés au transport et à la conservation des produits pharmaceutiques. D'où les incessantes hausses constatées dans les rayons des pharmacies.

Cissé Sindou


CULTURE

Interview
Barbara Kanam (artiste-musicienne):
"Il faut que cette guerre s'arrête"

Titulaire d'un BTS en commerce international, la ravissante et séduisante Barbara Kanam, l'une des plus belles voix féminines d'Afrique, est une artiste électrique, une vraie touche-à-tout. Le funk, le reggae, le zouk, la rumba et même le jazz n'ont pas de secret pour elle. Ex-pensionnaire de l'orchestre "Devotion" de Johannesbourg et formée au gospel à la prestigieuses "Psalmody academy" (toujours à Johannesbourg), Barbara Kanam apprend toute seule à jouer à la guitare. Avec cet instrument, elle crée un répertoire acoustique pour une tournée "One woman acoustic show" en Afrique centrale en 1993. Deux ans plus tard, elle débarque à Abidjan pour une autre expérience : la chorale religieuse. Aguerrie par sa technique vocale et son jeu, elle sort "Mokili", son premier album en 1999, produit par Koné Dodo, manager d'Alpha Blondy, qui la révèle au grand public. Cette année, elle récidive avec "Teti", une galette de douze titres qui sort le 26 mars prochain chez la Nouvelle Jat Music. De passage à Abidjan, la chanteuse, qui réside à Paris, a bien voulu nous parler de ce come back. Entretien.

Le Patriote : Barbara, n'avez-vous pas peur de sortir un album dans un contexte aussi difficile ?
Barbara Kanam : C'est vrai qu'au départ, on a hésité. Ce n'est pas adéquat, idéal. Mais, on s'est dit que malgré la situation, les gens ont envie d'autre chose. C'est une manière de dire aux Ivoiriens que je suis avec eux. C'est pour montrer mon attachement à la Côte d'Ivoire. Entre ce pays et moi, c'est un mariage pour le meilleur et pour le pire. Donc, ce n'est pas le moment d'abandonner les Ivoiriens surtout quand ils ont des problèmes.

L.P : Pourquoi le titre "Téti" ?
B.K : "Téti" veut dire aussi kibemba en lingala. Cela signifie "Lève-toi, ne désespère pas". C'est un message d'actualité. Je sais que la situation va s'améliorer de toute façon. La Côte d'Ivoire retrouvera sa paix d'antan. On a beaucoup de choses à faire ensemble.

L.P : Vous semblez énormément optimiste alors que la sortie de crise piétine...
B.K : ... Vous savez, toute cette situation me rend très triste. Je viens d'un pays, la République démocratique du Congo où la guerre s'est installée. C'était un pays paisible comme la Côte d'Ivoire où les populations vivaient en bonne intelligence. Mais aujourd'hui, c'est presque un champ de ruine avec les ravages causés par les conflits. Il faut que la guerre s'arrête en Côte d'Ivoire. Vous êtes allés trop loin pour reculer. Franchement, je ne veux pas que la guerre continue. Tuer pour arriver à quelque chose n'est pas la solution. Même si je sais qu'il y a un Dieu qui ne laissera pas tomber ce pays, apprenons à dialoguer, à s'asseoir, à se pardonner.

L.P : Justement, pourquoi n'avez-vous pas composé une chanson pour sensibiliser les Ivoiriens sur la nécessité de faire la paix ?
B.K : Oh, j'y pense. J'aimerais le faire avec des Ivoiriens.

L.P : Quels autres arguments comptez-vous faire valoir pour vendre votre produit ?
B.K : Je dirai que cet album est plus dansant que le précédent (Ndlr : Mokili). Je reste tout de même fidèle à l'acoustique, parce que j'aime ce style. Quand on fait ce qu'on aime, ça finira pas plaire. Aussi, j'ai conçu cette œuvre avec beaucoup d'amour, tout en restant moi-même car les gens aiment ce qui est naturel. Je demeure dans l'acoustique, c'est ça ma vie.

L.P : Et côté thématique, quels autres messages véhiculez-vous ?
B.K : Je chante la vie, la naissance, l'amour, Dieu, l'espoir, les enfants d'Afrique. Avec toutes ces guerres, beaucoup d'enfants sont soldats, malheureux. Il est important qu'on mette l'accent sur les enfants. Je tiens à dire aussi que j'ai enregistré à Paris avec des musiciens de renoms tels les arrangeurs Loraine Romain, Mao Otayeck qui appartiennent au Solar System d'Alpha Blondy et qui sont très talentueux. Edgar Yonkeu a également arrangé un de mes titres à savoir, "Bibi Madeleine". C'est d'ailleurs le titre choc. Le rythme est un peu à cheval entre les mélodies de la Côte d'Ivoire et le soukous de la RDC. Dans cette chanson, j'ai repris le célèbre refrain de Pamelo Mounka, "l'argent appelle l'argent". J'exhorte ainsi les femmes à garder leur dignité. En tant que femme, c'est vrai qu'on aime l'argent, mais il faut savoir connaître ses limites.

L.P : Ce dont beaucoup de femmes se soucient hélas peu...
B.K : Justement, c'est pour cela que je les interpelle. Vous savez, contrairement à ce qu'on pense à tort d'ailleurs, l'argent ne conditionne pas l'amour. Si vous aimez quelqu'un pour de l'argent, le jour où il ne pourra plus vous en donner, vous allez le quitter. Or, si vous éprouvez de l'amour pour lui, vous allez vous battre à ses côtés pour surmonter les difficultés.

L.P : Pendant quatre ans, vous avez disparu de la scène musicale. C'était un repli stratégique ?
B.K : (Elle éclate de rire) Ah oui ! c'était un choix stratégique. A dire vrai, j'avais marqué un arrêt pour faire un enfant. Et cela m'a pris le temps. Quand on donne la vie, on a franchi un pas. Je suis heureuse d'avoir eu cet enfant. J'aime les enfants.

L.P : Hormis cette maternité, vous semblez avoir beaucoup mûri. Qu'est-ce qui a changé profondément en vous, la candide Barbara d'hier ?
B.K : Aujourd'hui, je connais mieux mon public. Je peux même ressentir ce qu'il attend. J'ai aussi pris plus d'assurance qu'avant. Sur scène, je danse un peu plus. J'essaye d'être un peu à la page. Tout pour mon public. Je suis un peu plus sûre de moi.

L.P : Mais, on vous reproche d'être un peu plus discrète.
B.K : Je pense qu'il faut respecter l'intimité des autres. J'ai des petites sœurs pour qui je dois être un exemple. Je voudrais sincèrement rester un peu discrète. Je prie Dieu qu'il m'aide à demeurer ainsi. Vous savez, c'est ce qui, au contraire, attire les gens, le fait que Barbara ne soit pas comme les autres. Et puis, à quoi sert-il de faire du tapage, car nous allons tous mourir un jour ? Notre devoir, en tant qu'artiste, c'est d'apporter du bonheur aux autres.

L.P : Un coucou aux mélomanes en particulier vos fans qui attendent depuis longtemps votre retour dans les bacs ?
B.K : C'est pour eux que j'ai fait ça. J'espère que cet album leur apportera beaucoup de bonheur. Je voudrais leur dire de garder espoir. Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finira par se lever. Je les soutiens de tout cœur. Tout ce qui arrive à la Côte d'Ivoire, c'est Dieu qui l'a voulu.

Réalisé par Y. Sangaré


En Bref

Serges Kassy attaque Tiken Jah

En réaction à un entretien de Tiken Jah sur Europ 1, qui a affirmé "être pour la rébellion en Côte d'Ivoire", l'artiste Serges Kassy a adressé un long courrier dans certaines rédactions. L'auteur de "John Bri" ne se fait pas prier pour fustiger le choix de Tiken Jah et surtout s'attèle tout au long de sa lettre à rappeler au descendant de Fakoly ses leçons de civisme. "Adepte du rythme et de la philosophie reggae, son choix choque toutes les consciences éclairées qui voient en l'artiste, la voix des faibles, le porte-parole des sans-voix, du peuple", écrit-il notamment, à propos de Tiken. Serges Kassy incarne-t-il, lui-même, cette vertu de fraternité, de justice, de paix, de non violence avec ses prises de position bellicistes ? Suivez mon regard.

Joseph Diomandé : l'ultime adieu

Décédé le 23 février dernier, le célèbre journaliste, Joseph Diomandé, reporter attitré de feu le Président Félix Houphouët Boigny, a été inhumé samedi dernier à Moossou. Dès 7h30 min, ce jour, parents, proches et amis de la famille Diomandé se sont retrouvés, dans une ambiance teintée d'émotions à Ivosep pour la levée de corps. Puis, le cortège funèbre s'est dirigé à l'Eglise Saint-Antoine de Padoue pour une messe de requiem. Il a été conduit dans sa dernière demeure, sous un concert de pleurs. Adieu doyen !

Une bougie de plus pour A'Salfo

Le leader du célèbre groupe Magic System a eu un an de plus samedi. Pour fêter l'événement, A'Salfo a convié ses amis à un show party au maquis Roland Garros de Yopougon. L'alcool y a coulé, dit-on, à flots.

Burida : Bagarre à l'horizon

Avec l'avènement du gouvernement de réconciliation, Koné Dramane quitte le ministère de la Culture et de la Francophonie. Des bruits persistants font état de ce qu'une autre dissidence verrait le jour au Burida pour exiger le départ de Tantie Oussou. En fait, les "frustrés" de Koné Dramane auraient l'intention d'initier une nouvelle Assemblée générale pour des élections, dit-on, démocratiques.
Affaire à suivre.

Fitini en studio

Le plus "Mignon" des artistes zouglou s'apprête à entrer en studio pour la confection de son nouvel album. L'artiste qui n'a plus donné de la voix après le succès de "Tout mignon", son premier album, il y a deux ans, promet un retour fracassant. Wait and see.


INTERNATIONAL

Centrafrique : La rébellion prend le contrôle de Bangui
Le Général François Bozizé renverse Patassé

Le Général François Bozizé est le nouveau maître de Bangui. Le chef de la rébellion centrafricaine, s'est autoproclamé hier Président de la République par la voix de son porte-parole, Parfait Mbaye, au lendemain du coup d'Etat déclenché en l'absence du Président élu, Angé Félix Patassé.
Le porte-parole du Général Bozizé a lui hier à Bangui, sur les ondes de la radio nationale, un communiqué officiel du nouveau Président, demandant aux forces armées et de sécurité de regagner les casernes dans la journée.
Tout a commencé samedi alors que le président Patassé se trouvait à Niamey où il participait, au Sommet de la CENSAD (Communauté Economique des Etats Sahélo-Sahariens). Les rebelles ont profité de son absence pour attaquer Bangui, sans rencontrer de réelle résistance. Les rebelles ont pris très vite le contrôle des points stratégiques de la capitale : Palais présidentiel, aéroport, radio-télévision, grandes avenues. Bref, en quelques heures, le pouvoir de Patassé est tombé comme un fruit mûr. Il n'a pas reçu à cette occasion, le soutien des miliciens congolais et mercenaires du Mouvement de Libération du Congo, de Jean-Pierre Bemba. Ceux-ci ont fui dès les premiers coups de canon. Il y a eu de nombreux pillages dans la capitale. Les forces de la CEMAC (Communauté économique monétaire de l'Afrique centrale), l'arme au pied ont regagné leurs casernes. L'avion du président Patassé, qui devait regagner Bangui samedi après-midi a essuyé des tirs. Il a été dérouté vers la capitale camerounaise, Yaoundé, où il a passé la nuit, à l'hôtel Hilton.
La France a condamné samedi soir "toute tentative armée de renverser un chef d'Etat légitimement élu". L'après-patassé a été déjà évoqué dans la déclaration officielle du porte-parole de Bozizé.
-Alors que le Général Bozizé a promis de s'adresser bientôt personnellement à la Nation, le capitaine M'Baye a précisé que le nouvel homme fort du pays voulait une "transition collective". C'est un appel du pied aux partis politiques qui avaient mis sur pied il y a quelques mois, un front de contestation du pouvoir Patassé.
Esseulé, sans soutien politique et diplomatique, le coup d'Etat déclenché le par Bozizé a eu raison de lui. Pour Patassé, la rébellion était, comme toujours dans pareille situation, une "minorité soutenue par le Tchad".

Assoumane Bamba



Ce que la France a évité à Gbagbo

Le Président Centrafricain Ange-Félix Patassé doit être bien malheureux de ne pas avoir profité de la protection française comme son homologue ivoirien. Le président Gbagbo dont le régime est aux prises avec une rébellion a été pouponné par Paris. Alors que Patassé s'est contenté des maigres troupes de la CEMAC et bien avant, de la protection libyenne. A moult reprises, il a lancé plusieurs appels à l'aide. Mais Paris est resté silencieux. L'ancienne puissance coloniale a déployé par contre ses forces militaires (Opération Licorne) quarante-huit heures après le déclenchement de la crise le 19 septembre en Côte d'Ivoire. la France a évité au pouvoir un coup d'Etat qui aurait emporté Gbagbo et sa réfondation empêtré dans la fange de l'ivoirité, de l'exclusion et de la xénophobie.
En visite à Rome en Italie, au début de cette crise, il a pu regagner Abidjan sans que son avion essuie des tirs d'assaillants. La ligne de non franchissement imposée aux rebelles pour évacuer les ressortissants français bloquées dans les zones de combat empêcha une ruée des rebelles du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) sur Abidjan. Le cessez-le-feu obtenu le 17 octobre, sous le regard bienveillant de la France, l'a également sauvé après des offensives militaires infructueuses. Les performances militaires médiocres des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (baptisées FANCI) et le soutien des forces de l'Opération Licorne (elles ont freiné les avancées des rebelles) ont fait dire aux mauvaises langues que les FANCI sont devenues FAFCI (lisez Forces Armées françaises de Côte d'Ivoire).
L'attitude bien ingrate du pouvoir ivoirien vis-à-vis de la France n'a pas pour autant changé les données du terrain. Les Forces de l'Opération Licorne ont "combattu" les rebelles du MPCI sur la ligne de non franchissement pendant qu'à Abidjan, après les accords de paix de Linas Marcoussis le 24 janvier, des "Jeunes Patriotes", partisans de Laurent Gbagbo s'en sont pris violemment aux intérêts français. Les entreprises et écoles françaises ont été saccagées puis pillées. Les manifestations de rue anti françaises se sont poursuivies des jours durant sans que la France ne lève son dispositif militaire. Le pouvoir a laissé faire pour punir Paris de sa politique du "ni indifférence, ni interventionnisme". Bien que favorable au respect de la légalité constitutionnelle et à l'intégrité territoriale, la France a refusé que la Côte d'Ivoire ne devienne une Somalie bis. Une sorte d'Etat fantôme où règneraient en maîtres des factions rivales. La solution politique a été préférée à l'option militaire. De Lomé à Paris, via Accra, Paris est l'objet d'attaques acerbes de la part des exégètes de la Réfondation. Ce courage français face à une rébellion qui a séduit la communauté internationale par sa maturité, a braqué Abidjan contre tous. Le Sommet de l'Etat, avec en ligne de mire l'épouse du chef de l'Etat Simone Gbagbo, a pris la tête du combat contre la France, devenue pour les "Patriotes" ivoiriens, alliés de la rébellion.
"Que les Français s'en aillent, nous n'avons pas peur de la guerre", disait-elle.
Comme Ange-Félix Patassé hier qui se croyait invicible dans son palais, le chef de l'Etat Laurent Gbagbo et son épouse, ont développé une mentalité de cuirasse qui contraste bien avec la réalité du terrain. Fragilisé, isolé en Afrique de l'Ouest et dans le reste du monde, ils sont obligés d'admettre que les rebelles et eux mangeront désormais à la même table.
L'attitude du régime ivoirien, trop souvent belliciste flirte avec la fin de Patassé. Dans le scénario centrafricain, les mercenaires de Jean-Pierre Bemba ont pris la poudre d'escampette lors de l'entrée des rebelles. Patassé s'est réfugié au Cameroun, laissant "sa" patrie à la merci de ses adversaires.
Ce dernier soubresaut de l'histoire trop mouvementée du continent noir, rappelle que la Côte d'Ivoire n'est pas à l'abri du syndrome centrafricain.
On peut avoir tous les hélicoptères de combat, tous les missiles, tous les "Ninjas" et, se retrouver seul. Seul face à la Cour pénale internationale (CPI)

A.B.



SPORTS

Football : Championnat national (5e journée) : Asec-Stade : (1-2)
Kouadio Georges piège les Mimosas

Le Stade d'Abidjan a réussi une belle opération en battant samedi dernier, l'Asec Mimosas (2-1). Dans cette rencontre comptant pour la cinquième journée du Championnat national, les Yéyés, sans complexe, se sont rués sur la défense de l'Asec. Dès la cinquième minute, Doumbia Moussa occasionne un penalty. La sentence suprême est transformée par Largaton Mamadou. Les Partenaires (supporters du Stade) jubilent puisque leur équipe joue bien. Kouadio Georges, en fin tacticien, a réussi à museler l'axe médian Jaune et Noir. Mais peu à peu, l'Asec sort le bout du nez. Les occasions de but sont vandagées par Koivogui et Bangoura. Le Stade a l'occasion de "tuer" le match, mais Tia Olivier fait preuve de manque de lucidité.
A la quarante cinquième minute, sur un corner de N'Dri Koffi Romaric, Soro saute plus que tout le monde. Ce coup de tête rétablit la parité. La mi-temps intervient sur ce score d'un but partout.
A la reprise, contre toute attente, Aka Kouamé sort Romaric. Ce remplacement a le mérite d'affaiblir le milieu de terrain de l'Asec. Ce qui profite au Stade qui met la défense mimos à rude contribution. Finalement, les poulains de N'Dri Germain réussiront à trouver le chemin des filets grâce à un puissant tir de Ottro Gnakaby et remportent le gain de la rencontre (2 à 1).
Avec cette autre victoire, le Stade confirme sa bonne santé et se maintient dans le fauteuil du leader de la poule A. par ailleurs, le Réveil Club de Daloa a battu le Sabé de Bouna (1-0).

Koné Lassiné



Tennis : Assemblée générale élective
Me N'Goan Georges à la barre

Depuis le samedi 15 mars dernier, c'est Me N'Goan Joseph Georges qui tient les rennes du tennis ivoirien. C'est la décision qui a sanctionné l'Assemblée générale élective (AGE) de la Fédération ivoirienne de Tennis (FIT). C'était à la salle des fêtes de l'hôtel Ivoire. Sur vingt-sept clubs inscrits, vingt et un ont répondu présents. Le quorum étant atteint, la table de séance présidée par M. Taouha a enclenché le processus électoral. Après le dépouillement, c'est un véritable plébiscite que les clubs présents ont fait à Me N'Goan en portant tout leur choix sur celui qui a décidé d'écrire les nouvelles pages de la "petite balle jaune" en Côte d'Ivoire. Notons que son adversaire, M. Kouadjo Kouamé et ses partisans ont simplement brillé par leur absence. Protestant contre l'invalidation de onze clubs, le Comité directeur sortant a, par la voix de M. Jean-Claude Delafosse, demandé le report de l'AGE. Chose que vingt clubs ont refusé. La fédération étant l'émanation des clubs, le ministère a tout simplement suivi la loi de la majorité. "Nous sommes venus et nous avons constaté que tout s'est bien passé. Le quorum étant atteint, les clubs comme, le prévoient les statuts de la FIT, pouvaient élire leur président. Le ministère en prend acte", a laissé entendre Blessi de la Direction des sports. Après son élection, le nouveau président de la Fédération a remercié tous ceux qui de près ou de loin lui ont apporté leur concours. "Mes premiers mots sont ceux de remerciements à l'endroit de tous ceux qui nous ont aidés. Avec notre élection, on peut le dire sans se tromper, que c'est le renouveau du Tennis ivoirien...", a affirmé Me N'Goan Georges. Et pour un mandat de quatre ans, le nouveau président dispose de vingt et un jours pour former le Comité directeur .

K.L.



Volley-Ball : Première journée du championnat national
Eburnea et Variété démarrent en force

Le Championnat national de Volley-Ball a débuté, le samedi dernier au stade Robert Champroux de Marcory. Avec deux oppositions masculines à l'affiche. En première confrontation, les poulains du président Farhat Jawad d'Eburnéa ont défait la formation de l'INJS par trois sets à zéro (27-25-25-21-25-14). Ouraga Darius, Kipré Roland, Essoh Paul, Agrey Daniel et leurs coéquipiers ont ramené le doyen Walid et "ses enfants" de l'INJS à leurs copies.
Dans la seconde opposition, Abbès, Massa et autres de Variété Volley-Ball ont déjoué le piège de Plaisir Volley-Ball en trois sets à zéro (25-22-28-25-25-19). Une première journée jugée satisfaisante par le président de la fédération, Konnet Jeannot. Qui en appelle au sens de responsabilité de tous pour faire avancer la fédération. C'est en ce sens qu'il a procédé à l'installation des Centres de promotion du Volley-Ball féminin. C'était le mercredi dernier au Lycée Sainte-Marie de Cocody. Ce projet qui entre dans le cadre du développement du Volley-Ball, chez les filles, concerne d'abord trois écoles pilotes que sont le Lycée Sainte-Marie, le Lycée Mamie Faitai de Bingerville et le Collège Notre Dame du Plateau.
En plus de ces actions, la subvention de l'Etat est toujours attendue pour la participation des Eléphants aux éliminatoires des Jeux Africains.

Ouattara Gaoussou



Comité national olympique
Le CNO met en forme physique les femmes

"En mouvement pour des femmes plus actives et en meilleure santé". C'est avec ce slogan que la caravane de gymnastique populaire du Comité national olympique a rythmé les mouvements d'une centaine de femmes, le samedi dernier au complexe sportif de Koumassi. Pour sa troisième séance, après les étapes de Cocody et Marcory, la Commission femme et sport du CNO a axé la séance de Koumassi sur l'enjeu principal des cours de gymnastique qui est de faire de l'activité physique une partie intégrante de la vie quotidienne des femmes. Les instructrices de la séance du samedi dernier, les professeurs de gymnastique, Flore N'Goran, Béatrice Monney et Cynthia Konan n'ont cessé de rappeler les vertus thérapeutiques de leurs enseignements. Car, selon elles, "il s'agit de faire travailler tout le corps. Les bras, les jambes et toutes les composantes du corps sont mis à contribution. Tout ceci participe à une aisance physique". Mais, toute cette entreprise ne s'est pas déroulée sans difficultés. Des pratiquantes ont connu des malaises. "Ce n'était que des malaises légers provoqués par le vertige ou encore des hypoglycémies. Il faut surtout rappeler que pour éviter tout cela, il faut ne pas consommer de la nourriture au moins trois heures avant", expliquent les médecins du CNO. Le CNO élargit ainsi ses compétences en donnant des conseils aux femmes afin de préserver leur santé en participant aux activités sportives.

Adam KHALIL




 

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